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renouveller ces ablutions deux fois par jour, & les continuer pendant cinq à six jours. Vous laisserez ensuite sécher votre poudre ; avant de l’appliquer, vous couvrirez la figure d’une couche de terre d’ombre broyée à l’huile grasse ; & quand cette couche sera assez sèche pour ne plus happer que foiblement, vous la couvrirez au pinceau d’une mince épaisseur de votre poudre ; & quand cet appareil sera sec, vous vernirez le tout légérement avec de l’huile grasse.


Autre. On prend du miel blanc, on le mêle avec l’or à l’aide d’un couteau sur le porphyre. On le met dans un vase de fayence, & on jette par dessus du vinaigre en assez grande quantité pour que le mêlange en soit couvert. On verse le vinaigre par inclinaison ; on jette de l’eau sur le mêlange deux ou trois fois par jour, pendant quatre à cinq jours. On jette l’eau ; on laisse sécher le mêlange, & on s’en sert avec un pinceau doux. Pour préparer le sujet à recevoir la bronze, on le frotte d’huile grasse, jusqu’à ce qu’il n’en boive plus. On le couvre d’une ou deux couches de terre d’ombre broyée à l’huile grasse. Cette couche étant sèche, on en met une ou deux autres de terre d’ombre & de stil-de-grain, jusqu’à ce que le sujet soit d’un verd-brun. Ces couches doivent être fort minces & très-unies. Il ne reste plus qu’à appliquer la bronze comme ci-dessus.


Autre, extraite de l’ancienne Encyclopédie. On prend du brun-rouge d’Angleterre broyé bien fin, avec de l’huile de noix & de l’huile grasse. On en peint toute la figure qu’on veut bronzer, puis on laisse bien sécher cette peinture. Quand elle est bien sèche, on y donne une autre couche de la même couleur, qu’on laisse encore sécher. Après quoi, l’on met dans une coquille ou godet du vernis à la bronze, & avec un pinceau imbibé de ce vernis, & que l’on trempe dans de l’or d’Allemagne en poudre, on l’étend le plus également qu’il est possible sur la figure qu’on veut bronzer. Au lieu d’or d’Allemagne, on peut prendre de beau bronze qui n’est pas si cher, & qui fait un bel effet. On en trouve de plusieurs couleurs chez les marchands.


Vernis d la bronze. On le compose en prenant une once de gomme-laque plate qu’on réduit en poudre très-fine, & qu’ensuite on met dans un matras de verre de Lorraine qui tienne trois demi-septiers. Alors on verse par-dessus un demi-septier d’esprit-de-vin, & l’on bouche le matras, le laissant reposer pendant quatre jours, pour laisser dissoudre la gommelaque. Il faut néanmoins pendant ce temps-là


remuer le matras, comme en rincent, quatre ou cinq fois par jour, afin d’empêcher que la gomme-laque ne se lie en masse & ne s’attache aux parois du marras-. Si, au bout de ces quatre jours, la gomme n’est pas dissoute, on mettra le matras sur un petit bain de sable, à un feu trés-doux, pour la faire dissoudre entiérement, & lorsqu’elle sera dissoute, le vernis sera fait. En mettant l’esprit-de-vin sur la gomme qui est dans le matras, vous le verserez peu-à-peu afin qu’il pénètre mieux la poudre, & de temps en temps, il faut cesser de verser l’esprit-de-vin, & remuer le matras en rinçant, & continuer jusqu’à ce qu’on y ait mis tout l’esprit-de-vin, pour qu’il soit bien mêlé avec la gomme-laque.

VERRE. (subst. masc.) Peinture sur verre. Les Egyptiens, les Grecs, les Romains, ont connu le verre blanc & coloré ; mais comme ils ne l’employoient pas à la clôture des fenêtres, ils n’ont pas eu occasion d’inventer la peinture sur verre.

La religion chrétienne a donné naissance à cette branche d’industrie, lorsqu’elle s’est étendue dans des climats rigoureux. Comme, par ses offices multipliés, elle retient longtemps les fidèles dans l’intérieur des temples, elle fit sentir le besoin de donner à ces temples la clôture la plus parfaite, & l’on imagina d’en garnir de vitres les fenêtres. Cet usage étoit établi dans les Gaules du temps de Grégoire de Tours.

Les vitreaux formèrent peut-être dès-lors une espèce de mosaïque, faites de morceaux de verres différemment colorés, & rassemblés par des bandes de plomb. Encore long-temps après les vitreaux étoient composés d’un nombre innombrable de pièces, dont quelques-unes, si petites qu’on peut à peine les tenir dans les doigts. On ne savoit encore peindre le verre qu’en masse, & par conséquent il ne pouvoit fournir que des ouvrages de rapports, qu’une sotte de marquetterie transparente.

Ce fut dans le onzième siècle que l’on trouva la manière de peindre sur verre avec des couleurs qui s’incorporoient dans le verre par l’action du feu. Si tous les arts qui tiennent au dessin n’avoient pas été plongés alors dans la barbarie, la peinture sur verre auroit pu faire des progrès rapides.

L’abbé Suger, au douzieme siècle, fit décorer de peintures les vitreaux de l’abbaye de St. Denis ; c’est le plus ancien ouvrage que nous connoissions en ce genre. Suger raconte lui-même qu’il avoit sait venir des pays étrangers les plus habiles maîtres. Ces maîtres étrangers étoient sans doute des Allemands.

Comme l’Allemagne a toujours devancé, dans les connoissances chymiques, les autres nations