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faivs harmonie, fans dégradation , tfe fans qu il y ait aucun objet qui y conduile avec intelligencei on appeiçoit feulement fur le fond, des figures prefque invifibles. Ce bas-relief efl- l’ouvrage foible d’un rrés-favant artifte , ( le Puget ) qui a rifqué un genre qu’il n’avoit pas érudie , & < ’ qu’il nefentoit pas Son exemple feroit doncaffez mal choifi, fl on vouloir s’en prévaloir pour blâmer la force de bas-reliefs dont je parle , puifqu’illui’efr entièrement contraire. Ce feroit dire à- peu-près , il faut renoncer à faire des Odes , car celle de Boileau fur la prife de Namur n’a pas réuflî.

Ce feroit mal défendre la caufe des bas-reliefs antiques, fi on difoit , que ce fond qui arrête fl défagréablement la vue , efï le corps d’airfcrein & dégagé de tout ce qui pourroit embar.-afler les figures ; puifqu’en peignant ou deflinant d’après un bas-relief , on a grand foin de tracer l’ombre qui borde les figures, & qui indique fi bien qu’elles font collées fur cette planche qu’on appelle fond , on ne penfe donc pas que ce fond foitle corps d’air. Il cfl vrai que cette imitatior ; ridicule efl obfervée pour faire connoître que le delun efl : fait d’après de .fculpture. Le Iculpteur eft donc feul blâm.able d’avoir donné à Ion ouvrage un ridicule qui doit . être repréfenté dans les copies, ou les imitations qui en font faites.

Dans quelque place & de quelque faillie que fuît le bas-relief, il faut l’accorder avec l’architeifture, & que le fujet, la compofition & les (iraperitjs foient analogues à fon caraûère. Ainfi,lamâle aufterité de l’oidre T.ofcan n’admettra que des fujets & d^s compofitions fiiaples ; les vêtemens en feront larges & de fort peu de plis : mais le corinthien & le compofite de.mandent de l’éiendue dans les compofitions, du jeu & de la légèreté dans les étoffes. De ces idées, générales je paffé à quelques obfervations particulières.

La règle de compofition & d’effet étant la même pour le bas-relief que pour le tableau, les principaux adleurs occuperont le lieu le plus intéreffant de la Icene , & feront difpofés de manière à recevoir une maffe fuffifante de lumière, qui attire , fixe & repefe fur eux la vue , comme dans un tableau , préférablement à tout autre endroit de la compofition. Cette lumière centrale ne fera interrompue par aucun détail d’ombres maigres & dures , qui n’y produiroient que des taches, & détruiroient l’accord. De petits filets de lumière qui fe trouvtfolent dans de grandes malTes d’ombre, détruiroient également cet accord.

Point de racourci fur les plans de devant-, principalement, fi les extrêm’îcs de ces tacourcis fortoient en avant , ils n’occafi-onneroient que des maigreurs infupport,ible». Perdant de icur longueur naturelle , ces parties feroient S Q^3

hors de vraîfemblance , & paroltroîent des ehé^’ villes enfoncées dans les figures. Ainfi,pourre point choquer la vue , les membres détachés doivent, autant qu’ilTera poflîble , gagner les fond :. Places de cette manière, il en réfultera un autre avanrage- : ces parties fe foutiendront dans leur propre maffe , en oblervant cependant que lorfqu’elles foîit détachées, elles ne foient pas trop adhérentes au fond ? ce qui occafionneroit une difproportion dans les figures, & une fauffeté dans les plans.

Que les fij^i.jres du fécond plan , ni aucune de leurs parties, ne Ibient aufli faillantes ni d’une touche aufil ferme , eue celles du premier ; ainfi des autres plans félon leur éloignement. S’il y avoit des exemples de cette égalité de touche, fuffent-ils dans des bas-reliefs antiques, il faudroit les regarder comme des fautes d’intelligence contraires à la dégradation que la difiance, l’air & notre œil, mettent naturellement entre nous & les objets. Dans la nature, à mel’ure que les objets s’éloignent, leurs formes deviennent à notre égard plus indécifes : obfervation d’autant plus effentielle , que dans un bas-relief, les diftances des figures ne font rien moins que réelles. Celles qu’on fuppofe d’une toife ou deux plus reculées que les autres, ne le font quelquefois pas d’un pouce. Ce n’eft donc que par le vague & l’indécis de la touche, joints à la proportion diminuée félon les règles ds la perfpeâive, que le Iculpteur approchera davantage de la vérité & de l’effet que préfente la nature. C’eft aufll le feul moyen de produire cet accord que la fculpt’un ne peut trouver & ne doit chercher, que dans la couleur uniqu» de la matière.

.11 faut fur-tout éviter, qu’autour de chaque figure il règne un petit bord d’ombre également découpée, qui en ôcant i’illufion de leurs faillies & de leur éloignement refpeflif , leur donneroit encore l’air de figures applatics les une* fur les autres , &’ enfin collées fur une planche. On évite ce défaut en donnant une forte de tournant aux bords des figures , & fuffifamment de faillie daiis leurs milieux. Que l’ombre portée d’une figure fur une autre, y paroiffe portée naturel ;em.ent, c’eft-à-dire, que ces figures foient lur de- : plans aff<=z proches pour être ombrées l’une par l’autre , comme fi elles étoient naturelles. Cependant il faut obferver, que les plans des figurer principales , fur-tout de celles qui doivent agir, ne foient poinr confus, mais qu’ils foient affez diftinâs & liiffifaniment effacés, pour que les figurer, puiffeni aifément fe mouvoir. Lorfque , par !bn plan avancé , une figure doit paroître ifolée & détachée des autres, fans l’ê ;re réellement, on oppofe une ombre derrière le côié de fa lumière, & s’il fe peut , un- clair. derrière fon ombre : *noyen heu-^ reux , que préfeme la nature au fculpteur connni