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vues d’entrepreneur et d’intérêt particulier) sont ceux qui s’appliquent à la forme la plus favorable pour entendre, et à la forme la plus commode pour voir. Or, il nous paroît que ces deux objets ont entr’eux une très-grande connexion, La réunion de leur esset étant pour chaque individu spectateur, et ordinairement auditeur tout ensemble, le but désirable, c’est aussi à trouver la forme qui accorde le mieux, entr’eux, cette double action, que l’art doit tendre.

En traitant de celte question, nous ne parlerons point d’abord de la partis qu’on appelle le parterre, situé ordinairement de la manière la plus avantageuse, et plus indépendant de la sorme du plan et de celle de l’élévation. Nous entendons parler de l’autre partie, qui comprend les loges et qui forme la périphérie de la salle. Or, nous trouvons que trois formes ont été données aux intérieurs des salles : la sorme carrée, la forme ovale, la forme demi-circulaire.

La forme donnée par le plan quadrangulaire, outre qu’elle est moins belle, moins naturellement applicable à la destination du local, a l’inconvénient de mettre le plus grand nombre des spectateurs, c’est-à-dire ceux qui occupent les deux parties latérales des loges, dans une position fausse, qui les oblige de regarder de côté. L’acteur étant en général le point auquel tendent les regards, ceux qui seront placés tout près de l’avant-scène verront à peu près en droite ligne, mais à mesure que dans chaque côté de cette sorme, les loges s’éloigneront de ce point central de l’attention, on comprend, sans qu’il soit besoin d’une démonstration linéaire, que l’angle visuel deviendra de plus en plus aigu, et dès-lors occasionnera une position pénible pour la tête du spectateur. Ajoutons que cette forme n’a rien qui soit favorable à l’audition ou ù la propagation des sons.

La forme d’un ovale tronqué ofsre à peu près les mêmes inconvéniens dans ses parties latérales, que la forme carrée. Elle a de même celui de placer beaucoup de spectateurs éloignés du point de centre de la scène. Elle a de plus le désavantage, qu’à mesure que les loges s’approchent du lieu de la scène, les siéges de ces loges se trouveront placés de manière, que l’on tournera plus ou moins le dos à l’acteur et nu spectacle. La forme de fer à cheval tient, pour ces désavantages, le milieu entre le carré el l’ovale. Elle peut convenir là où le terrain sur lequel il faut construire, aura plus de longueur que de largeur, parce qu’elle donne le moyen de multiplier les loges.

Mais il paroît que lorsque le terrain et l’emplacement, permettent le choix de la forme à donner aux salles de spectacle, la mieux appropriée à leur destination, la plus simple, et dès-lors la plus belle, sera la forme du demi-cercle. C’est celle qui établit entre tous les points où les spectateurs sont placés, le plus d’égalité de distance,


celle où les spectateurs des loges plus voisines de la scène, gênent le moins ceux des loges qui viennent après, celle d’où chacun peut voir librement, non-seulement ce qui se passe sur l’avantscène, mais encore ce qui se passe au fond, celle où le son est reçu plus également, celle enfin dont l’uniformité prête à la décoration la plus régulière. On peut assimiler à cette sorme celle du demi-cercle elliptique, qui sans doute auroit l’avantage, en évasant beaucoup la circonférence, de rapprocher encore plus le spectateur et l’auditeur, du lieu précis de la scène et de l’acteur. Cependant, en considérant le besoin de lier convenablement dans leur élévation respective, l’avant-scène à la salle, on ne sauroit disconvenir, que le demi-cercle elliptique produit une largeur considérable, qui rend d’un ajustement fort difficile le plafond destiné à réunir ces deux parties. Le théâtre antique étant découvert, n’avoit point cette difficulté, et Palladio copiant, mais en petit, dans un plan elliptique, le théâtre des Anciens, put encore facilement le couvrir. Aujourd’hui le besoin de couverture et de plafond ossre à l’architecte le besoin de rétrécir, autant qu’il est possible, l’ouverture de la scène, ce qui peut engager, lorsque l’on emploie la forme demi-circulaire, pour la salle, à lui donner au-delà du demi-cercle, c’est-à-dire une partie quelconque de l’autre moitié du cercle. L’artiste peut encore trouver dans le génie de la décoration, plus d’un moyen de lier la disposition de la salle, avec celle de l’avant-scène, et de façon à sauver le mauvais effet d’une plate-bande par trop prolongée.

L’article des convenances, en fait de salles de spectacle, comprendroit, si on vouloit épuiser ce sujet, la matière d’un très-long ouvrage, mais seroit aussi l’objet des plus nombreuses critiques, tant il y a de nuances et de degrés, dans ce qu’on appelle convenance en ce genre, tant les goûts de chaque peuple, les usages souvent contraires et les modes presque toujours bizarres, ont introduit d’habitudes que rien ne peut ni corriger ni détruire.

S’il s’agit, par exemple, de cette région qu’on nomme le parterre, la convenance sembleroit prescrire de ranger ce qu’on appelle en amphithéâtre, c’est-à-dire par degrés de sièges en hauteur les uns sur les autres, cette portion des spectateurs que l’usage place à l’unisson, les uns derrière les autres, de manière à se cacher réciproquement la vue de la scène. Déjà, il est vrai, l’exemple en est donné à quelque théâtre ; mais comme, selon certains calculs d intérêt, cette disposition retrancheroit quelques loges dans la région inférieure de la salle, il est douteux que cette convenance devienne une règle générale.

On devroit, ce nous semble, regarder comme une convenance impérieuse, de ne point faire empiéter ce que nous appelons l’avant-scène, autrement dit le lieu où l’acteur récite, dans le