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ROC ROC


fûts des colonnes, et c’étoient de véritables rinceaux que ces acanthes en or qui, selon la description de Diodore de Sicile, du milieu environ dus colonnes, s’élevoient insensiblement jusqu’aux chapiteaux, dans la décoration du char funéraire d’Alexandre. Voyez à l’article Or.

Les Anciens nous ont laissé, en fait de rinceaux, les plus parfaits modèles pour la composition, le goût et l’exécution du la sculpture.

La peinture décorative emploie aussi les rinceaux dans cette partie que les Modernes ont appelée du nom d’arabesques (voyez ce mot). Les exemples en sont trop nombreux, pour qu’il soit nécessaire d’en citer. Mais un des plus remarquables ouvrages de ce genre en mosaïque ; qui est aussi une branche de la peinture, se voit aux pilastres du grand salon de la villa Albani à Rome.

En fait d’ouvrages modernes, nous rappellerons plusieurs des montans des arabesques de Raphael, dans la galerie des Loges, au Vatican, où les rinceaux peints, entremêlés de stucs, ont été exécutés avec une perfection à laquelle nul travail de ce genre n’est arrivé depuis.

Enfin on appelle rinceaux de parterre, certains dessins par enroulement qu’on fait pour l’ornement des parterres, avec du buis et des fonds sablés. Voyez Parterre.

ROCAILLE, s. f. Dans la nature, on appelle ainsi certain assemblage de divers coquillages, mêlés avec des pierres inégales et mal polies, qu’on trouve autour des rochers.

Dans l’architecture qu’on appelle rustique, on donne aussi ce nom à une composition où l’on fait entrer des matières, soit naturelles, soit artificielles, qui semblent être un produit de la nature. Ce goût convient aux grottes que l’on pratique dans les jardins, aux fontaines auxquelles on veut donner l’apparence d’un ouvrage sans art, Il y a des matières plus propres les unes que les autres à contrefaire ces jeux de la nature. A Paris, la pierre qu’on appelle meulière, soit par sa couleur, soit par sa formation irrégulière et remplie de trous, convient assez à ces ornemens rustiques. On la brise en petits morceaux, et on y joint avec le mortier quelques éclats de marbre, de couleur, des pétrifications, des coquillages, etc.

On appelle rocailleur, l’ouvrier qui a la pratique de ce genre de travail, qui met en œuvre les rocailles, qui fait les gouttes d’eau, les congélations lapidifiques, et autres imitations dont on orne les grottes et les fontaines.

Dans le discours familier, on donne, par métaphore, le nom de rocailleux à un goût baroque, qui se plaît, en quelque genre que ce soit, à produire certaines aspérités de langage ou de style dans le discours, certains contrastes choquans de ton, de couleur et de lignes dans la peinture, certaines formes heurtées dans la sculpture, certaines combinaisons disparates et repoussantes, dans les contours ou les détails de l’architecture.

ROCHE, s. f. Se dit, dans l’art de bâtir, de la pierre la plus dure, et la moins propre à être taillée. Il y a des roches qui tiennent de la nature du caillou, et il y en a qui se débitent par écailles.

On n’emploie guère la pierre de roche que dans les fondations. Rien de mieux encore, quand on peut asseoir les fondemens d’un édifice sur la roche : aussi dit-on, pour exprimer la solidité en tout genre, bâtir sur le roc.

ROCHER, s. m. Est une espèce de synonyme de roc et de roche. Mais dans le langage ordinaire, les deux premiers mots semblant exprimer plus particulièrement la nature de la matière. Rocher se dit plus volontiers de la masse isolée d’une roche. C’est au moins sous ce rapport qu’en l’emploie ordinairement dans les ouvrages d’art.

On voit quelques constructions dans les montagnes s’élever sur des rochers isolés, ou sur des pointes de rochers qui se détachent de leur chaîne. Beaucoup de châteaux-forts, dé citadelles, furent ainsi plantés dans les temps du moyen âge. Dans les siècles antiques, on choisissoit aussi ces sortes d’emplacemens pour y établir les forteresses qui défendoient les villes, et plusieurs villes trouverent sur des rochers leur premier site. Tel fut le rocher de l’Acro-Corinthe. Athènes eut son Acropolis sur le plateau d’un rocher, où s’élèvent encore aujourd’hui les ruines de son ancien temple de Minerve, et ce rocher sert encore de citadelle à la ville moderne.

On a quelquefois pratiqué des rochers factices, pour servir de soubassement à des bâtimeus d’un tout autre genre. Tel est à Rome le Palais de Justice bâti à Monte-Citorio ; tel l’édifice auquel, s’adosse la célèbre fontaine de Trevi, dans la même ville. Un rocher de granit, à Pétersbourg, sert de piédestal à la statue équestre en bronze, de, Pierre-le-Grand.

Mais c’est particulièrement aux fontaines, que s’applique l’emploi des rochers factices : tantôt, selon le volume d’eau dont on peut disposer, on fait sortir quelque filets d’eau, de rochers adossés à un mur ou formant le fond dune grotte, d’une niche en rocailles ; tantôt on creuse un bassin irrégulier, formé de pierres de roche, et qui reçoit l’eau d’une fontaine ; tantôt, si l’on a un plus grand volume d’eau, et des inégalités de terrain, qui se prêtent à des effets plus pittoresques, on bâtit des masses de rochers, d’où l’on fait tomber une nappe d’eau. Voyez Cascade.

L’emploi le plus ingénieux et le plus connu des rochers, dans leur rapport avec les fontaines, est celui que Bernin en fit à la place Navone, en faisant de ces rochers le support d’un obélisque, et les piédestaux des quatre figures de marbre, qui