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plus parfaite, si l’huile, avec le temps, n’altéroit pas les couleurs en leur donnant un ton roussâtre.

Il y a deux sortes de peintures à l’huile, celle à l’huile simple, & celle à l’huile vernie-polie.

1°. Il faut, dans la peinture à l’huile, broyer à l’huile de noix ou d’œillet les couleurs claires, & à l’huile de lin pure les couleurs sombres.

2°. Toutes les couches se donnent à froid : mais si l’on veut préparer un mur ou plâtre neuf, il faut les appliquer bouillantes.

3°. On remue de temps en temps la couleur dans le pot, avant d’en prendre avec la brosse, pour qu’elle soit toujours du même ton & de la même épaisseur. Si, malgré cette précaution, le fond devenoit plus épais, on y ajouteroit de nouvelle huile.

4°. Tout sujet qu’on veut peindre doit recevoir d’abord une ou deux cou­ches d’impression, c’est-à-dire, une ou deux cou­ches de blanc de ce­ruse, broyé & détrempé à l’huile.

5°. Pour les ouvrages extérieurs, ou qu’on ne se propose pas de vernir, les impressions se font à l’huile de noix pure, sans mélange d’essence : celle-ci les ren­droit bises & les feroit tomber en poussiere.

6°. Pour les ouvrages intérieurs, ou qu’on a dessein de vernir, on broye & l’on détrempe la pre­miere couche à l’huile, & on détrempe la seconde avec de l’essence pure. Le vernis devient plus brillant sur une couleur détrempée à l’huile & coupée d’essence, ou broyée à l’essence pure ; il s’emboiroit dans une couche à l’huile. Quand on ne veut pas vernir, on fait la premiere couche à l’huile pure, & la seconde à l’huile coupée d’essence.

7°. Pour peindre sur des métaux, il faut mettre un peu d’essence dans les premieres couches d’im­pression : cette essence fait pénétrer l’huile dans le sujet.

8°. Si l’on peint sur du bois, & qu’on y rencontre des nœuds sur lesquels la couleur ne prenne pas, il faut, si l’on peint à l’huile simple, préparer à part de l’huile, la forcer de siccatif, c’est-à-dire, y mettre beau­coup de litharge, en broyer un peu de couleur, & la réserver pour les parties noueuses. Si l’on peint à l’huile vernie-polie, il faut y mettre plus de ce qu’on appelle de la teinte dure : nous verrons ce que c’est qu’on appelle ainsi.

L’emploi des siccatifs est aussi nécessaire pour certaines couleurs qui sé­chent très-difficilement, tel­les que les stils-de-grain, les noirs de charbon, d’os & d’ivoire. Les siccatifs sont la litharge, le vitriol ou la couperose, & l’huile grasse.

On ne met de siccatif que peu de temps avant d’employer la couleur : si on le mettoit longtemps d’avance, il l’épaissiroit.

On ne met pas de siccatif, ou l’on en met très-peu, dans les teintes où il entre du blanc de plomb ou de ceruse, parce que ces couleur sont siccatives elles-mêmes.

Quand on se propose de vernir l’ouvrage, on ne met de siccatif que dans la premiere couche ; les au­tres couches, étant mises à l’essence, sé­cheront assez d’elles-mêmes.

Par la même raison on met le siccatif en petite quantité dans les ouvrages qui ne doivent pas être vernis, mais dans lesquels l’huile est coupée d’es­sence.

Pour employer des couleurs sombres à l’huile, il faut, quand on détrempe les couleurs, y jetter, pour chaque livre, une demi-once de li­tharge. Si les couleurs sont claires, telles que le blanc & le gris, on peut mettre dans chaque livre de couleur, en la détrempant, un gros de couperose blanche, broyée avec la même huile qui est celle de noix ou d’œillet. Ces couleurs seroient ter­nies par la litharge ; mais la coupe­rose n’a pas de cou­leur & ne peut leur nuire.

Quand, au lieu de li­tharge ou de couperose, on employe l’huile grasse, & on en fait surtout usage pour les citrons & les verds de composition, on met, par chaque livre de cou­leur, un poisson d’huile grasse. On détrempe le tout à l’essence pure, car l’huile grasse qu’on ajoute­roit à l’huile pure, rendroit les couleurs grasses & pâteuses.

Pelnture à l’huile vernie-polie : on appelle ainsi une peinture que l’on polit pour en augmenter l’éclat.

1°. On prépare les sujets que l’on veut peindre de cette manière, par une impression, qui sert de fond pour recevoir la teinte- dure, ou le fond-poli & les couleurs. Cette impression doit être faite en blanc, quelque couleur qu’on y veuille appliquer ; parce que les fonds blancs sont toujours les plus avan­tageux. L’impression se fait, en donnant une pre­miere couche de blanc de ceruse broyé très-fin à l’huile de lin, avec un peu de litharge, & détrempé avec de la même huile coupée d’essence.

2°. On fait un fond-poli, en mettant sept à huit couches de teinte-dure. Il est des ouvrages pour lesquels on en donne jus­qu’à douze ; tels sont les équipages.

La teinte-dure se fait en broyant très-fin, à l’huile grasse pure, du blanc de ceruse qui ne soit pas trop calciné, afin qu’il ne pousse pas les couleurs ; on dé­trempe ce blanc avec de l’essence.

Il faut avoir attention de tenir bien égales toutes ces couches de teinte dure ; elles doivent être égales quant à l’épaisseur dont elles sont appliquées ; égales, quant à la dose du blanc de ceruse & de l’huile ; égales encore, quant au degré de cal­cination de la ceruse.

3°. On adoucit tout le fond avec une pierre-ponce.
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