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nom d’un vase oblong circulaire et ayant un assez large orifice.

Dans le langage de la poésie, on donne des urnes aux fleuves, aux nymphes, aux naiades. L’urne devient alors le symbole de l’eau et de ces amas d’eau que l’on appelle de différens noms.

Dans le langage de l’archéologie l’urne est ou un symbole sépulcral, ou le dépôt des cendres d’un mort : cette dernière destination des urnes fut la plus générale et la plus multipliée. Il en est qui prétendent que ce mot, qui est urna en latin, dérive du verbe urere, brûler.

On a beaucoup trop généralement cru qu’un grand nombre du vases, qu’on découvre dans les sépultures de l’Etrurie, de la Grande-Grèce et de la Grèce, avoient été des urnes sépulcrales ; nous voulons parler de ces vases peints, qu’on appelle abusivement étrusques. Il est bien démontré aujourd’hui qu’ils n’eurent jamais la destination de recevoir des cendres, puisqu’on les trouve toujours accompagnant les corps morts avec lesquels (n’importe pour quelle raison) ils avoient été ensevelis. Si quelques-uns de ces vases trouvés par les Romains, dans d’anciennes sépultures grecques, dont le hasard leur offrit la découverte, ont pu, comme plus d’une autorité le prouve, être appliqués par eux à renfermer des cendres, ces faits isolés, loin de prouver qu’ils auroient servi précédemment au même usage, porteroient, par plus d’un motif, à croire le contraire. Au reste, le nombre immense de ces vases aujourd’hui si bien connus, dépose absolument contre cette opinion. On sait qu’ils sont tous de terre cuite peinte, el ils offrent une si grande diversité de formes, de volume et de dimension, que de beaucoup le plus grand nombre n’auroit pu servir à l’usage présumé. Enfin, il est certain qu’ils surent usités dans les temps et dans les pays où la crémation des corps n’avoit pas lieu.

La combustion et l’inhumation ayant existé chez les Romains aux mêmes époques, on trouve comme ayant été pratiqués tout ensemble l’usage des sarcophages, et celui des urnes cinéraires en marbre, dans les mêmes hypogées et les mêmes columbaria.

On peut affirmer avec quelque certitude, que le marbre fut généralement la matière des urnes cinéraires ou sépulcrales. Le nombre en est très-grand dans toutes les collections d’antiquités que chacun est le maître de consulter. Rien ne seroit plus inutile ici que la description des variétés qui s’y rencontrent. On les voit pour la plupart fermées par un couvercle. Les hypogées dont Pietro Santi Bartols nous a représenté les intérieurs, ont plusieurs rangs l’un au-dessus de l’autre, de petites niches formant un demi-cercle et une petite voûte hémisphérique. Les urnes sépulcrales occupent deux par deux ce petit espace. Elles sont renfoncées dans le massif que terminent ces petites niches, et il ne sort de ce massif que le couvercle


de chaque urne. Au-dessus de chacune de ces rangées sout des cartels à oreilles, qui portent les noms des personnages dont les cendres sont renfermées dans les urnes.

On voit ailleurs l’urne principale du chef de la famille occupant la niche du milieu, qui est ornée de pilastres portant un fronton. Cette urne étoit quelquefois d’un marbre précieux. Telle est la grande et belle urne d’albâtre trouvée dans le tombeau d’Auguste, qu’on croit avoir été celle de cet empereur, et qui orne aujourd’hui le Muséum du Vatican. Presque toutes ces urnes cinéraires sont de marbre, sont lisses, sans sculpture, et sans inscriptions, à la réserve de quelques-unes où on lit les deux lettres D. M. c’est-à-dire Diis Manibus, aux Dieux Manes.

Plus d’une matière servit toutefois à faire les urnes cinéraires. Dans le midi de la France, on trouve assez fréquemment des vases en verre d’une assez grande capacité, en forme d’urnes cinéraires, et qu’on présume avoir jadis renfermé des cendres.

Il paroît d’après les notions de l’histoire qu’on fit de ces urnes en or. Il en existe dans les recueils d’antiquité qui sont ne bronze. Enfin, sur ce point comme sur tous les autres, il y avoit des degrés proportionnés à toutes les fortunes, et l’on rencontre un assez grand nombre d’urnes cinéraires en terre cuite où le nom du potier est écrit soit sur l’anse, soit sur le fond.

L’urne funéraire entre encore dans les usages de la décoration moderne. On citeroit un nombre infini de mausolées où l’on a représenté des urnes de ce genre, tantôt isolées sur des cippes ou des colonnes, tantôt accompagnées de figures qui les portent, qui les enveloppent, ou qui paroissent les arroser de leurs larmes. L’urne, dans toutes ces compositions, n’est qu’un signe de convention, que souvent les artistes entendent assez mal pour en joindre la forme et l’idée, à l’idée et à la forme de sarcophage : ce qui est un double emploi évident, dans lequel un des deux objets doit nécessairement exclure l’autre. Là où la combustion des corps ne sauroit être d’usage, l’emploi d une urne dans les monumens funéraires, ne doit plus la faire considérer que comme un symbole auquel, vu le grand emploi qui fut sait autrefois de l’objet en réalité, on est convenu d’attacher toujours l’idée de funérailles et de mort.

USTRINUM. C’est le nom que les Romains donnoient à un lieu où l’on brûloit les corps morts.

Il paroît qu’il y en avoit de deux sortes, les uns destinés à l’usage de la combustion pour le public ; les autres, particuliers, faisant partie de quelque grand tombeau, et servant uniquement, autant qu’il est permis de le présumer, à brûler les morts qui avoient sait partie de la famille du maître de ce tombeau. Or, ce qu’on appeloit à Rome famille, comprenoit, à l’égard d’un grand