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le mérite. Il fut découvert en 1775, dans le terrain qu’on croit avoir été occupé par la ville antique d’Ostia. Sa conque ou sa cuvette est soutenue par trois montans quadrangulaires, qui se terminent dans le bas en patte de lion. Le haut de la cuve est formé par un bourrelet découpé en feuilles de laurier. Au-dessous règne une petite frise où l’on a sculpté, dans un ordre alternatif, deux dauphins avec une coquille, et deux grissons ailés avec un pot à seu. Le culot de la cuvette est en cannelure saillante. Chacun des montans dont on a parlé, est orné, dans sa hauteur, d’une tigette en fleurs et en feuilles, et le compartiment supérieur est rempli par un bucrane. Entre les trois montàns, règne un tronc qui aboutitau milieu de la cuvette et finit par le bas, en manière de culot renversé. Rien de plus ingénieusement compliqué, que l’ajustement de tous les objets qui remplissent le vide des trois montans, et qui nous apprennent que le trépied étoit consacré à Apollon. Vers le bas, ces montans sont réunis par une traverse, qui va de l’un à l’autre C’est de cette traverse, que partent avec beaucoup de goût, des branches d’acanthe qui figurent une lyre, à laquelle on voit suspendue ’un côté le carquois du dieu. Un serpent mêlé à cette composition, et dont la queue sort du tronc dont on a parlé, lorsque sa tête s élève vers le sommet, complète l’ensemble des symboles d’Apollon. On ne sauroit trop faire remarquer, après la belle exécution de tous ces objets, la difficulté que dut occasionner un pareil travail en marbre, travail qu’on croiroit avoir dû appartenir plutôt aux ouvrages métalliques.

Les Anciens employèrent souvent le trépied comme ornement symbolique en bas-relief, dans la décoration des temples, et ils les placèrent encore en toute réalité, et de métal, sur plusieurs parties des édifices. Ainsi lisons-nous dans Pausanias (l. 5. ch. 10), qu’aux deux acrotères latéraux du fronton du temple de Jupiter a Olympie, on avoit placé deux trépieds dorés, Le mot grec. lebes, dont l’auteur se sert, signifie proprement chaudière, bassin. Mais cela même étant ce qui constitue particulièrement pour l’usage, ce qu’on appelle trépied, nous croyons que surtout, pour la place qu’ils occupoient, d’un côté et de l’autre u fronton, ces bassins devoient être élevés sur quelque support.

Rien ne fut aussi multiplié chez les Grecs, que l’usage des trépieds. Les citations qu’on pourroit faire à cet égard, sont innombrables. Un des emplois les plus rinaires de cet objet à Athènes étoit a’être donné en prix à ceux qui avoient dirigé les concours choragiques. Aussi y avoit-il dans cette ville une rue qui s’appeloit la rue des trépieds. C’étoit là que se trouvo ent érigés les monumens de ces petites victoires. Ils consistoient en un édifice surmonté du trépied donné en prix à la tribu qui, dans la composition et l’exécution des chœurs,


avoit obtenu les suffrages. Le monument aujourd’hui subsistant, qu’on appelle vulgairement la lanterne de Démosthène fut érigé par Lysistrate, en l’honneur de sa victoire ; et l’on voit encore au sommet de l’ornement dont il est couronné, les trous qui avoient servi à sceller le trépied de bronze qui fut le prix du vainqueur.

Le goût de plus en plus répandu de l’antiquité, depuis quelques années, a fait de nos jours transporter dans un grand nombre de meubles usuels, la forme des trépieds. On l’applique non-seulement à des tables appelées guéridons, mais encore à certains ustensiles domestiques qui, pour l’usage que tout le monde sait, se composent d’une cuvette portée sur trois montans, et d’un plateau intermédiaire, sur lequel on pose les vases et autres objets de toilette.

Il se fait de ces trépieds en bois précieux, quelfois revêtus d’ornemens de bronze doré. Il s’en fait aussi en bronze. Ce genre de meuble entre volontiers dans les travaux de l’ébénisterie.

TRÉSOR, s. m. Sous le rapport de l’architecture le mot trésor désigne un local, un bâtiment destiné à la garde des deniers publics, et à mettre en réserve un assez grand nombre d’objets précieux, soit comme métaux, soit comme ouvrages rares, et qu’on désire mettre en sûreté.

Nous trouvons les plus anciennes mentions de bâtimens construits en Grèce pour servir de trésors, ou de dépôts, aux richesses des princes. Agamède et Trophonius avoient bâti pour Hyrieus, à Orchomène, un trésor, dans la construction duquel ils avoient pratiqué un secret dont eux seuls avoient connoissance. (Voy Paus. l. 9. ch. 37.) Hyrieusa s’apercevant que son argent disparoissoit, y dressa un piège où Trophonius fut pris. Un autre édifice du même genre, mais beaucoup plus célèbre, fut dans la même ville d’Orchomène, le trésorde Mynias, que Pausanias vante comme une des merveilles de la Grèce, ouvrage, dit-il (voy. ibid.), aussi magnifique qu’il y en ait dans tout le reste du Monde. Ailleurs, le même écrivain (l. 9. ch. 36) s’étonne de ce que les Grecs avoient toujours plus admiré les merveilles étrangères, que œlles de leur propre pays, puisque (ajontet-il) leurs plus célèbres historiens ont décrit les pyramides d’Egypte, avec la dernière exactitude, et qu’ils n’ont rien dit du trésor royal de Mynias, ni des mu s de Tirinthe, qui n’étoient pas moins admirables que ces pyramides. Ce trésor ètot bâti tout en marbre. C’étoit une rotonde dont la voûte se terminoit en pointe, et avoit à son sommet une pierre sormant la clef de toute la construction. C’est par erreur que quelques voyageurs ont donné le nom de trésor, à un édifice circulaire ainsi construit en forme de tholus, qui subsiste encore aujourd’hui dans cette ville. Ce monument, dont quelques dessinateurs nous ont transmis la forme et les mesures, est trop inférieur