Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PEI PEI 69


après sept ans de séjour à Florence, il parut à Rome, il y acquit une assez grande réputation Il se lia dans cette ville d’une amitié intime avec le Poussin, apprit dans des conversations fréquentes les principes de ce grand maître, & tácha de l’imiter. Il revint en France, croyant y faire peu de séjour ; mais il y fut retenu par une pension, & dans la suite il reçut le brevet de premier peintre du roi & le collier de l’ordre de S. Michel.

Ses ouvrages avoient la sagesse de ceux du Poussin ; mais on sent que ce n’est point l’ame du Poussin qui les a créés : leur sagesse est froide ; le spectateur les estime & les abandonne. Son dessin est pur & correct, ses draperies tiennent de la simplicité antique, son coloris n’est que de convention & tombe dans le rouge. Les plus estimés de ses ouvrages sont ceux qui représentent des pastorales & des jeux d’enfans. Sa manière dans le petit est agreable & spirituelle. Il mourut à Paris en 1657, âgé de soixante & un ans. Les étrangers avoient disputé à la France la possession de ce peintre : le Roi d’Espagne l’avoit demandé ; les Milanois lui avoient offert la direction de leur académie.

Stella a gravé lui-même à l’eau forte plusieurs des dessins qu’il fit pour le grand-duc de Toscane, & une descente de croix. Poilly a gravé, d’après cet artiste, la Vierge, l’enfant Jésus & St. Joseph.


(121) Jean Van Goyen, de l’école Hollandoise, né à Leyde en 1596, fut destiné à la peinture par son père, amateur de cet art, & ne quitta la Hollande que pour venir quelque temps exercer son talent à Paris. De retour dans sa patrie, il se mit sous la conduite d’lsaïe Vanden-Velde, paysagiste célèbre, & en quittant cette école, il fut regardé lui-même comme un fort habile maître. Tous ses ouvrage offrent des études fidelles de la nature, sa touche est facile, on sent que sa manœuvre étoit expéditive. Ses ouvrages sont faits de peu de chose, mais avec assez de talent pour avoir été plus d’une fois attribués à David Teniers. S’ils paroissent un peu gris, ils ne sont pas sortis de sa main avec ce défaut ; mais, comme plusieurs autres peintres, il a été trompé par un bleu dont on faisoit alors un frequent usage, & qu’on appelloit bleu de Harlem . Ses paysages n’offrent le plus souvent qu’une rivière couverte de bateaux montés par des paysans ou des pêcheurs, & dans le lointain la vue de quelque village. Ce défaut de richesses dans les si es est assez commun chez les paysagistes Hollandois, & c’est leur pays qu’il en faut accuser. Ils rachetent ce vice par une grande qualité de


l’art ; la vérité. Van Goyen mourut a la Haye en 1656, âge de soixante ans.

Il a gravé lui-même à l’eau-forte quelques-uns de ses paysages. Vivarès a gravé d’après lui les pécheurs hollandois.


(122) Théodore Romboutz, de l’école Flamande, ne à Anvers en 1597, annonça de bonne heure des talens peu communs, & alla les perfectionner en Italie. Bientôt il eut occasion de se faire connoître à Rome, & ses ouvrages y furent recherchés. Sa réputation passa à Florence, où il fut appellé par le grand-duc. Il revint dans sa patrie, avec l’orgueil de se croire l’égal ou le supérieur de Rubens. Cette vanité, condamnable à quelques égards, ne lui fut pas inutile : l’ardeur de vaincre un rival si redoutable l’élevoit audessus de lui-même, & les plus beaux de ses ouvrages sont ceux qu’il a faits dans l’intention de lutter contre ce grand peintre. S’il n’a pas remporté une victoire complette, il a eu du moins la consolation n d’être déclaré vainqueur dans quelques parties. Il avoit un bon goût de dessin, une expression vive, une couleur chaude & fière, une touche large & facile. Il le délassoit souvent de ses travaux dans le genre de l’histoire, par des représentations de tabagies, de tavernes, de boutiques de charlatans. Ces ouvrages lui rapporroient beaucoup ; mais s’il luttoit contre les talens de Rubens, il voulut aussi disputer avec lui de magnificence, se fit élever un palais, se trouva ruiné avant que l’édifice fût bâti, & mourut de chagrin vers 1640, laissant une leçon utile aux artistes trop souvent amis du faste.


(123) André Sacchi, nommé quelquefois Andreuccio, de l’école Romaine, naquit à Rome en 1599, reçut les premières leçons de son art de son père, qui étoit peintre, passa dans l’école de l’Albane, devint bientôt le meilleur de ses élèves, & le surpassa lui-même pour la partie du dessin. Il avoit déjà de sa réputation, & voyoit les tableaux recherches avant d’être sorti de cette école. Peintre facile, il ne fut pas très-laborieux ; son goût pour la société l’arrachoit souvent à ses travaux. Il auroit eu plus d’amis entre les artistes, s’il avoit eu pour eux plus d’indulgence mais jaloux de leurs talers, il les critiquoit avec dûteté, & affectoit d’entretenir peu de commerce avec eux.

Sacchi avoit une manière large & hardie, un dessin vrai, quoiqu’on y reconnût peu d’étude de l’antique, une composition agréable. Plus aimable que correct, plus frais que vigoureux dans sa couleur, plus léger que sayant dans le jet des draperies, il plaît par