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tire des carrières de Villiers, près Saint-Leu. La troisième, qui se prend à Carrière-sous-le-bois, est plus tendre, plus grise & plus remplie de veines que le Saint-Leu, & ne sauroit résister au fardeau.

La pierre de tuf, du latin tophus, pierre rustique, tendre & trouée, est une pierre pleine de trous, à peu près semblable à celle de meulière, mais beaucoup plus tendre ; On s’en sert en quelques endroits en France & en Italie, pour la construction des bâtimens.

La pierre de craie est une pierre très-blanche & fort tendre, qui porte depuis huit pouces jusqu’à quinze pouces de hauteur de banc, avec laquelle on bâtit en Champagne, & dans une partie de la Flandres. On s’en sert encore pour tracer au cordeau, & pour dessiner.

Il se trouve encore à Belleville, à Montmartre, & dans plusieurs autres endroits aux environs de Paris, des carrières qui fournissent des pierres que l’on nomme pierres à plâtre, & qui ne sont pas bonnes à autre chose. On en emploie quelquefois hors de Paris, pour la construction des murs de clôture, barraques, cabanes, & autres ouvrages de cette espèce. Mais il est défendu, sous de sévères peines, aux entrepreneurs, & même aux particuliers, d’en employer à Paris, cette pierre étant d’une très-mauvaise qualité, se moulinant & se pourrissant à l’humidité.

De la pierre selon ses qualités.

Les qualités de la pierre dure ou tendre, sont d’être vive, fière, franche, pleine, trouée, poreuse, choqueuse, gelisse, verte ou de couleur.

On appelle pierre vive, celle qui se durcit autant dans la carrière que dehors, comme les marbres de liais, &c.

Pierre fière, celle qui est difficile à tailler à cause de sa grande sécheresse, & qui résiste au ciseau, comme la belle hache, le liais ferault, & la plupart des pierres dures.

Pierre franche, celle qui est la plus parfaite que l’on puisse tirer de la carrière, & qui ne tient ni de la dureté du ciel de la carrière, ni de la qualité de celles qui sont dans le fond.

Pierre pleine, toute pierre dure qui n’a ni cailloux, ni coquillages, ni trous, ni moie, ni molières, comme sont les plus beaux liais, la pierre de Tonnerre, &c.

Pierre entière, celle qui n’est ni cassée ni fêlée, dans laquelle il ne se trouve ni fil ni veine courante ou traversante : on la connoît facilement par le son qu’elle rend en la frappant avec le marteau.

Pierre trouée, poreuse ou choqueuse, celle qui, étant taillée, est remplie de trous dans ses paremens, tel que le rustic de Meudon, le tuf, la meulière, &c.

Pierre gelisse ou verte, celle qui est nouvellement tirée de la carrière, & qui ne s’est pas encore dépouillée de son humidité naturelle.

Pierre de couleur, celle qui, tirant sur quelques couleurs, cause une variété quelquefois agréable dans les bâtimens.

De la pierre selon ses défauts.

Il n’y a point de pierre qui n’ait des défauts capables de la faire rebuter, soit par rapport à elle-même, soit par la négligence ou mal-façon des ouvriers qui la mettent en œuvre ; c’est pourquoi il faut éviter d’employer celle que l’on appelle ainsi.

Des défauts de la pierre par rapport à elle-même.

Pierre de ciel, celle que l’on tire du premier-banc des carrières ; elle est le plus souvent défectueuse ou composée de parties très-tendres & très-dures indifféremment, selon le lieu de la carrière où elle s’est trouvée.

Pierre coquilleuse ou coquillère, celle dont les paremens taillés sont remplis de trous ou de coquillages, comme la pierre S. Nom, à Versailles.

Pierre de soupré, celle du fond de la carrière de S. Leu, qui est trouée, poreuse, & dont on ne peut se servir à cause de ses mauvaises qualités.

Pierre de souchet, en quelques endroits celle du fond de la carrière, qui n’étant pas formée plus que le bouzin, est de nulle valeur.

Pierre humide, celle qui n’ayant pas encore eu le temps de sécher, est sujette à se feuilleter ou à se geler.

Pierre grasse, celle qui, étant humide, est par conséquent sujette à la gelée, comme la pierre de cliquart.

Pierre feuilletée, celle qui, étant exposée à la gelée, se délite par feuillets, & tombe par écailles, comme la lambourde.

Pierre délitée, celle qui, après s’être fendue par un fil de son lit, ne peut être taillée sans déchet, & ne peur servir après cela que pour des arrases.

Pierre moulinée, celle qui est graveleuse & s’égrène à l’humidité, comme la lambourde qui a particulièrement ce défaut.

Pierre fêlée, celle qui se trouve cassée par une veine ou un fil qui court ou qui traverse.

Pierre moyée, celle dont le lit n’étant pas également dur, dont on ôte la moye & le tendre, qui diminue son épaisseur, ce qui arrive souvent à la pierre de la chaussée.

Des défauts de la pierre, par rapport à la main-d’œuvre.

On appelle pierre gauche, celle qui, au sortir de la main de l’ouvrier, n’a pas ses paremens opposés parallèles, lorsqu’ils doivent l’être suivant l’épure, autrement le dessin ; ou dont les surfaces ne se bornoyent point, & qu’on ne sauroit retailler sans déchet.

Pierre coupée, celle qui, ayant été mal taillée &