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VER VER


« Anciens, sous le nom de verre émaillé, et sans le secours de verres teints. L’absence de ce moyen et celle du verre purpurin, firent que ces tableaux parurent inférieurs à ceux des Anciens, sous le rapport de la beauté des couleurs.
« M. Pâris a fait voir, en 1823 et 1824, quelques peintures du même genre, exécutées par le concours des deux procédés, des verres peints et des verres teints. L’un de ces vilraux est à la Sorbonne, où il produit assez d’effet. Les rouges teints ne sont pas dus au cuivre, mais à du cristal coloré par de l’oxyde d’or, seul exemple de ce genre de coloration que l’on puisse encore citer.
« M. Le Clair a produit, dès le commencement de 1826, quelques peintures sur verre, faites par le second procédé, ou des verres émaillés. Ces essais parurent assez satisfaisans.
« Ces peintures pourroient manquer de belles couleurs, du prestige des oppositions, et de celui du placement ; mais on peut assurer que le talent dont M. Mortelègue a donné des preuves ; dans la fabrication des couleurs de porcelaine, lui eût fait porter cet art à la perfection, si cet artiste français eût été chargé de quelques commandes, qui eussent pu l’engager à s’y adonner.
« J’ai désiré que la Manufacture royale de Sèvres, qui la première avoit donné, en 1802, des preuves qu’on pouvoit peindre sur vitres, quand on le voudroit, ne restât pas en arrière. J’ai donc, en 1823, encouragé M. Pierre Robert, peintre, à s’en occuper. Je lui ai donné, pour cela, tous les secours et les moyens qui dépendoient de moi ; néanmoins, n’ayant aucune commande à exécuter, nous n’avons pu former à Sèvrer, à cette époque, aucun atelier, aucun établissement en grand, et nous avons dû nous borner à produire des échantillons, pour faire voir aux savons, aux artistes, aux amateurs, ce qu’on pouvoit déjà faire, et par conséquent ce qu’on pourroit encore faire.
« M. Robert a exécuté successivement, en 1823, en 1824 et en 1825, des vitraux peints par les deux procédés, c’est-à-dire, en employant des verres teints et peints concurrement, ou en se passant entièrement des premiers. Il n’a pu employer en verres teints que ceux que lui fournissoient les verreries, et par conséquent, il a dû chercher à remplacer par des mélanges et des superpositions ingénieuses de couleurs, le verre purpurin, qu aucune verrerie ne fournissoit alors. On voit, par les pièces de 1823, de 1824 et de 1825, comment il a successivement amélioré ses couleurs et ses teintes, et comment il est parvenu, dans le grand panneau de la Sainte-Chapelle à suppléer presqu’entièrement le verre purpurin au moyen des vouées tirés de l’or.
« Les progrès résultant d’une pratique aussi peu active, que l’exécution de cinq à six petites vitres, sont cependant sort remarquables. M. Robert présenta, en 1825, un bouquet quet peint sur vitre, avec ses couleurs et sous la direction de M. Schilt. Ce bouquet est d’autant plus remarquable, que je ne connois aucune peinture de ce genre dans les vitraux anciens, qu’il est bien sous tous les rapports, et que ce pourroit être un genre de décoration très-convenable pour des monumens religieux, ainsi nue pour des maisons ou des châteaux.
« Enfin, comme on parloit toujours des procédés des Anciens, qui étoient perdus, qu’on disoit que les vitraux modernes en différoient beaucoup, j’ai voulu prouver l’erreur de cette opinion, en faisant copier exactement par M. Robert, une grande partie d’une fenêtre de la Sainte-Chapelle. Cette copie, faite presqu’à s’y tromper, est exposée, depuis 1826, dans la collection de Sèvres.
« Ces publications successives, ces essais, mis sous les yeux du public et des artistes à Sèvres, et dans les expositions publiques de la Manufacture, au jour de l’an, ne servirent à rien ; ils ne détruisirent pas l’opinion enracinée que l’art de peindre sur verre étoit perdu, et n’empêchèrent pas de croire qu’il venoit d’être retrouvé en Angleterre. Ainsi, l’ignorance trop générale où l’on étoit de l’état de cet art en France, et le desir très-louable de nous en faire jouir, en l’y important, engagèrent à aller, en 1826, chercher des artistes anglais pour transporter à Paris un art que l’on y possédoit depuis 1802, et dont on avoit vu successivement des produits en 1809, 1811, 1823, 1824 et 1825. Mais ces produits avoient été présentés sous de petites dimensions, parce qu’on ne fait pas sans commande des panneaux de croisées très-dispendieux, et qui n’ont de place que dans les édifices pour lesquels ils ont été commandés. On vit donc en septembre 1826 un grand tableau représentant le mariage de la Vierge, pour la chapelle de la Vierge de Saint-Etience-du-Mont ; et enfin, on fit venir, pour d’autres croisées, trois autres tableaux entièrement faits en Angleterre.
« Ces tableaux ont été faits sous la direction de M. le comte de Noé ; ils sont exécutés par les procédés de la seconde classe, c’est-à-dire par celui des verres blancs peints avec des couleurs vitrifiables cuites à la moufle. Ils offrent déjà, sous le rapport des couleurs et des carnations, des résultats de beaucoup supérieurs à ceux des Anciens ; mais, à l’exception de leur dimension, ils ne présentent