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La pierre dure de S. Leu se tire sur les côtes de la montagne d’Arcueil.

La pierre de lambourde, ou seulement la lambourde, se tire près d’Arcueil, & porte depuis dix-huit pouces jusqu’à cinq pieds de hauteur de banc. Cette pierre se délite ou se fend, parce qu’on ne l’emploie pas de cette hauteur. La meilleure est la plus blanche, & celle qui résiste au fardeau autant que le S. Leu.

On tire encore des carrières du fauxbourg saint Jacques & de celles de Bagneux, de la lambourde depuis dix-huit pouces jusqu’à deux pieds de hauteur de banc. Il y en a de deux espèces : l’une est graveleuse & se mouline à la lune ; l’autre est verte, se feuillette, & ne peut résister à la gelée.

La pierre de Saint-Maur, qui se tire des carrières du village de ce nom, est fort dure, résiste très-bien au fardeau & aux injures des temps. Mais le banc de cette pierre est fort inégal, & les quartiers ne sont pas si grands que ceux d’Arcueil : cependant on en a tiré autrefois beaucoup, & le château en est bâti.

La pierre de Vitry qui se tire des carrières de ce nom, est de même espèce.

La pierre de Passy, dont on tirait autrefois beaucoup des carrières de ce nom, est fort inégale en qualité & en hauteur de banc. Ces pierres sont beaucoup plus propres à faire du moellon & des libages, que de la pierre de taille.

La pierre que l’on tire des carrières du fauxbourg Saint Marceau, n’est pas si bonne que celle des carrières de Vaugirard.

Toutes les pierres dont nous venons de parler se vendent au pied-cube, depuis 10 sols jusqu’à 50, quelquefois 3 livres ; & augmentent ou diminuent de prix, selon la quantité des édifices que l’on bâtit.

La pierre de Senlis se tire des carrières de Saint Nicolas, près Senlis, à dix lieues de Paris, & porte depuis douze jusqu’à seize pouces de hauteur de banc ; cette pierre est aussi appelée liais. Elle est très-blanche, dure & pleine, très-propre aux plus beaux ouvrages d’architecture & de sculpture. Elle arrive à Paris par la rivière d’Oise, qui se décharge dans la Seine.

La pierre de Vernon, à douze lieues de Paris, en Normandie, qui porte depuis deux pieds jusqu’à trois pieds de hauteur de banc, est aussi dure & aussi blanche que celle de S. Cloud. Elle est un peu difficile à tailler, à cause des cailloux dont elle est composée ; on en fait cependant plusieurs usages, mais principalement pour des figures.

La pierre de Tonnerre, à trente lieues de Paris, en Champagne, qui porte depuis seize jusqu’à dix-huit pouces de hauteur de banc, est plus tendre, plus blanche, & aussi pleine que le liais ; on ne s’en sert, à cause de sa cherté, que pour des vases, termes, figures, colonnes, retables d’autels, tombeaux & autres ouvrages de cette espèce. Toute la fontaine de Grenelle, ainsi que les ornemens, les statues du chœur de Sulpice, & beaucoup d’autres ouvrages de cette nature, sont faits de cette pierre.

La pierre de meulière, ainsi appelée parce qu’elle est de même espèce à peu près que celles dont on fait des meules de moulins, est une pierre grise, fort dure & poreuse, à laquelle le mortier s’attache beaucoup mieux qu’à toutes autres pierres pleines, étant composée d’un grand nombre de cavités.

C’est de toutes les maçonneries la meilleure que l’on puisse jamais faire, sur-tout lorsque le mortier est bon, & qu’on lui donne le temps nécessaire pour sécher, à cause de la grande quantité qui entre dans les pores de cette pierre : raison pour laquelle les murs qui en sont faits sont sujets à tasser beaucoup plus que d’autres. On s’en sert aux environs de Paris, comme à Versailles & ailleurs.

La pierre fusilière est une pierre dure & sèche, qui tient de la nature du caillou : une partie du pont Notre-Dame en est bâti. Il y en a d’autre qui est grise ; d’autre encore plus petite que l’on nomme pierre à fusil ; elle est noire, & sert à paver les terrasses & les bassins des fontaines : on s’en sert en Normandie pour la construction des bâtimens.

Le grès est une espèce de pierre ou roche qui se trouve en beaucoup d’endroits, & qui n’ayant point de lit, se débite sur tous sens & par carreaux, de telle grandeur & grosseur que l’ouvrage le demande. Mais les plus ordinaires sont de deux pieds de long, sur un pied de hauteur & d’épaisseur. Il y en a de deux espèces ; l’une tendre, & l’autre dure. La première sert à la construction des bâtimens, & sur-tout des ouvrages rustiques, comme cascades, grottes, fontaines, réservoirs, aqueducs, &c. tels qu’il s’en voit à Vaux-le-Vicomte & ailleurs. Le plus beau & le meilleur est le plus blanc, sans fils, d’une dureté & d’une couleur égale. Quoiqu’il soit d’un grand poids, & que les membres d’architecture & de sculpture s’y taillent difficilement, malgré les ouvrages que l’on en voit, qui sont faits avec beaucoup d’adresse ; cependant, la nécessité contraint quelquefois de s’en servir pour la construction des grands édifices, comme à Fontainebleau, & fort loin aux environs ; ses paremens doivent être piqués, ne pouvant être lissés proprement qu’avec beaucoup de temps.

Le grès dans son principe, étant composé de grains de sable unis ensemble & attachés successivement les uns aux autres, pour se former par la suite des temps en bloc, il est évident que sa constitution aride exige, lors de la construction, un mortier composé de chaux & de ciment, & non de sable ; parce qu’alors les différentes parties anguleuses du ciment, s’insinuant dans le grès avec une forte adhérence, unissent si bien, par le secours de la chaux, toutes les parties de ce fossile, qu’ils ne font pour ainsi dire qu’un tout : ce qui rend cette construction indissoluble, & très-capable de resister aux injures des temps.

Le pont de Ponts-sur-Yonne en est une preuve ;