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toutefois probable, que les Athéniens, auxquels est due très-certainement l’invention du drame, ou de l’action scénique régulière, auront été aussi Tes premiers à réduire le lieu de sa représentation à des formes, des distribuions et des proportions déterminées par le besoin et le plaisir. Un édifice tel que le théâtre en marbre de Bacchus, n’aura pu être conçu, projeté, exécuté que sur des données antérieures, déjà consacrées par l’usage et dictées par une longue expérience. Hesychius nous apprend que pendant long-temps on faisoit des gradins en planches pour les spectateurs. Tabulata ligna in quibus spectabant Athenis, priusquàm Dyonisii theatrum extructum esset. Ce fut donc dans ces constructions temporaires que l’art et la science de bâtir les théâtres s’essaya long-temps, et parvint à fixer l’ensemble et les rapports nécessaires des deux parties dont ils doivent se composer.

Lorsqu’on veut se rendre compte de la disposition élémentaire du théâtre grec, il ne faut pas perdre de vue ce qui donna naissance aux représentations scéniques. Le drame, originairement, ne fut qu’un chœur, qui ebantoit des dithyrambes en l’honneur de Bacchus, sans aucun autre acteur déclamant. Dans la suite on y ajouta un acteur récitant quelques aventures mythologiques, puis on lui donna un interlocuteur ; enfin le chœur, de principal qu’il avoit été, devint personnage accessoire, dans l’action dramatique, et ne joua plus que le rôle d’un acteur. La scène (ou le lieu d’une semblable action) fut donc origmairement disposée, pour recevoir un très-grand nombre de personnages chantans ; ce qui explique pourquoi et comment, même après que l’action dramatique fut devenue principale, et que le chœur n’en fut plus que l’auxiliaire, le lieu de cette action dut s’étendre en largeur, beaucoup plus qu’en profondeur. Ajoutons que la très-grande multitude des spectateurs ayant exigé un vaste emplacement en demi-cercle, meublé de gradins les uns au-dessus des autres, le diamètre de ce demi-cercle détermina nécessairement l’étendue en largeur, du local où l’action et le spectacle devoient se donner.

Ainsi la scène, ou ce qu’on appela ainsi (voyez SCÈNE), fut, non l’espace où I action avoit lieu, où les acteurs se tenoient, où le chœur chantoit, mais ce qui servoit, comme dans un tableau, de fonds à tous ces personnages ; et le local qu’aujourd’hui nous appelons scène, répondit à ce que nous nommons avant-scène, proscenium. (Voyez ce mot.) Il n’est pas douteux que dans les premiers théâtres en bois, on dut décorer par la peinture, selon la diversité des sujets qu’on représentoit, cette devanture qui faisoit face aux gradins du théâtre, c’est-à-dire aux spectateurs. Au temps d’Eschyle, un des premiers poëtes tragiques, Agatarchus, selon ce que nous apprend Vitruve, avoit peint, probablement pour une des pièces de ce poëte, une scene dans laquelle il fit montre


d’un grand savoir dans l’art de la perspective. On a déjà parlé de cet ouvrage au mot SCÈNE. Je n’y reviens ici que pour rappeler ce qui est dit à cet article, savoir, qu’avant l’érection du théâtre en matière plus solide, la devanture, ornée par les perspectives d’Agatarchus, ne fut très-probablement qu’une cloison recevant le rideau peint qui la cachoit.

Nous trouvons chez les écrivains plus d’un passage, où il est fait mention de scènes peintes. Mais nous ne rappelons ici ces notions que pour indiquer ce qui dut donner naissance à la disposition définitive, et même au goût de cette partie du théâtre antique. Sans doute, lorsque le théâtre en marbre de Bacchus à Athènes fut construit, les yeux étoient, depuis long-temps, accoutumés à voir les personnages de l’action, se détacher sur des fonds, où l’art de la peinture décorative s’étoit plu à figurer, et en toute liberté, des compositions d’architecture, auxquelles l’artiste avoit pu prodiguer, sans grande dépense, toutes les richesses de l’art. Quand il fallut satisfaire également les yeux, par une architecture réelle et en matériaux solides, l’architecte ne se trouva-til pas induit à porter dans cette partie duthéâtre, le luxe de détails et d’ornemens, que nous savons avoir été habituellement appliqué à la scène ? Il nous suffit d’avoir indiqué, ce qui aura été le principe, et de sa forme définitive, et du goût qui, jusqu’aux derniers temps de l’art, fut celui de sa décoration.

Ce que l’on nommoit proscenium, avons-nous dit, ou avant-scène étoit, dans l’ensemble du théâtre antique grec ou romain, le lieu même où se passoit l’action. Selon Vitruve, chez les Grecs, une portion des acteurs arrivoi’t jusque sur l’orchestre. C’ètoient probablement les danseurs, car le mot orchestre désigne précisément le genre de spectacle qui dépend de la danse. Cet espace avoit une étendue comprise entre le gradin inférieur de ce que nous appelons amphithéâtre, et la ligne du proscenium. Derrière la scène étoient disposées différentes salles, formant le postscenium. Elles étoient affectées aux services divers, dont le détail seroit étranger aux notions purement architecturales.

Si l’on se fait une juste idée des deux parties principales du théâtre antique, on comprend avec la plus grande clarté, qu’il consistoit en un plan semi-circulaire d’un côté, et rectangulaire de l’autre, formet ce qu’on appelle vulgairement un fer à cheval. La moitié dont on vient de parcourir la distrilution, étoit comprise dans la partie quadrangulaire, et de ce côté, pour un très-grand nombre dethéâtres adossés, comme on va le voir, à une côte ou à une pente de montagne, devoit se trouver l’entrée principale. Aussi Vitruve nues apprend-il que cette partie de l’édifice se terminoit par un portique servant à mettre les spectateurs à couvert, lorsqu’il surveoit de la pluie, et