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soit entièrement rempli, & que toute la toile soit formée. On peut voir tous ces détails, planche IX, tant dans la vignette que dans les figures. Les bouts de chaque brin de la toile s’appuient sur les petits côtés du fût, où ils sont fixés & recouverts d’une lame de cuivre attachée par des clous d’épingle de laiton.

Les pontuseaux sont percés sur leur de plusieurs trous vers la partie supérieure, dans lesquels on passe un fil de laiton fort fin.

Pour achever la forme, il ne reste plus qu’a tendre fortement les chaînettes le long des vive-arêtes des pontuseaux, qu’à fixer leurs extrémités par de petites chevilles de bois qu’on introduit dans les trous du grand côté opposé au premier sur lequel on s’est établi d’abord ; enfin, qu’à coudre la toile par un fil de laiton très-délié qui, passant sur les chaînettes, & repassant dans les trous dont chaque pontuseau est percé, sert à tenir la toile assujettie par tous ces points, éloignés les uns des autres d’environ six lignes.

Ensuite, tant pour recouvrir les extrémités des brins de la toile le long des petits côtés du chassis, que pour contenir les chevilles qui fixent les chaînettes aux extrémités des pontuseaux, on attache avec des clous d’épingle de petites lames de laiton dans tout le pourtour du chassis : ces lames servent aussi à fortifier l’assemblage des quatre côtés du chassis. A chaque paire de formes, on adapte un cadre dont les feuillures reçoivent les quatre côtés du chassis. Le bois dont ce cadre est composé, a environ huit lignes de largeur, sur quatre à cinq lignes d’épaisseur. Cette feuillure recouvre même, sur une largeur de deux lignes, la toile de la forme. C’est pour cela que cette toile excède de ces deux lignes en tous sens, comme nous l’avons dit, les dimensions de la feuille de papier.

Au moyen de cette avance du cadre sur la toile de la forme, la feuille de papier est entièrement placée sur cette toile, & détachée de tous côtés du chassis, ce qui est très-essentiel, pour que la pâte puisse s’égoutter, & la feuille se coucher sur le feutre sans être retenue par aucuns des bords.

On sait que ce cadre est destiné à retenir la matière dont on fabrique le papier sur la toile, & à la retenir en quantité convenable à l’épaisseur qu’il doit avoir. Il est bien essentiel que le cadre joigne très exactement aux bords de la forme, pour que la pâte ne s’insinue pas entre les bords & la feuillure, ce qui rend les bordures des feuilles de papier baveuses & mal terminées.

Nous remarquerons ici que c’est sur la longueur ou la plus grande dimension de la forme, qui correspond à la plus grande dimension de la feuille de papier, que sont placés parallèlement entre eux les fils de laiton qui composent la toile de la forme. Cette disposition des brins est bien entendue ; elle

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rend facile le travail du coucheur, comme nous le verrons par la suite, pour détacher la feuille de papier de la forme, en l’appliquant sur le feutre. Non seulement il la détache en faisant parcourir à la forme sa plus petite dimension, mais encore en dégageant à-la-fois la pâte successivement de chaque intervalle entre les verjures : suivant toute autre direction, le coucheur ne détacheroit la feuille que par lambeaux, outre qu’il alongeroit infiniment sa peine & son travail.

Il me reste à exposer ici quelques uns des principes qui guident les fabricans & les formaires dans la construction des formes, & particulièrement dans la détermination du calibre des fils de la verjure & des intervalles de ces fils ; objets fort importans & qui influent plus qu’on ne pense sur les belles & les bonnes qualités des papiers.

La verjure doit être arrangée sur la forme, d’après le systême de tant plein que vide, qui convient dans tous les cas où l’on fabrique les petites & les moyennes sortes peu étoffées ; mais quand on fabrique des papiers un peu forts, il convient de tenir les intervalles un peu plus larges qur le diamètre des brins de la toile, pour que la feuille de papier prenne une certaine épaisseur au moyen du plus grand vide, qui absorbera une plus grande quantité de pâte lorsque l’ouvreur envergera ; car la pâte qui entre dans la composition des feuilles de papier, est toujours en raison des intervalles qu’on a laissés entre les brins de la toile de la forme.

Ainsi, lorsqu’on veut fabriquer les mêmes sortes à des poids différens, on a soin de varier sur-tout l’intervalle des fils de la verjure, & même le calibre de ces fils ; par exemple, pour fabriquer de l’écu à treize livres environ, on choisit une verjure fine, & l’on en fait un tissu où il y ait autant de vide que de plein ; pour fabriquer la même sorte à dix huit livres, on adopte une verjure plus grosse & des intervalles plus grands ; il est visible que c’est la pâte qui occupe les intervalles des verjures, qui contribue à rendre le papier plus épais, & à grossir son grain. L’art a trois moyens de donner plus de force & plus d’épaisseur au papier, les intervalles qu’on laisse entre les brins de la verjure, l’épaisseur du cadre de la forme qui retient plus ou moins de matière, enfin le travail de la cuve à grande eau ou à petite eau.

Un autre principe aussi important, est qu’on oit proportionner la verjure aux pâtes qu’on emploie. Ainsi une pâte un peu longue demande une verjure un peu forte, & des intervalles un peu plus larges que le calibre de cette verjure ; de même une pâte courte demande une verjure fine avec des intervalles proportionnés ; ce qui, dans ces deux cas, produit un grain assorti aux pâtes & à la sorte de papier.

Lorsque les formes sont sales il est bien essentiel de les nettoyer ; comme les parties fines de la
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