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réveillons, qui servent aussi à donner de l’étendue à la composition, & à faire paroître le tableau plus grand que la toile, doivent être distribués diagonalement & à distances inégales.

Pour concourir avec succès à la parfaite imitation de l’obscurité que la nuit doit produire, empruntons la magie des étoffes les plus brunes, des tons de chairs les plus colorés & les plus sourds. Toutes les lumières céderont en vivacité au principe qui les produit ; eiles ne l’emporteront en éclat que par leur étendue, & par l’opposition des objets qui leur seront associés. Ce volume & ce contraste seront relatifs au local, & à l’importance du rôle des figures qui les recevront.

Enfin tous les corps seront peints d’une manière moins arrondie ; les formes en seront prononcées plus quarrément ; les masses plus uniformes t : c ton, y seront traitées d’un pinceau moins recherché ; les diverses modifications, les finesses de la nature, les variétés des travaux, les richesses de détail seront perdues dans la masse : au lieu que, dans les sujets où la lumière du jour dévoile les plus précieuses beautés des objets, on doit les retracer. & les rendre dans l’exactitude la plus complette. (Article extrait du traité de peinture de Dandré Bardon.


R E

RECHERCHER, RECHERCHÉ v. act.) Rechercher a plusieurs sens dans notre langue.

On dit, un homme recherché, & ce mot alors exprime la desapprobation d’un trop grand soin, soit dans le maintien, soit dans la démarche, la parure & même la manière de parler & de a’énoncer. Un ouvrage recherché se dit aussi dans le même sens d’un ouvrage dans lequel il y a quelque affectation.

S’agit-il du style ? on diroit presqu’aussi volontiers manieré, que recherché.

Dans le langage de la peinture, recherché & sur tout rechercher, a un sens qui lui est propre. Le maître dit à son élève : « jeune homme incorrect, recherchez mieux votre trait » c’est-à-dire, rendez-le plus fin, plus pur.

On trouveroit, je crois, les raisons de toutes les différences d’acceptions de termes de la langue, même dans l’emploi qu’en font les differens arts, si l’on s’intruisoit de leur théorie & de leur pratique. Ce n’est pas au hazard que ces differences s’établissent quelquefois jusqu’à des contrariétés apparentes.

On dit aussi, les tableaux de ce maître, de cet artiste, sont recherchès, sont fort recherchés, pour faire entendre que les curieux mettent leurs soins à se les procurer ; mais


alors ce n’est plus le langage de l’art qu’ors parle ; c’est la langue générale.

(Article de M. Watelet).

RECHERCHER. C’est un devoir de l’artiste de rechercher tout ce qui peut le conduire à la perfection dans toutes les parties de l’art ; de rechercher les beaux exemples des artistes de la Grece & des plus grands maîtres modernes, de rechercher de beaux modèles, de beaux effets, des expressions justes, de beaux tons &c.

Mais le participe recherché se prend ordinairement en mauvaise part : ainsi quand on dit qu’un artiste a des attitudes, des graces, une couleur, des tons recherchés, on entend qu’il s’est donné beaucoup de peine à trouver de belles attitudes, de la grace, une bonne couleur, de beaux tons, & qu’il n’a que médiocrement réussi. Tour ce qui dans les arts n’approche du bien qu’en laissant appercevoir la peine & la recherche, fait peu de plaisir. Il faut que le bien semble n’avoir pas été cherché mais trouvé. (L)


RÉDUIRE (v. act.) Réduire un tableau, un dessin, une estampe, c’est, quand on en fait une copie, les transporter de leur proportion, dans une autre proportion plus forte ou plus foible. Les moyens qu’on employe pour réduire un ouvrage appartiennent à la pratique des arts, & il en lira traité dans le dictionnaire destiné à cette partie.


REFLET (subst. masc.) La lumière qui tombe sur un corps rejaillit sur le corps voisin privé par lui-même de lumière, & lui prête une clarté ; plus sourde que celle qu’il recevroit de la lumière directe ; c’est ce réjaillissement qui le nomme reflet.

La lumière qui vient de frapper un corps ne rejaillit qu’après. s’être chargée de la couleur de ce corps, & elle porte, en rejaillissant, des parties de carte couleur sur le corps voisin. Il se fuit alors sur ce dernier corps un mêlange de sa couleur propre, avec la couleur de celui dire il reçoit une lumière refletée. Ainsi une draperie jaune ou rouge porte quelques tons de sa couleur sur les chairs qu’elles avoisinent. Les femmes, sans avoir aucune connaissance de la théorie des reflets, n’ignorent pas les avantages qu’elles en peuvent tirer, & elles ont soin de choisir pour leurs parures, les couleurs qui peuvent le mieux s’associer à leur teint. Le peintre doit avoir la même attention qu’elles, & ne pas donner aux draperies des couleurs capables de nuire aux carnations.

Ce que nous venons de dire sur les reflets des couleurs se rapporte à la partie du coloris. On