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construit à la manière que nous avons vu avoir été celle des théâtres grecs, c’est-à-dire qu’on en pratiqua la artie circulaire et les gradins dans la cavité de montagne, où on les adossa. Il faudroit réunr ces deux restes d’antiquité pour en former un tout, la partie la mieux conservée du théâtre de Sagunte étant le théâtre, proprement dit, ou les gradins, et la scène de celui d’Orange présentant encore tous les témoignages propres à en aire retrouver l’entière disposition.

Ce seroit sans doute un fort beau sujet de recherches pour l’art, et pour l’antiquité, qu’un cueil qui embrasseroit la notice exacte de tout e qui reste de vestiges des théâtres antiques en Grèce, ou dans les pays soumis à la domination romaine, et les dessins de tous ceux de ces monumens dont les ouvrages des voyageurs contiennent déjà les plans, les vues et les descriptions.

De pareilles recherches, objet d’un long temps et d’un travail très-étendu, auroient été sans aucune proportion avec la mesure d’un article de dictionnaire. Nous bornerons donc celui-ci à cet aperçu général et abrégé, autant qu’il a été possible, des nombreuses notions qu’embrasse le sujet, renvoyant d’ailleurs à tous les articles de détail, où les diverses parties du théâtre antique trouvent leur explication. Nous allons passer de suite, et dans le même système, à l’exposé succinct des notions relatives au théâtre moderne.

DU THÉATRE CHEZ LES MODERNES.

Le goût du théâtre et l’habitude des plaisirs et des jeux de la scène, s’étoient tellement enracinés chez tous les peuples de l’antiquité, que long-temps encore après l’établissement du. christianisme, rien ne sembloit en avoir diminué le besoin et la passion. Le paganisme étoit tombé ou tomboit de toute part eu ruine, un grand nombre de temples étoient ou déserts ou ruinés, et les théâtres étoient toujours debout en continuant de rassembler la multitude. Leur destruction fut la dernière des victoires obtenues par la religion chrétienne. Les Pères de l’Eglise dûrent lutter long-temps contre le penchant, qui entraînoit encore les premiers chrétiens mal affermis dans leurs croyances, à partager des plaisirs qui étoient des fêtes publiques, et dont ils ne sentoient point les dangereuses conséquences. Mais les chefs de l’Eglise naissante y voyoient d’abord le danger d’une fréquentation avec les payens, qui étoit un objet de scandale et de chute, et puis ils ne pouvoient se dissimuler que le plus grand nombre des pièces de théâtre, remplies des souvenirs et des images des fausses divinités, n’étoient propres qu’a en perpétuer l’existence dans l’esprit des peuples. Aussi continuèrent-ils leurs attaques contre la fréquentation du théâtre, jusqu’à ce que le christianisme les eût entièrement détruits.


Il seroit difficile de fixer avec précision l’époque de l’entier abandon des spectacles payens ; mais on ne sauroit douter que cet abandon n’ait été la cause la plus active de l’état de ruine, dans lequel nous sont parvenus des monumens, qui, déchus de leur emploi, et ne pouvant plus être appliqués à aucune destination utile, dûrent devenir des espèces de carrières, dont on exploita à l’envi les matériaux.

Il ne sauroit appartenir au sujet, le seul que comporte cet article, de rechercher ce que purent être, dans le moyen âge, les inventions scéniques, quel aliment nouveau en réveilla le goût, quelle sphère nouvelle de sujets s’ouvrit aux affections publiques, ni quels lieux devinrent les théâtres des compositions, que l’esprit de ces temps offroit à une pieuse curiosité.

Nous nous hâtons d’arriver à cette époque du renouvellement de tous les beaux arts en Italie, où l’on vil renaître alors, sans aucun danger pour la religion chrétienne, et remettre en honneur tous les restes et toutes les traditions de l’antiquité profane. Le goût dramatique se réveilla, et comme dans les autres parties de la littérature, il se calqua d’abord, si l’on peut dire, plutôt qu’il ne se régla, sur les modèles de la scène grecque et latine. Dans un temps où les langues modernes n’avoient pas encore osé rivaliser avec les idiomes d’Athènes et de Rome, très-naturellement on ne dut aussi concevoir d’autres formes, pour les représentations dramatiques, que celles dont les restes des théâtres romains avoient conservé l’image. Aussi vit-on les premiers drames italiens, joués sur de vastes espaces. Tel avoit été, dans une des extrémités de la grande cour du Vatican, un grand amphithéâtre en pierres, construit par Bramante, pour la représentation des pièces italiennes, où le goût moderne préludoit au succès d’un genre de plaisir, qui devoit bientôt se répandre chez toutes les nations.

Tant que ce plaisir fut concentré dans le petit nombre des gens instruits, ou de quelques sociétés choisies, qui se plaisoient à en faire les frais, on vit renaître en Italie quelques répétitions fort exactes duthéâtre antique considéré dans sa construction, sa forme et sa disposition intérieure. Le plus notable exemple de cette imitation, et qui s’est conservé en entier jusqu’à nos jours, est celui du théâtre olympique de Vicence, bâti par Palladio, dont nous avons rendu compte fort au long à la vie de cet architecte (voyez PALLADIO) : on peut y voir avec quel scrupule il se conforma, dans ce bel ouvrage, à toutes les pratiques de l’antiquité. Long-temps il servi aux exercices dramatiques de la société olympique qui en avoit fait la dépense. Mais il n’est plus guère aujourd’hui, pour cette ville, qu’un monument précieux du talent de son célèbre citoyen, et un souvenir du goût régnant dans un siècle, où tout