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qu’il inventa Tendait dont nous venons de parler. ( L )

PIERRES FINES Elles appartiennent à l’art quand, par l’indullrie des graveurs, elles ont ajouté une valeur nouvelle à celle cju elles avoient par elles-mêmes. On grave en creux & en relief fur la plupart des pierres précieiifes, fans même en excepter le diamant. PIERRES GRAVÉES. On doit préfumer que les Egyptiens qui gravoient avec tant de facilité iur des matières aufTi dures que font le Granité, le Balahe, & tous les autres marbres des carrières de l’Egypte , n’ignorèrent pas long-temps l’art de graver en creux fur les métaux , & : fingulièrement en petit fur les pierres fines & fur les pierres précieufes. Moyfe , erocl. c. 15. v. :5o, & c. 39. V. 6. 14, parle avec éloge de Eefeléel, de la tribu de Juda, qui grava les noms des douze tribus fur les différentes pierres précieufes dont étoient enrichis l’éphod & le rational du grand prêtte. On ne peut contefter que l’art de la ^ravure iur lea pierres fines , qui avoir pris naiffance dans l’Orient , n’y ait été toujours cultivé depuis fans interruption , moins pour ialisfaire à un vain appareil de luxe, que par la néceffité où fe trouvoient les peuples de ces pays-là d’avoir des cachets : car aucun écrit, aucun a£le n’y étoient tenus pour légitimes & pour authentiques, qu’autant qu’ils étoient revêtus du (beau de la perfonne qui les avoir diftés. C’efl : ce qui eft dit pofitivement dans le livre d’Efther, c. 3. v. 10, c. 8. v. 8, & les auteurs ont décrit l’anneau de Gigés, Plat, in polit, ik celui de Darius. Enfin qu’on ouvre Daniel, c. 6. v. 17, que l’on confulte Hérodote, 1. i. on y verra qu’à Babylone les grands avoient chacun leur cachet particulier.

Les Egyptiens & les principales nations de l’Ali’ ? confervèrent toujours leur attachement pour espierres gnive’is. On fait que Mithridate en avoit tait une colieclion fingulière , comme le dit Pline, 1. 37, c. 17 , & lor’que Lucullus, ce Romain fi célèbre par fa magnificence & par fes richeffes , aborde à Alexandrie, Ptolemée uniquement occupé du foin de lui plaire , ne trouve t’en dans fon empire de plus précieux à lui oftrir , qu’une émeraude montée en or, fur laquelle le portrait de ce prince Egyptien étoit gravé. Celui de Bacchus l’écoit fur la bague de Cléopatre. Le commerce maritime des Etrufques les ayant liés avec les Egyptiens , ^es Phéniciens & quelques autres peuples de l’Orient , ils apprirent les mêmes arts & les mêmes fciences que ces nations profefToienc , & ils les apportèrent en Italie. Ce n’efî guère que’ le P ï E

commerce qui forme , en quelque façon , de diftérens peuples, uno feule nation. Les Etrufques commencèrent donc à fe familiarifer avec les arts , heureux fruits de la paix & : de l’abondance : ils cultivèrent la fculpture , la peinture , l’architeaure , & ils ne montrèrent pas moins de talent pour la gravure fur les oi<o«/ fines.

Le commencement des ans ne fut pas différent en Grèce de ce qu’il avoit été en Etrurie. Ce turent encore les Egyptiens qui mirent les inftrumens des arts entre les mains des Grecs, en même temps qu’ils didoient à Platon les principes de la fagelfc qu’il étoit venu puifer chez eux, &c qu’ils permettoient aux légiflateurs Grecs de tranfcriie leurs loix pour les établir enfuits dans leur pays. Cette nation, tout ingénieufe qu’elle étoit, demeura dans l’ignorance de la gravure julqu’à Dédale qui le premier fut animer la fculpture en donnant du mouvement à fes figures. Il vivoit avant le temps de la guerre de Troie, environ douze cents quarante ans avant J. C. Ce ne fut cependant que dans le fiècle d’Alexandre , que les progrès des arts parurent en Grèce dans to^at leur éclat. Alors fe montrèrent les Appelle , les Lyfippe , les Pyrgotele , qui partageant les faveurs &z les bienfaits de cet illuftre conquérant, difputèrent à qui le repréfenteroit avec plus de grâce & de dignité. Le premier y employa fon pinceau avec le fuccès que perfonne n’ignore , & Lyfippe ayant été choifi pour former en bronze le bufie de ce prince, Pyrgotele fut feul jugé digne de le graver.

La nature ne produit point des hommes fi rares, fans leur donner pour émules d’autres hommes de génie : ainfi l’on vit fe répandre par toute la Grèce une multitude d’excellens artifies , Se pour me renfermer dans mon lujet, il y eut dans toutes les villes des graveurs d’un mérite diftingué. L’art de la gravure en pierres fines eut, entre les mains des Grecs, les fucces que promettent les travaux allidus & multipliés. Il ne fallut plus chercher de bons graveurs hors de chez eux , & ces peuples fe maintinrent dans cette funériorité. Cronius, Apollonide, Diofcoride , S’olon , Hyllus, & beaucoup d’autres dont les noms font confscrés fur leurs gravures , fe rendirent très-célèbres dans cette profeffion. En un mot , on ne trouve guère, fur les belles pierres gravées, d’autres noms que des noms Grecs.

Les Romains ne prirent du goût pour les beaux arts que lotfque , ayant pénétré dans la Grèce & l’Afie , ils eurent été témoins de la haute efVime qu’on y faifoit des grands artiftes dans les arti libéraux , ainfi qu2 de leurs produdions. Alors ils fe livrèrent à la recher-