Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/729

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
PAS PAS 719

roettoîent qu’aux perfonnes riches d’en avoir . & de s’en parer, ij fallut emprunter les tecours de l’ait pour fatisfaire ceux qui , manquant de facultés , n’en é oient pas mx)ins poffédcs du defir de paroître. Le verre, matière utile & belle, mais qui, étant commune, n’eft pas autant confidéree qu’elle le devroit être , offre un moyen tout-à-fait propre à remplir ces vues. On n’eut pas beaucoup de peine à lui faire imiter la blancheur & le diaphane d’un cryftal ; & bieniôt en luî alliant divers métaux , en le travaillant, en le faiftntpaflcr par divers degrés de feu , il n’y a prefqu’aucune pierre préftieule dont on ne lui fit prendre la couleur & la forme. L’artifice lut même quelquefois fe déguiler avec tant d’adreffe , que ce n’étoit qu’après un examen férieux , que d’habiles joailli-ers parvenoient à difcerner le faux d’avec le vrai. L’appât du gain rendoit l’es faufîiiires encore plus attentifs , & accéléroit leurs progrès : aucune ptofeffion n’éioit auffi lucrative que la leur. Pour en impofer avec plus de hardiefle & plus sûrement, ils avoient trouvé le fecret de Hietamorphofer des matières précieufes , en de^ matières encore plus précieufes. Ils teignoient le cryfVal dans toutes les couleurs, & fjrtout dans un très-beau verd d’émeraude ; julques dans les Indes, on imitoit le béril avec le cryftal. D’autres fois on produifoit de fauffes améthyftes, dont le velouté pouvoit en impofer, même à des connoiffeurs : ce n’étoit cependant que de l’ambre teint en violet.

Le verre ainfi coloré ne pouvoir manquer d’être employé dans la gravure ; il y tint , en plus d’une occafion , lieu de pierres fines, & il jnultif)lii confidérablenient l^ufage des cachets. J’ai déjà dit que les anciens avoient non-feulement gravé fur le verre , mais qu’ils avoient aulli contrefait les pierres gravées , en les moulant , & en imprimant enluite fur ces . Bleuies du verre mis en fufion. J*ai remarque que , dès le quir."zicme ficelé, les Italiens étoient rentrés en poiTelfion de faira de ces pâtes ou pierres faftices. J’ajoute ici que les ouvriers qui y furent employés dans les derniers. temps , n ayant ps eu apparemment afl’ez d’occafions de s’exercer , ne nous avoient rien donné de bien parfair. Peut-être ne connoiffoient ils pas affez la valeur des matières qu’ils employoient. Le verre qui doit être moulé , la terre qui doit fervir à faire le moi.le , font des matières analogues , toujours prêtes à fe confondre & à s’unir inféparablement^ lorfqu’on les expofe à un grand feu. Cette opération , peu confidérable en apparence , pouvoit donc devenir l’objet des recherches d’un excellent chimifle ; & Hom-Bcrg ayant été chargé par M. fe duc d’Orléans, de travailler à la perfectionner , il ne crut pas qu’il flic au-deûbus dj lui de s’y agpliquer^ •

PAT

’P

Après difFérehs efiais , après avoir répété plu» _ fieurs expériences , auxquelles le Prince voulut bien aflifler ; il parvint à faire de ces pares avec tant d’élégance , que les connoilieurs même pouvoient y être trompés , & prendre quelquefois les copies pour les originaux. En expofant ici la façon de procéder de Homberg , je ne fais que tranfcrire le mémoire de cer habjle phyficien , qui efl inféré parmi ceux de l’Académie royale des Sciences , de l’annéa 1712.

Le point eflentiel étoit de trouver une terre fixe qui ne contînt aucun fel , ou du moins fort peu , &• avec laquelle il fût pofîîble de faire un moule qui pût aJler au feu fans fe vitrifier, & fans le confondre avec le mcrceaii de verre amolli au feu , ou à demi-fondu , qui devoir être appliaué fur ce moule , & recevoir l’empreinte du relief qui y a-voit é.é formée. La chofe devenoit d’autant moins aifée, que le verre ne diffère des iîmples terres , qii en ce que l’un efl une matière terreule qui a été fondue au feu , & eue l’autre eft la même matière terrcufe qui n’a pas encore été fondue , mais qui fo tond aifement , & qui s’unit avecle verre , fi on met l’une & l’autre enfemble dans un grand feu. Si dcnc on n’ufe jas de précautions dans le choix & l’emploi de la terre, le moule & le verre moulé fe collent fi étroitement dans le feu , qu’on ne peut plus les disjoindre ; &i la figure qu’on avoit intention d’exprimer fur le verre, fe trouve alors détruite,-Une matière terreufe à laquelle on auroit fait perdre les fels par art , foit en y procédant par le feu , foit en y employant l’eau y comme’ font, par exemple, la chaux vive , & les cendres lelîivées , l’eroit encore fujette aux mêmes inconvéniens ; car ces terres confervent en entier les locules qui é :oient occupés par les. iéls qu’elles ont perdus ; & ces locules fonr tout prèrs à recevoir ces mêmes matières qui les rempliffoient , quand elles fe préfenteronr. Or , comme le verre n’a été fondu & vitrifié-qu’au moyen d’une grande quantité de fel fon-dant que l’art y a joint ,. pour peu qu’on l’approche dans le feu d’iine terre d’oii l’on a* emporté les fels , il s’infinuera promptement dans l’es pores, & Tune & l’autre matière neferont qu’un lïul corps.

Il n'en efl pas ainfi de cel>es des matières rerreufes, qui naturellement ne contiennent rien de falin, ou qui n’en contiennent que très-peu : elles’ n’ont pas les pores figurés de manière à recevoir’ faiilement des fel-s étrangers, fur-tout quand’ ’■ ces fels font enchâffés dms une autre matièreterreufe, comme efl le verre, ik qa’cn ne leS’ retient pas trop long-temps enfemble dans un--’ grand feu ; car ileft vrai qu’autrement la qiian» ’ tité de fel qui efl dans le verre, fer-viroiï : »’ imsnanquablement de fondant à oeite darnièi^-