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tout te reste de sa vie, il chercha beaucoup plutôt à mériter qu’à obtenir les bienfaits de la capricieuse déesse. Il avoit contracté de très-bonne heure une manière d’apprendre et de faire, qui souvent a fait juger désavantageusement des hommes les plus habiles. Lorsqu’il avoit à commencer un ouvrage, il ne se mettoit d’abord ni à dessiner, ni à peindre. Il demeuroit long-temps à méditer sur ce qu’il devoit exécuter. De là on auroit pu croire qu’il y avoit chez lui ou difficulté de compréhension, ou stérilité d’idées, ou irrésolution entre le bien et le mal. Mais on prenoit ensuite une tout autre idée de l’auteur, en voyant ses productions. Dès qu’il avoit commencé un tableau, il demeuroit tellement attaché au travail, que de lui-même il ne l’auroit jamais quitté, ni pour prendre ses repas, ni pour toute autre affaire, si un ne l’en avoit tiré comme par force. Cette conduite fut habituelle chez lui, el il l’a tenue toute sa vie.

Nous tenons la plupart de ces observations du judicieux de Piles, qui fut son contemporain, et a’étoit procuré les plus exacts renseignemens sur les artistes dont il a parlé dans ses Entretiens sur les vies et les ouvrages des Peintres.

Comme Dominiquin apportoit autant de considération dans l’exécution de ses ouvrages, qu’il avoit mis de préméditation dans leur composition, ses adversaires appeloient cela lenteur d’esprit. Ils disoient que ses ouvrages étoient faits avec peine, et comme labourés à la charrue, le comparant à un bœuf. C’étoit le nom qu’on lui donnoit. Mais Annibal Carrache disoit que ce bœuf laboureroit le champ qu’il rendroit fertile, et qu’un jour il nourriroit la peinture.

Il n appartient pas à l’objet qui est le principal de ce Dictionnaire, que nous entrions dans le détail, la description ou la critique des grands et remarquables ouvrages qui ont placé Dominiquin à la tête des plus célèbres peintres du dixseptième siècle ; nous ferions un article trop étendu, et hors de mesure avec les bornes qui nous sont prescrites. Mais Dominiquin, comme tous les maîtres de son époque, avoit réuni les conooissances et la pratique des autres arts du dessin. Nous lisons même dans la notice de ses différens ouvrages par Félibien, que, chargé de la construction d’un tombeau pour le cardinal Agucchi, à S. Pietro in Vincoli, il donna la composition de ce mausolée, où il fit le portrait du cardinal, qu’on voit peint dans une ovale entre deux sphiuxs de marbre, et où il sculpta lui-même en marbre plusieurs parties d’ornemens qui embellissent cette sépulture

Félibien nous dit encore que pour s’instruire à fond de l’architecture, Dominiquin s’appliqua à la lecture de Vitruve, que cette étude lui avoit méme inspiré le désir de pénétrer dans la connaissance de la musique des Anciens, et qu’il consacra à cette recherche un temps qu’il auroit mieux employé à la peinture. Il s’appliqua encore avec beaucoup de persévérance à l’étude des mathématiques, particulièrement à ce qui regarde l’optique et à la perspective, dont il reçut d’excellentes instructions du père Mattheo Zaccolino, religieux théatin.

Il n’y a donc pas lieu, comme on va le voir, de s’étonner que le nom de cet excellent peintre figure parmi les noms de ceux, qui concoururent à soutenir encore l’art de l’architecture dans le cours du dix-septième siècle. Ce fut comme architecte qu’il mérita la confiance du pape Grégoire XV, qui le nomma surintendant de ses palais. Il composa deux fort beaux projets pour la grande église de Saint-Ignace à Rome. De ces deux projets, dit-on, le père Grassi jésuite en fit un seul en les combinant, et de cette combinaison naquit le monument qu’on voit aujourd’hui. Si l’on en considère le plan, où l’on trouve un ensemble aussi correct, que régulier et bien entendu, on est tenté de croire que c’est là qu’il faut chercher particulièrement l’idée originale de Dominiquin. Ce sera probablement l’élévation qui aura subi le plus de modifications. Tant est que Dominiquin, voyant qu’on dénaturoit ses idées, se retira de l’entreprise, qui fut terminée par Algardi.

On attribue à Dominiquin la composition du riche plafond de l’église de Sainte-Marie in Transtevere dont on admire les ingénieux compartimens ; et on lui donne aussi dans la même église l’architecture d’une très-belle chapelle, qu’on appelle de la Madona di Struda Cupa.

Parmi les morceaux de détail d’architecture, qui sont en possession de fixer les regards des artistes, à Rome, moins par leur importance, que par un accord toujours assez rare d’une composition harmonieuse, et d’une pure exécution, on se plaît à faire remarquer la grande porte du palais Lancellotti, exécutée d’après les dessins de Dominiquin. Elle est flanquée de deux colonnes d’ordre ionique, qu’on aimeroit toutefois à ne pas voir engagées sans aucune raison, et qui soutiennent un balcon, dont les balustres ont une forme élégante. Les colonnes posent sur des bases circulaires, ce qui fut fait dans la vue d’élargir la voie pour l’entrée des voitures. On approuve moins dans cette composition la forme carrée donuée à l’ouverture de la porte, forme qui ne s’accorde plus avec l’intérieur de la cour, tout en arcades. On aimeroit aussi a voir supprimés au-dessus de I. porte, quelques ornemens d’un goût assez lourd, et qui ont encore l’inconvénient de couper la ligne de l’architrave.

Dominiquin donna les dessins de la villa Ludovisi, qui est dans l’intérieur de Rome. Elle fut embellie par lui de belles allées, de bosquets agréables, de statues, et principalement d’un