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noms divers, selon la diversité de ses usages, ou des matières auxquelles on applique son action. On dit :

Scie en passe-partout. C’est celle dont la lame est dentelée, ayant à chaque extrémité un anneau ou œil, dans lequel on met un morceau de bois rond servant de manche. On les emploie à couper certaines pierres tendres ; alors les dents ne sont pas ce qu’on appelle détournées. Ou s’en sert pour couper les grosses pièces de bois. Dans ce cas, les dents de la lame sont détournées à droite et à gauche alternativement, avec un tourne-à-gauche.

Scie sans dents. Est celle dont la lame est droite et unie dans sa monture ; elle sert à scier les marbres et les pierres dures. On favorise l’action de son frottement en versant dans ce qu’on appelle le sciage ou du grès pulvérisé, ou du sablon mêlé avec de l’eau.

Scie à scier de long et à refendre. Scie dont la lame est dentelée, ajustée, dans le milieu de sa monture, ayant un affutage ou main à chaque extrémité. Elle sert à refendre les bois de charpente et de menuiserie.

Scie de charpentier. Est une grande lame dentelée, ajustée dans sa monture, dont les charpentiers se servent pour débiter les bois de longueur, et faire les entailles pour les paumes et tenons.

Les menuisiers ont encore différentes scies, qui chacune ont leur nom, selon le genre de leur emploi. Mais cette nomenclature deviendroit par trop étrangère à la construction en général, et à ce qui est le principal objet de ce Dictionnaire.

SCIER, v. act. Couper du bois ou toute autre matière avec une scie.

SCIEUR, s. m. Nom qu’on donne à l’ouvrier qui scie. On appelle scieurs de long, ceux qui scient des poutres, pour en faire des ais, de madriers, des solives.

SCIOGRAPHIE, s. f. Il paroît qu’on devroit écrire scia, le mot venant des deux mots grecs scia, ombre, et graphein, représenter. Il signifie représentation de l’ombre ou par le moyen de l’ombre. Galiani pense qu’il faut lire dans Vitruve scenographia au lieu de sciographia, qui dans tous les cas ne seroit qu’une partie de l’orthographia.

SCIURE, s. f. Poudre qui tombe de la matière qu’on scie.

SCOTIE, s. f. C’est le nom d’une moulure dont l’architecture fait fréquemment emploi. Son nom vient du grec scotias, obscur, ténébreux, parce que cette moulure étant profondément creuse, reçoit effectivement ou produit beaucoup d’ombre dans sa cavité.

La scotie est donc une moulure concave qu’on pratique le plus ordinairement entre les tores de la base d’une colonne ; elle se termine par deux filets ou deux petits membres carrés.

On l’appelle quelquefois nacelle, membre creux et trochile, du mot grec trochilos, qui signifie une poulie.

La scotie se place surtout aux bases attiques et corinthiennes. L’usage est d’en placer deux dans la base corinthienne. On les nomme, l’une supérieure, l’autre inférieure. Cette dernière est plus grande que l’autre.

SCULPTURE, s. f. (Art de sculpter.) Cet art considéré dans les élémens d’imitation de la nature qui lui sont propres, et dans sa théorie spéciale, étant indépendant de l’architecture, sembleroit n’avoir aucun droit de trouver place dans ce Dictionnaire.

Si toutefois nous l’y faisons entrer, ce sera, comme nous avons déjà fait à l’égard de la peinture, uniquement sous les rapports que son travail et ses ouvrages ont avec l’art de bâtir. Or, j’en trouve trois principaux, dont le développement importe aux connoissances de l’architecte.

Le premier consiste dans les divers emplois que l’architecture en fait ; le second dans la valeur qu’un emploi bien entendu de la sculpture peut donner aux édifices ; le troisième rapport est celui de l’accord qui doit régner entre le style et le goût du sculpteur, et le style ou le goût du monument auquel ses ouvrages s’appliquent.

C’est à quelques notions fort générales sur ces trois points, que nous restreindrons cet article, en renvoyant aux mots Bas-relief, Buste, Ornement, Statues, etc.

Des divers emplois de la sculpture dans les édifices.

Si l’on vouloit chercher dans la nature même des choses (ce qui paroît toutefois assez inutile) quel est le principe de la liaison de la sculpture avec l’architecture, il suffiroit de considérer l’espèce de ressemblance qui existe entre les deux arts, dans l’ordre seul de la matière dont leurs travaux dépendent. En effet, les œuvres de la sculpture ne se produisent aux yeux, que par l’entremise formelle des matériaux qu’elle emploie ; et l’architecture aussi n’acquiert de consistance, qu’à l’aide des matières qu’elle met en œuvre ; si bien que, réduit à la simple idée de l’exécution mécanique, l’art de bâtir ne parvient à réaliser ses conceptions qu’en usant de la plupart des procédés et des moyens pratiques, qui lui sont communs avec l’art de sculpter.

L’art du sculpteur étant entré nécessairement, dès l’origine de l’architecture, dans l’élaboration matérielle des édifices, il fut très-naturel qu’elle se l’associât plus intimement, dès que le goût se développant