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visions les plus amies entr’elles, les plus conformes à la faculté visuelle, les détails d’ornemens, sur lesquels se sont accordés les artistes les plus accrédites. De ce concert soit d’ouvrages, soit d’observations sur les ouvrages, soit d’approbations successives données aux uns et aux autres, seront nées les règles, qui, dans l’antiquité même, parvinrent à fixer l’art, à réduire en système tous ses procédés. Ces règles, et les préceptes qui en dérivent, ont été la matière de toutes les théories didactiques des Modernes, et de l’enseignement journalier des écoles.

Cependant il est facile de voir, qu’au-dessus de cette théorie il doit y avoir un degré d’enseignement supérieur, une critique d’une nature beaucoup plus subtile. C’est, non celle qui donne les règles, mais celle qui remonte aux sources d’où les règles émanent. C’est, non celle qui rédige les lois, mais celle qui en scrute et en pénètre l’esprit. C’est, non celle qui puise ses principes dans les ouvrages, mais celle qui donne pour principes aux ouvrages, les lois même de notre nature, les causes des impressions que nous éprouvons, les ressorts par lesquels l’art nous touche, nous émeut et nous plaît. Cette théoriedéveloppe les raisons qui servent do base aux règles. Elle reconnoît certaines beautés comme applicables à toutes les architectures ; mais loin d’établir l’égalité entr’elles, ainsi que quelques esprits voudroient se le persuader, elle nous conduit à reconnoître, qu’une seule mérite le nom d’art. C’est celle qui satisfaisant à tous les besoins, et remplissant toutes les conditions d’utilité, prête au génie les plus nombreuses ressources, parce qu’elle fut le produit d’un modèle primitif, qui réunit à la fois le simple et le composé, l’unité et la variété ; parce que seule elle parvint à s’approprier un véritable système imitatis, lequel consiste, beaucoup moins qu’on ne pense, dans la transposition en pierre, des formes de la charpente, et du bois long-temps employé par la construction, mais dans l’assimilation, que d’heureuses combinaisons parvinrent à faire des lois de proportions données par les œuvres de la nature, aux ouvrages de la main des hommes.

Ces trois degrés de théorie ont sait le sujet d’un si grand nombre d’articles de ce Dictionnaire, que nous ne saurions placer ici les renvois aux mots où ils sont traités. Nous osons nous flatter à l’égard du dernier genre de théorie, qu’on n’en trouveroit, nulle part ailleurs, ni autant de développemens, ni d’aussi complets.

THERMES, s. m. pl. , en latin thermœ, du grec θερμαι étuves, bains chauds.

Ici, comme en beaucoup d’autres cas, l’édifice prit et retint le nom de l’usage auquel il servoit, et ici encore il arriva, que beaucoup d’autres emplois se trouvant ajoutés au premier emploi, le nom une fois donné à l’édifice, n’exprima plus


qu’une seule partie de sa destination. Ainsi comme on l’a déjà dit au mot BAIN, le bâtiment qui sembloit, dans son acception simple, ne signifier que bains chauds, non-seulement étoit destiné aussi aux bains froids, mais rensermoit encore une multitude d’autres emplois, qui faisoient de ces lieux, une sorte de point de réunion d’un grand nombre d’établissemens d’utilité et de plaisir, lesquels avoient aussi ailleurs des locaux séparés, et des noms particuliers, tels que Palestres, Gymnases, Sphœristères, Exèdres, Xistes, Ephébées, etc. Chacun de ces édifices trouvant dans ce Dictionnaire des articles qui en font connoître l’ensemble et les détails, nous n’alongerons point de nouvelles notions sur leur compte, le présent article.

Au mot BAIN (voyez ce mot), nous avons traité, avec une très-grande étendue, de tout ce qui, soit dans les bains ordinaires, soit dans les thermes, ou établissemens de bains publics, avoit rapport à leur principal usage, ainsi que des différentes pièces appropriées à toutes les pratiques que le régime sanitaire, ou les besoins du climat, avoient rendues nécessaires. Nous avons parcouru tous les moyens employés pour l’arrivée, la distribution des eaux, les procédés mis en œuvre, pour en tempérer l’influence, au gré de chacun. Nous aidant à cet égard des monumens de l’antiquité, comme des renseignemens des écrivains modernes, nous avons pris soin de renfermer dans cet article, tout ce qui nous a paru le plus détaillé, et le mieux constaté en ce genre, sur ce qui regarde les bains publics des Anciens, considérés sons le point de vue des usages qui avoient fait élever d’aussi grandes constructions. Si nous nous sommes permis quelques descriptions de certaines de leurs parties, c’est que beaucoup de ces usages dépendent tellement de leur localité, qu’on ne sauroit les faire connoître sans y joindre les indications des lieux mêmes, Du reste, nous terminâmes l’article des bains antiques, en renvoyant au mot THERMES, les notions plus particulièrement propres de l’architecture, et qui font prendre une idée de l’importance, et de la magnificence que les Romains donnèrent à ces monumens.

Si on en croit les relations des voyageurs, et les restes nombreux de constructions, qu’on désigne par le nom de thermes, et qui en ossrent des caractères apparens, les Romains, partout où leur domination s’étendit, auroient singulièrement multiplié cette espèce de monument. Des recherches exactes à cet égard deviendroient la matière d’un très-grand ouvrage, et serviroient assez peu à remplir l’objet que nous nous proposons ici, savoir, de donner une idée abrégée de ces entreprises de l’art de bâtir, et de l’immense étendue à laquelle le luxe de Rome les porta.

Ce luxe paroît avoir daté du règne des empereurs. Victor et Rufus comptèrent jusqu’à 800