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tes au soleil si c’est en été, & en hiver sur un four de boulanger, ou en quelqu’autre endroit de même température, parce qu’autrement on courroit risque de brûler le plâtre.

On fait chauffer de l’huile grasse sans toutefois la laisser bouillir ; & lorsqu’elle est bien chaude, on met les plus petites pièces sur une grille de fil d’archal suspendue avec d’autres fils de fer, comme le bassin d’une balance, pour les faire tremper dans l’huile : à mesure que les pièces en sont imbibées, on les place sur des planches pour les laisser sécher naturellement.

A l’égard des grosses pièces, on les imbibe d’huile avec une brosse sur les faces où se trouve l’empreinte du modèle ; on passe aussi de cette même huile sur les coupes, afin que le plâtre ne s’y attache pas.

Toutes les pièces du creux étant ainsi durcies, on le remonte avec les mêmes soins détaillés ci-dessus, en observant seulement que dans la couche d’huile qui s’applique ordinairement avant de couler les plâtres, il n’est pas nécessaire d’y mettre du suif.

On durcit aussi les creux avec de la cire chaude : il faut pour cela que les pièces soient bien sèches, & d’un degré de chaleur qui cependant ne les brûle pas.

On se sert de cire neuve, à laquelle on mêle les deux tiers de résine, & même sans aucun mélange si l’on veut ; lorsque toutes les pièces sont imbues de cire, on les met de nouveau sécher au feu, à une telle distance que le plâtre ne recuise pas.

Ces creux deviennent très-durs ; mais on observera que la cire laisse plus d’épaisseur que l’huile. Jusqu’ici nous n’avons parlé que d’une figure nue ; lorsqu’elle est drapée, elle est plus difficile à mouler.

Si elle est chargée de fleurs & d’ornemens, on multiplie les coupes pour faciliter l’opération, mais avec soin & intelligence, afin que les parties coupées puissent se rejoindre avec facilité.

Les artistes voient avec peine tailler en morceaux leurs modèles ; ils citent au contraire avec complaisance les creux qui sont faits sans aucune coupe.

Avec du tems & de la patience, on peut mouler des figures entières ; mais il en résulte de grandes difficultés pour les pièces qui sont multipliées à l’infini & deviennent très-petites, ce qui empêche qu’elles ne résistent long-tems dans le creux.

On ne retire alors qu’un plâtre, tandis que l’on en retireroit deux & même trois dans un autre creux dont les coupes & les pièces seroient bien jugées.

On doit encore avoir soin que toutes les petites pièces des fonds soient renfermées dans les grandes : comme il se trouve souvent des noirs qui ne font pas de dépouille, dans ce cas on est obligé de faire des pièces en cire.

Par exemple, dans un fond de draperie où il faudroit mettre une douzaine de petites pièces, on peut en faire une de plâtre : on la moule ensuite pour en avoir le creux, dans lequel on coule de la cire qui prend la forme de la pièce de plâtre ; mais à chaque figure que l’on coule, on est obligé de faire une nouvelle pièce en cire.

La figure étant coulée, ainsi que les parties qui en dépendent, pendant que le plâtre est frais on rustique les coupes, & avec du plâtre gâché très-clair on les attache au corps avec soin & propreté, à l’aide des repaires pratiquées avant la coupe des parties ; c’est ce qu’on appelle remonter une figure.

Pour les grandes figures, on est obligé de mettre du fer dans les bras & les jambes ; on met même dans les doigts qui sont isolés, du fil d’archal que l’on entoure d’un autre fil plus fin, pour que le plâtre s’y attache.

Il faut enduire le fer que l’on emploie dans les figures, de cire chaude ou de poix-résine, cela empêche la rouille de pénétrer le plâtre & de le faire casser.

L’on peut aussi, pour empêcher la rouille, enduire le fer de chaux détrempée : dans les figures où l’on n’a pas pris cette précaution, on voit que le plâtre se lève en éclats.

Lorsque les figures que l’on coule sont petites, on emploie du laiton au lieu de fer.

Si l’on craint qu’une figure soit surmoulée, voici comme il faut s’y prendre pour empêcher cette supercherie, si cependant il est possible.

Comme les ouvriers qui en font les frais sont obligés de couper les parties pour faciliter leur opération en les montant, on creuse assez avant les coupes pour y insérer un paquet de fil d’archal très-fin, dont on fait un rouleau ; après quoi on soude les deux parties avec du plâtre clair ; j’ai même imaginé de placer un goulot de bouteille entouré de fil d’archal.

Il n’est pas possible alors de séparer les parties de la figure sans endommager les coupes : on est forcé de la mouler d’une seule pièce, ce qui prend trop de tems à ceux qui veulent en faire un grand débit.

Lorsque les creux sont assez légers & qu’ils peuvent se remuer facilement, on les coule à la volée ; il faut que ces creux soient durcis, & que toutes les pièces soient attachées : alors on verse une quantité de plâtre clair, qu’on fait pénétrer par-tout en roulant le creux.

Quand il commence à prendre, on le verse dans la jatte où il avoit été gâché, & on le reverse ensuite dans le moule, puis dans la sébile ou jatte : on donne ainsi à la figure telle épaisseur qu’on veut ; c’est ce qu’on appelle couler à la volée. Les figures que les Italiens vendent à si bon marché sont coulées de cette manière : souvent tout leur mérite est dans leur légèreté.

Si l’on veut avoir des plâtres colorés, il faut mettre du rouge en poudre dans l’eau qui est destinée à gâcher le plâtre, observant d’avoir la quantité d’eau suffisante pour couler le corps adhérent à la figure, afin que la teinte du plâtre ne change pas.

Les figures étant sorties du creux, on les laisse sécher afin de les pouvoir réparer, ce qui se fait en

Arts & Métiers. Tome V. Partie. I.
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