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qui est du ressort du théâtre. Mais dans le langage de t’art et des monumens, théâtral signifie ce qui rappelle l’idée de théâtre, c’est-à-dire l’aspect d’objets, qui figurent et se développent les uns au-dessus des autres, comme le font les rangées de degrés du théâtre antique.

L’emploi abusif, en français, quant à l’étymologie, du mot amphithéâtre, qui veut dire double théâtre, pour exprimer la montée de gradins d’un seul théâtre, est cause que l’on use volontiers du mot amphithéâtre, dans les comparaisons que l’on en fait avec certaines sites, certaines dispositions de villes, certaines compositions d’édifices, dont les parties, les détails ou les masses se présentent au spectateur, comme les degrés d’une montée. Ainsi on dit qu’une ville est bâtie en amphithéâtre, qu’un jardin a un aspect d’amphithéâtre. Ces locutions ne signisient rien autre chose, que ce qu’exprime l’idée de théâtral.

Les Italiens, chez lesquels la connoissance plus particulière du theâtre et de l’amphithéâtre, c’est-à-dire la distinction des formes propres à l’un et à l’autre, dut résulter des restes nombreux d’antiquité que leur pays possède, donnent non-seulement le nom de théâtral, mais encore celui de théâtre, à tout ensemble de masses, d’édifices ou de plans sur-imposés en retraite les uns au-dessus des autres. Les pays de montagnes, si féconds en sites de ce genre, fournissent de fréquentes applications de ces mots, et de l’image qu’ils expriment. La nature théâtrale de ces sites, a pour ainsi dire, et sans le secours d’aucun art, imprimé le même caractère aux ouvrages que le seul besoin y multiplie, et aux édifices qui, souvent pour s’y élever, nécessitent des terrasses, des rampes, des pentes douces. Rien de plusthéâtral que la ville de Gênes, dès son origine, ainsi que beaucoup d’autres, avant que l’architecture, profitant des ressources et des indications du terrain, s’étudiât à tirer d’heureux partis de ces situations.

Ce fut d’après de semblables inspirations, en Italie, que furent construits par la suite, et dans le genre le plus théâtral, certains palais ou châteaux de ville et de campagne, dont il sussit de citer les noms, pour faire connoître ce que l’art a produit de plus remarquable en ce genre. Tel est, par exemple, le château de Caprarola. Tel est ce qu’on appelle à Tivoli la villa d’Est. Tels sont un grand nombre de palais de la ville de Gênes, qui semblent être des décorations de théâtre.

Si l’on vouloit citer l’antiquité elle-même, il faudroit faire mention du célèbre temple de Palestrina (l’ancienne Praeneste), dont les ruines encore existantes, et disposées par étages, dévoient produire l’effet le plus théâtral.

Nous pouvons citer près de Paris, le château de Saint-Germain-en-Laie. On trouve encore à Versailles, quand on est au bas de l’Orangerie, quelque chose de vraiment théâtral, dans l’aspect


que produit cette belle masse de bâtiment, couronnée par celle du château.

THÈBES. Ancienne capitale de l’antique Egypte, avant que le siège du gouvernement ait été transporté à Memphis, qui passe des-lors pour être plus récente, et dont il ne reste toutefois aucuns vestiges, tandis que de nombreuses ruines et d’énormes restes de constructions subsistent encore au milieu de la vaste plaine qu’occupa Thèbes, sur les deux rives du Nil, où elle a été remplacée par de pauvres et nombreux villages. Là, sans doute, est la cause la plus probable de la destinée si disférente de ces deux villes. Deux grandes capitales, l’ancienne et la moderne Alexandrie, dans le cours de deux mille ans, en s’enrichissant de tous les matériaux de Memphis, sont parvenues à en esfacer la trace. Mais que purent faire pendant cette longue période, pour la destruction de Thèbes, de chétiss villages, dont toutes les forces n’auroient pas réussi à ébranler une seule de ses colonnes ? Ces monumens dépouillés sans doute par les Romains, de tout ce qui put entrer dans les besoins de leur cupide magnificence, restèrent, au milieu des sauvages habitans de ces contrées, comme des espèces d’antres et de rochers, qui n’eurent à se défendre que contre l’action lente du temps, et d’un climat peu destructeur.

Le premier objet qui srappa dans ce vaste champ de ruines, les auteurs de la description de l’Egypte, fut un cirque ou hippodrome dont l’aire est devenue aujourd’hui un champ en culture. A l’extrémité de son enceinte, on aperçoit les restes d’un petit temple tombé en ruine, en avant duquel est une porte, dont les grandes dimensions paroîtroient convenir à un édifice plus considérable.

A l’extrémité nord de l’hippodrome on trouve les ruines de Médynet-Abou. Elles s’élèvent majestueusement sur une butte factice, et sont entourées d’une enceinte construite partie en pierre, et partie en briques crues. Un petit temple se montre d’abord au pied des décombres. Mais les yeux sont bientôt attirés par les ruines d’un édifice, qu’on juge avoir dû être un palais de souverain. En effet, ses deux étages, et ses fenêtres carrées, et ses murs couronnés d’espèces de créneaux, annoncent un édifice différent de ceux qui étoient consacrés au culte. Vers le nord s’élèvent des propylées au-devant d’un temple, qui porte l’empreinte d’une grande vétusté. On remarque surtout les monumens situés plus loin, vers l’ouest. Un pylône très-élevé conduit dans une grande cour presque carrée, dont les galeries septentrionale et méridionale, sont formées de colonnes et de gros piliers carrés, auxquels sont adossées des statues colossales. Un second pylône termine cette première cour, et conduit à un très-beau péristyle, dont les galeries latérales sont formées de colonnes, et dont le fond est terminé par un double rang de galeries, que supportent des colonnes et des piliers