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Prince, peintre de P Académie Royale de Paris. _0n va tranfcrire ici le fecret âe ion procédé, tel qu’il l’a remis lui-même à l’Académie. Cet ariifte, plein d’elprit & de goût, a fait dans ce genre des ouvrjges reuipiis de charmes : il a eto imité avec i ?n grand iuccès par un habile amateur , M. l’abbé de Saint-Non , ■ îbn ami. D’autres perfonnes le font effayées dans cette manière , mais moins heurealemenr. ’ la manière de graver au lavis confifte en ■ trois opérations générales.

La prsmièie eft d’établir Je trait à la pointe & le faire mordre à l’eau -forte. La féconde , de laver à l’encre & y fubltituer un vernis.

La troifiàme . de faire mordre le lavis. Dans les delFins Ibit au biftre , foit à l’encre I de la Chine, on a coutume de deffiner d’abord le trait à la plume.

Pour imiter cette opération , après avoir calqué le trait du delîin furie cuivre , on le grave à la pointe, & pour imiter plus exaâement les pieins & les déliés que forme la plume, il faut avoir en réferve une pointe compofée de deux aiguilles à cocidre , un peu longues, les lier enlémble depuis la moitié jufquau haut avec ’un fil de laiton , & les emmancher comme une ’pointe ordinaire. Ces ferres de pointes, fans trop ployer, conferven’t l’éiaflicité qui leur convient, & elles ferviront utilement à retoucher ou [ enfler à propos le trait de pointe qu’on aura déjà tracé.

’ Il faut obferver , en mettant la planche à l’eau-forte , de faire très- peu mordre tous les traits qui doivent le trouver fur les bords des lumières, & au concraire, de creufer, autant qu’il (é’a polTible, ies touches deftinées à pro- [ duire les plus grandes forces

Opération du lavis. Lorfque le’ trait eft mordu , & que la planche eft bien nettoyée , • on la vernit de nouveau. Il faut avoir attention ’ de ne pas enfoncer le vernis dans les traits qui font gravés : ceîa eft facile à obferver, en ne faifanc que frapper le vernis avec le tampon. Il ne fiuî pas que le vernis foit enduit aufll épais que pour, graver à l’eau - forte ; mais il faut qu’il foit bien également étendu. Il ne faut pas non plus noircir la planche ; mais lorfqu’elle ’ eft entièrement vernie, il faut la poferfur un marbre , pour qu’elle refroidiffe plus promptemenr.

DégraiJJdge de laplanche. Quand la planche eft refroidie, il faut la dégraifT^r en répandant " à fa furface de. la poudre à poudrer , & la frotter exadement par - tout avec un tampon moelleux de linge fin ; cela donne au vernis Tâpreté néceffdire pour recevoir l’encre -, fans, cette ï pirécaution , elle ne pourroit pas s’y infinuer. G R A

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Manière de laver h s ombres. I ! faut avoir de l’encre compofée dans une petite bouteille dont le col ibit un peu long, afin d’avoir la fîi^ilité de bien battre la liqueur ; ce qu’il faut réitérer le plus fouvent qu’il eftpoftible. Amefure qu’on veut s’en fervir , on en veriis dans une petite fo[ !coupe, & chaque fois qu’on en prend avec le pinceau , on a foin de la remuer avec le pinceau lui-même. Il faut que les pinceaux dont on fe fert foient un peu longs , & toujours bien garnis d’encre.

Lorfque l’on fait un deflin , après avoir fait le ’rait à la plume , on établit toute ; les grandss maffes d’ombre, & l’on traite enfuite^ par-deffus ces maffes , tous les détails néceffaires ; ou bien , pour rendre le" deflin d’une manière plus brillante & plus tranfparenre , on dcftlne d’abord au pinceau tous les détails , & on glace enfuiie les grandes maffes par-deifus ces détails. Il en eft de même de la gra.’urt au lavis . & ce dernier procédé eft celui qui réuffit le mieux.

Compojzcion de Vencre. On prend de l’huils d’olive, que l’on triture parfaitement avec du noir de fumée. On la met dans une de ces petites bouteilles dont fe fervent les apothicaires pour renfermer les médecines. On y ajoute enfuite trois parties de bonne e.flence de thérébentine , & on les bat enfemble de façon que toutes les parties foient bien liées entre elles & ne fafferit plu ; qu’une même liqueur. Il faut avoir foin de tenir la bouteille bien bouchée, l’encre fe conferve long-temps.

La propriété de cette liqueur eft de dilToudre levernis. L’huile d’olive qui en fait paras s’emparant de la cire & de la réûne dont le vernis eft compofé, la conferve dans un état de fluidité & lui ôte la faculté de fe durcir de nouveau • en forte qu’on peut eni’uite l’effuyer, fans endommager le refte du vernis.

Toute efpèce de gravure fe fait par des points ou par des hachures, afin de procurer à la planche des cafés par le moyen .defquelles elle puiffe retenir la couleur avec laquelle on veut imprimer.

Il n’eft pas pofTible d’imiter par des hachures, l’uni & le moelleux de l’encre de la Chine couchée au pinceau. ïïa.utc^xe cène gra-.’ure, pour que l’effet en foit bien fondu & bien uni, foit un enfemble compofé d’une infinité de points imperceptibles. Comme aucune forte de liqueur compofée ne pourroit conferver l’arrangement de ces points, il eft nécelTaire d’enlever cette encre avec laquelle on a formé fon delfin , & d’y fubftituer une matière poreufe , qui, pofée d’à- plomb fur la planche, puilfe lui procurer, par le moyen d’un acide , le pointillé qui fait le caraclère de ce genre de gravure.