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livres , dès 1470 & 1472 , exécutées par Guttenberg, Schoeft’er , &autres , fuggérerent fans doute à quelque peintre al Icmand d’imiter les delïïns faits avec la pierre noire fur Is papier bleu , & rehauflës de bianc , avec deux planches en bois à rentrées, une pour le trait noir, & l’autre pour la teinte bleue, en réfervant le bianc du papier pour les rehauts, ou les hachures blanches. Cette découverte a précédé l’an 1500. On voit de ces eftampes ou premiers camayeux datés de 1504, & ils ne font pas fans mérite. Il y en a d’un goût gotgique de Martin Schoen, d’Albert Durer , de Hans ou Jean Burgkmaer, & de leurs contemporains.

Lucas de Leyde, LucaiCranis ou de Cronach, Sebald, & prelque tous ceux qui trayailloient alors pour les imprimeurs en lettres, ont grave à deux planches -ou rentrées.

Les Italiens s’appliquèrent aufll à ce genre après les Allemands. Voici ce qu’on en lit dans Félibien : « Hugo da Carpi, dit-il, publia dans » les principes d’architecture uno manière de 3> graver en bois, parle moyen de laquelle les » eftampes paroiffent comme lavées de clair obfcur. Ilfailbit, pour cet effet , trois fortes » de planches d’un même defTin , lefquelles Ce » tiroient l’une après l’auire fous la prelTe , fur » une même eftampe : elles étoient gtavées de » façon que l’une fervoit pour les jours & » les grandes lumières, l’autre pour les demi- >5 teintes , & la troifième pour les contours & n les ombres fortes ». On comprend que la planche pour les lumières, c’eft-à-dire pour les parties exprimées par du crayon blanc fur le deflin , eft néccîTaire fi l’on imprime fur du papier de demi- teinte, & qu’elle eft inutile, û l’on fe fert de papier blanc.

Abraham Boffe qui a traité de tous les genres as gravure , a aulD parié de la manière de graver d’Hugo da Carpi. « Au commencement du » feizième ficcle , dit-il, on imagina en Italie » tk en Allemagne l’art d’imiter en eftaiiipes n les delîins lavés , & l’el’pèce de peinture à » une feule couleur que les Italiens appellent » chlaro-fcu o ; & que naus connoiffons fous « le Bom de camayeu ». On voit parPhiftcnque qui précède, que la gravure en camayai eft. beaucoup plus ancienne que Bofl’e ne la fait. Il ajoute qu’avec le fecours de cette invention , » on exprima le paffage des ombres aux lumières » & les différentes teintes du lavis ; que celui » qui fît cette découverte s’appelloit Hugo di « Car-i, (autre erreur de Boffe) & qu’il exécuta » tic- fort belles choies d’après ; les deffins de » Raphaël & du Panne ! an «. Il eft certain que cette invention appar’ierit aux Allemands, <£ : il ne faut pas dérober- à- cette nation iridulirieafe la gloire que lui mcriient fes découvertes.

Voici exadeaient ce qus Hugo da Carpi G R A

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exécuta, au jugement de M. Papillon, graveur en bois , qui a mieux examiné cette matière qu’Abraham BofTe , & qui nous a communiqué un petit mémoire là-defTuï. Hugo da Carpi grava isi rentrées ou planches par parties mattes , & employa jufqu’à quatre planches de bois pour ’ une eftamp e , fans y faire aucune taille , les imprimant d’une feu^ couleur par dégradation de teintes, chaque planche donnant à l’eftampe une .teinte différente. Il sffeéloit de fe fervir depapier gris , dont la teinte très-foible fe fondoic avec celles des planches gravées , & W parvint, par cette induftrie, à donner à fes ouvrages un air de peinture fort voifin du camayeu. . Ce fecret plut tellement à Raphaël, que ce grand peintre fouhaita que pîufieurs de fes compolitions fuffent perpétuées par ce procédé. Il grava lui-même des camayeux en bois, & jl y mit la lettre initiale de fon nom, c’efl-àdire une R blanche ou de la teinte la plus claire de l’eftampe.

Sylveflre ou Marc de Ravenne, mais particulièrement François Mazzuolo , dit le ParmeiiiB, ont beaucoup gravé de cette manière d’après Raphaël. Ils furent imités par Jérôme Mazzuolo , Antonio Frontano , le Beccafumi, Baldalforno, Perucci , Benedetto Penozzi , Lucas Cambiafi ou Cangiage , Roger , Henri & Hubert Golîz ou Goltzius. Le trait des médailles données en camayeu par Hubert Goltzius, peintre anti- : quaire , a été gravé à l’eau -forte. Plu.leurs graveurs en ont fait autant depuis , pour avoir des copies plus exaftes de deîfins de peintres croqués à la plume & lavés de couleur : rcffource que M. Papillon ne croyoit appliquable qu’à cet ufage ; car , fuivani lui , le trait maigre de l’eau - forte n’a ni la beauté ni l’exprellion du trait gravé en bois, qui eft plus vigoureux & plus nourri. Mais fi M. Papillon avoir eu autant d’expérience de la gravure à l’eau - forte que de celle en bois , il auroit reconnu qu’il eft polTible de faire à la pointe un trait qui ait de la beauté & de i’exprefïîon fans maigreur. Se fur-to :it plus d’efprit & de flexibilité que dans la gravure en bois.

JJcs je temps de Goltzius, des graveurs en camayeu varioient leurs rentrées par différentes couieiir :-. du trait, & chargeoient cette gravure de tailles 6^ de contre- tailles ; ce qui forcoit du genre, & nuifoità l’effet de camayeu d’Hugo da Carpi. Cependant ces tailles peuvent être néceifàiic- : qi. :and il s’agit d’imiter un deifin, dont l’arii-le a fcutenu les teintes de ;ais par des hachures faites à la plume ou à la pointe du pinceau. : Il faut avouicr qu’il eft très-difficils dereridre ceiméiange het^reux dans le genre de gravure àoïf.tii,’iia,z- - ■ ,

On a dci efcav.ipes en camayeu àz Vanîus , Luvin , Dorig’.iy, Eloomaert , Fonuniu- , André’ .Andriam, Pierre .Galius, ligoffe de Vérone,