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VER VER 795

Ajoutez un tiers en poids de salpêtres calcinez le tout à un feu vif, quatre ou cinq fois, ajoutant à chaque calcination le même poids de salpêtre.


Autre. une once de Périgueux, le plus clair & le plus luisant, autant de mine de plomb rouge, & six onces de sable ou de cailloux calcinés. Opérez comme pour la couleur verte, mais ajoutez une quatriéme calcination, avec une sixiéme partie de salpêtre. Si vous voulez le violet un peu foncé, couchez-le fort épais. Voici un autre moyen d’avoir du violet très-haut en couleur. Quand vous en serez à la derniere calcination, partagez toute la couleur vitrifiée par les trois premieres calcinations, en deux parties égales. Calcinez-en une pour la quatriéme fois avec la dose ordinaire de salpêtre ; partagez cette moitié en quatre parties. Ajoutez-y une quatriéme partie d’azur déja calciné. Calcinez de nouveau avec une huitiéme partie de salpêtre. Mêlez, pilez, tamisez, & broyez comme à la couleur bleue.

Si l’on manquoit de violet, on coucheroit de l’azur un peu clair sur le côté peint, & de la carnation toute pure au revers : on aura un violet foncé.


Pourpre. Pilez, mêlez & calcinez, jusqu’à cinq fois, une partie de périgueux, deux de sable blanc, quatre de salpêtre, & quatre de mine de plomb. Mêlez à chaque calcination de nouveau salpêtre.


Autre. Calcinez une once de la couleur bleue & autant de la couleur violette. Pilez, mêlez, calcinez encore, en ajoutant une quatrieme partis de salpêtre, & broyez comme à l’azur.

Si l’on n’a pas de couleur pourpre préparée, on mêle & on broye sur une table de verre, avec une molette aussi de verre, de l’azur & du violet calcinés. En couchant clair cette teinte, elle donnera une belle couleur de lie de vin.


Préparation du blanc, du verd, du bleu, du violet & du pourpre. Ces couleurs ou émaux, tirés du creuset & refroidis, forment des messes de verre transparent, quand on les divise en écailles minces. Pour les préparer à être portés sur le verre, on brise la masse avec un marteau, on en prend la quantité dont on a besoin, on la pile dans un mortier de fonte, on la passe au tamis de soie, & on la broye sur le porphyre. Dans cette opération, on détrempe la couleur avec de l’eau simple bien nette, jusqu’à ce qu’elle soit en bonne consistance pour être employée, c’est-à-dire, qu’elle ne soit pas molle au point d’être coulante, ni si dure qu’on ne puisse la détremper avec le doigt.

Tous ces émaux doivent être broyés à un tel degré, que si on les laissoit sécher, ils tinssent plus de la consistance d’un sable très-fin que d’une poudre impalpable.

Quand chaque couleur est broyée, on la leve de dessus la pierre avec l’amassette pour la mettre dans un godet de grès bien net. Il est bon d’en avoir plusieurs pour chaque couleur.

La couleur mise dans le godet, on commence par la détremper avec le bout du doigt dans de l’eau claire, assez longtemps pour que le tout soit bien mêlé. On la laisse un peu reposer ; on la décante en versant la partie la plus claire par inclinaison dans un autre godet, & ainsi successivement jusqu’à ce qu’ayant ressemblé dans un seul & même godet tout ce qui s’est précipité vers le fond des premiers, la derniere eau dans laquelle on l’aura lavé, reste claire & sans aucun mêlange apparent de sel cru. C’est ce qu’on appelle trempis. On peut alors laisser surnager cette derniere eau sur la couleur qui est restée dans le fond du godet, jusqu’au moment ou l’on voudra l’employer.

Chacune de ces couleurs s’employe à l’eau gommée : on les y délaye avec le bout du doigt. Il faut les tenir à l’abri de toute poussiere ; de-là, dépend en partie la beauté du travail.


Creusets propres à la calcination & fusion des émaux. Ils doivent être faits de la même terre dont les verriers font leurs pots. Ils résistent plus de temps qu’il n’en faut pour la cuisson des émaux, & supporteroient un feu plus violent que celui qui sert à cet usage. On pourroit se servir aussi des creusets d’Allemagne, qui supporteroient mieux le feu que les creusets ordinaires.

Cependant ces derniers peuvent suffire : mais il faut les chauffer un peu ; les tremper dans de l’huile d’olive, les laisser un peu emboire & s’égoutter. On aura ensuite du verre pilé & broyé en poudre impalpable, on y joindra du borax en poudre, qui aide à la fusion du verre, on en saupoudrera le creuset en dehors & en dedans, autant qu’il pourra en retenir ; puis on le mettra dans un fourneau, d’abord à un petit feu, que l’on poussera progressivement comme si l’on vouloit fondre. Le verre entrera en fusion, il s’incorporera avec le creuset, & le rendra capable de résister à un feu plus violent que celui qu’il devra supporter. On sera encore plus assuré du succès, si en tirant le creuser du feu violent qu’il a subi, on jette dessus en abondance du sel commun.

Les petits pots dans lesquels on apporte à Paris le beurre de Bretagne, forment les meilleurs creusets, & il est bien facile à Paris de s’en procurer.

C’est un excellent usage de lutter les creusets en dedans & en dehors, avec un lit de craie délayée à l’eau & d’une consistance un peu épaisse.


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