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est de nous plaire ; c’est qu’en fait de théorie d’art et de goût, il n’y a aucune notion qui ne soit contiguë à une autre, et n’en emprunte quelque chose. C’est que dans le fait, il n’y a, même en morale, aucune qualité qui ne participe de quelqu’autre, aucune vertu qui, bien qu’ayant un caractète propre, ne se trouve mêlée avec les attributs d’une autre vertu. Ainsi, force et modération, sagesse et courage, sont des vertus sort distinctes, et toutefois il n’y a pas de vraie force sans modération, point de modération sans force. Il en est de même de toutes les qualités dans les arts, et par conséquent de celles qui constituent le mérite de l’architecture. Le plaisir de l’eurythmie tient donc par quelques endroits, aux impressions que nous fait le système de la symétrie. Toutes deux captivent nos yeux et notre esprit, par un ensemble de rapports qui, bien qu’émanés d’une source différente, ne laissent pas de nous affecter d’une manière assez semblable. Il me semble, en effet, qu’on pourroit comparer la vertu de l’eurythmie et de la proportion en architecture, à celle de la mélodie et de l’harmonie en musique, qui, distinctes entr’elles par leur nature, se rapprochent souvent dans leurs effets, au point que le commun des hommes des confond, par la manière d’en jouir el de les apprécier.

Je me suis beaucoup plus étendu dans cette dissertation, sur la notion de l’eurythmie, que sur celle de la symétrie : d’abord, parce que l’idée de la première est beaucoup plus abstraite, et par conséquent moins claire que celle de la seconde ; ensuite, parce que symétrie, dans la langue de Vitruve, devant se traduire par proportion, c’est à ce dernier mot qu’il convient d’en renvoyer l’interprétation complète. Voyez PROPORTIONS.

Cependant symétrie a, an français, une acception exclusive que tout le monde connoît trop, pour que je m’y doive arrêter long-temps. J’en ai même assez dit déjà, pour qu’il me fût permis de finir, si je ne croyois devoir ajouter à la simple définition de cette idée, quelques considérations fort abrégées, sur ce qui nous sait trouver du plaisir dan l’emploi de la correspondance symétrique, qui est, en certains cas, une obligation plutôt qu’un mérite de l’architecture.

On appelle donc généralement symétrie dans cet art, et dans ses ouvrages, cette exacte parité de parties similaires, qui se répètent d’un côté comme de l’autre d’un ouvrage, d’un édifice, soit pour la dimension, soit dans la composition de la masse, soit par l’uniformité des détails.

Si l’on cherche la cause du plaisir que nous procure cette symétrie, qui divise ainsi un tout en deux parties égales et similaires, il me semble qu’on le trouvera dans ce sentiment qui nous fait admirer les œuvres de la nature, et nous invite à en transporter les lois dans les productions de nos arts. Or, il est à remarquer que la symétrie est affectée par la nature, à un tres-grand nom-


bre de choses créées, mais surtout, et je pense, sans aucune exception, à l’organisation extérieure des créatures vivantes et animées.

De là cette sorte d’instinct qui porte l’homme, dans tout ouvrage auquel il veut donner la valeur de l’unité, à lui affecter cette propriété, de laquelle dépend le caractère le plus apparent d’unité de plan, de moyens et de but. Si le corps humain, par exemple, au lieu de présenter de chaque côté la répétition identique des mêmes membres, se trouvoit inégalement pourvu de membres d’une façon à droite, et d’une autre forme à gauche, ne sembleroit-il pas qu’il y auroit plus d’un homme dans un seul homme ?

Or, il est tout aussi évident, que cet effet extérieur auroit lieu, à l’égard d’un édifice, dont les deu moitiés auroient des masses, des mesures et des détails insymétriques. Ce ne seroit plus un, ce seroit deux bâtimens.

La répétition identique des mêmes élémens et le principe de symétrie, sont tellement inhérens à la nature de l’architecture, que la plus nombreuse colonnade ne se compose, comme on sait, que d’une seule colonne répétée. Qu’on essaie, comme on en trouve des exemples chez quelques peuples, de diversifier les types et les mesures des colonnes, l’édifice va paroître un composé des morceaux de plusieurs. Le plaisir facile de l’unité aura disparu, pour être remplacé par le malaise pénible de la disparité.

Cependant on observe que la nature qui s’est assujettie à l’exacte symétrie, pour l’extérieur et l’apparence des corps, a suivi un tout autre-système, à l’égard des parties qui entrent dans l’organisation de leur intérieur, et que les yeux n’aperçoivent pas. Il en est de même en architecture ; tout ensemble dont notre œil peut embrasser la totalité, doit être soumis à la symétrie. Mais ce que nous exigeons de la façade d’un palais, ou de tout autre édifice semblable, ce seroit une sujétion puérile el ridicule, de prétendre y assujettir sans nécessité sa distribution intérieure. Trop de convenances et de besoins y sont une loi de la diversité, el s’opposent à une répétition symétrique, dont l’effet, d’ailleurs, ne sauroit plae qu’en spéculation, puisque, dans la réalité, il ne sauroit être saisi ni par l’œil, ni par l’esprit de tous ceux qui n’en connoissent, ou n’en peuvent point connoître le plan.

SYRACUSE. Ville la plus grande de l’antique Sicile, et une des plus considérables de l’antiquité, si l’on s’en rapporte aux descriptions des auteurs anciens, et surtout à celle de Cicéron. Nous allons la rapporter, ne seroit-ce que pour dédommager le lecteur de la pénurie des restes qu’une fortune ennemie semble y avoir à regret conservés.

« On vous a souvent rapporté (dit l’orateur romain) que Syracuse est la plus grands et la