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LAQUE, ( fubfl :. fém.) La laque a pour bafe une fubfcance terreufe ou crétacée à laquelle on ajoute une teinèure. Cette définition fuifit pour faire fentir qu’on peut faire bien des différentes fortes de laques.

La laque en pain eft la terre qui fert de bafe à l’alun, colorée par la cochenille. Pour fabriquer cette laque, on peut faire bouillir dans deux pintes d’eau le réfidu qui a produit le carmin, ( voyez carmin) en y ajoutant cinq onces d’alun. Il faut filtrer cette liqueur, & y ajouter quelques gouttes de diflblution d’étain ; enfuite on varie dans cette teinture de l’alkali fixe en liqueur ; il décompofe l’alun & en précipite la terre qui s’empare de toute la couleur rouge. On fil re cette liqueur ; la laque refle fur le filtre ; on palTe de l’eau deffus à pUiIisurs fois, pour enlever & diffoudre le tartre vitriolé qu’elle pourroit contenir ; enfuite on fait fécher. Cette lacue fera plus ou moins colorée, fuivant la quantité de cochenille qu’on aura employée pour la préparer. Sa couleur variera aujfi, fuivïnt la proportion de diflblution d’étain qu’on aura mife. (Note trouvée daris les papiers de M. Wate’.et, & annoncée comme extraite d’un manufcrit de M. Sage). Cette laque eft celle qu’on appelle de Venife, parce qu’on la tiroit autrefois de cette ville ; ou’du moins elle eft colorée de même par ! e réfidu de la cochenille qui a fervi à la compofitien du carmin. On ne tire plus cette laque fine de Venife, parce qu’on en fait d’auffi belle à Paris.

D’autres laques ayant toujours pour foutien delà terre d’alun, avec de l’eau de féche, & même de la craie, font teintes par des bois colorés, tels que ceux de Fernanibouc, de Bréfil, de Santal rouge, de Rocou, de Sainte Marthe & de Campeche avivés par un acide. La racine d’orcanecte. la fleur decarthame, ou fafran bâtard, la graine de kermès fournifTent auiïi des teintures dont on peut faire des laques. On trouve un grand nombre de recettes pour faire des laques. En voici une pour compofer la laque colombine. Prenez trois chopines de vinaigre diftillé, du plus fubtil, une livre du plus beau bois de Fetnambouc, coupez-le par morceaux, & faites-le tremper dans ledit vinaigre pour le moins un mois ; s’il y trempe davantage, ce fera encore mieux Faites bouillir le tout au tain-marie, trois ou quatre bouillons, puis le îaiflez repofer un jour ou deux. Enfuite, vous préparerez un quart d’alun en poudre que vous mettrez dans une terrine bien nçtte : vous pafferez la liqueur à travers un linge, en la faifan couler fur l’alun, & vous la laifferez repofer ne jour. Faires réchaufl-er le tout, jufqu’àcc que la liqueur frémiffe, laiffez-la repofer vingt-quatre heures, & mettez en poudre deux os de feche, par-deffus lefquels vous verferez votre liqueur un peu chaude. Vous Ja remuerez avec un bâton, jufqu’à ce qu’elle s’amortiffe ; enfuite vousîa laifl’erez repofer vingt-quatre heures, & la palferez.

LailTez fécher le marc de la laque colomb qui tombe au bas de la fiole oiî il y a des os de féche —, broyez ce marc ; il n’y a point de laqut fine qi : i foit fi vive, & en la mêlant avec de la laque, elle en augmente la force, {Traité de mignature.’)

On trouve d’affez bonne laque fous le nom de laque carminée. Elle eft ordinairement en grains ou trochifques. On l’éprouve, ainfi que la laque colombine, en répandant deffus un peu d’alkali fixe en liqueur, ou de vinaigre. La laque eft bonne fi elle ne devient pas violette avec l’alkali fixe, & jaunâtre avec le vinaigre. Les laques ordinaires ont le défaut de n’être pas folides. L’auteur du Traité de ia peinture au paftel, croit qu’elles fcroient plus belles, & qu’elles aurolent plus de folidité, fi l’on remplaçoit l’alun par la diffiilution d’étain. Il donne le moyen de faire cette diflblution ; le voici : Verfezdans unecaraffe une once d’acide nitreux, & moitié moins d’acide marin. Ce mélange eft ce qu’on appelle de l’eau régale. Jo’gnez-y, s’ils font très— fumans, un petit verre d’eau do fontaine ou de rivière très-limpide : faites diilbudre dans ce mélange de l’étain de Malaca ou de Cornouailie réduit en petits fragmens : le plus court moyen de réduire ce métal en grenailles c’eft de le faire fondre fur le feu dans une cuiller de fer, & de le verfer par gouttes dans un vafe plein d’eau. Ajoutez par intervalle » de cet étain en grenailles jufqu’à ce que le diflblvant n’apifle plus. Alors mettez la caraffc fur la cendre chaude, pour que l’eau régale achevé de fe faturer. Le même auteur offre la recette fui vante d’une laque’^fix laquelle il fupplée à la terre d’alun par la diflolution d’étain. Mettea dans deux pintes d’eau, trois ou quatre petites branches de peuplier d’Italie, ou de bouleau, coupés en très-petits fragmens. Tous les bois dont on veut extraire la couleur, doivent toujours être effilés oa hachés. Que ces branches foieni vertes ou fé-