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ARB Les couches concentriques du tronc, des bran- ches & des racines n’ont pas toujours existé. Le chêne qui végète depuis deux ou trois siècles en offre un bien plus grand nombre que le chêne de dix ans , & le chêne de l’année en a deux ou trois au plus. Ces couches se forment donc successive- . ment. Observons le végétal dans son origine , & suivons-le jusqu’au moment où il est parvenu au terme de sa croissance ; nous parviendrons ainsi à connoître comment la nature opère ses dévelop- pemens. Dans l’origine l’arbre est renfermé fous les en- veloppes étroites d’une graine. Ces énormes boababs, dont la masse surpasse de beaucoup celle des autres espèces du règne organisé , puisque leur tronc acquiert jusqu’à trente pieds de diamètre , &c leurs branches soixante pieds de longueur, ont été, dans les premiers jours de leur développement , aussi faibles que l'herbe la plus chétive. L’embryon d’un chêne n’a pas deux lignes de long, fur une demi-ligne de diamètre. Sa tige est renfermée entre deux cotylédons épais ci : charnus. Sa racine paroit à l’extérieur fous la forme d’un cône. Si l’on fait l’anatomie de cette petite plante, on voit au centre un filet de moelle, à la circonfé- rence un tissu herbacé, & entre l’un & l’autre tissu une serie de tubes qui condiment l’étui tu- bulaire : il n’y a point encore de liber, d’aubier ni de bois. A peine les fluides de la terre dévelop- pent cette plante délicate , qu’il fe dépose une cou- che de liber, entre le tissu herbacé es : l’étui tubu- laire. Ce tissu, comme en l’a vu plus haut, eft un réseau de tubes, dont les mailles font remplies par le tissu cellulaire ; cependant les tubes s’alongent & se redressent , les mailles deviennent p’us étroi- tes, & le tissu cellulaire qu’elles renferment , eft comprimé : il en resulte insensiblement la méta- morphose du liber en aubier ; mais ce tissu , à me- sure qu’il s’alonge , perd de son épaisseur ; il se détache du tissu herbacé, & laisse un vide que vient remplir une autre couche de liber. Cette couche est à fon tour convertie en aubier, & re- couverte d’un nouveau liber, tandis que l’ancien aubier se change en bois. La jeune tige, parvenue à cette époque, pré- fente trois couches qui n’existoient pas dans l’em- bryon. La plus intérieure est en même tems la plus anciennement formée , la plus solide , la plus com- pacte ; elle forme !e bois. Celle qui la recouvre, est moins ancienne & moins dure ; elle forme l’au- bier. La plus récents & la plus extérieure est molle & verte : c’est elle qui constitue le liber. A mesure que les couches du bois se multi- plient, celles de l’aubier &c du liber se renouvel- lent, & l'épaisseur de la tige augmente. Ce font ces couches successives qui forment les zones con- centriques que l’on observe fur la coupe transver- fale des troncs des arbres dicotylédons , & qui Botanique. SuppUmcnt. Tome I. ARB 425 font fi nombreuses dans les individus , dont la naissance remonte à plusieurs siècles. Quant aux rayons médullaires , on conçoit facilement leur formation. Les mailles des reseaux superposes les uns aux autres se correspondent, & font comblés par le tissu cellulaire, qui se prolonge par con- séquent du centre à la circonférence , & commu- nique d’un côté avec l’étui tubulaire, & de l’au- tre avec le tissu herbacé. Mais comment ces végétaux croissent-ils en lon- gueur ? Cette question n’est pas difficile à résou- dre. La tige des arbres dicotylédons a toujours une forme plus ou moins conique. Si ce carac- tère s’altère & même s’efface presqu’entiérement dans un grand nombre d’espèces , il se montre dans d’autres d’une manière bien frappante , tel que dans les peupliers , les sapins , les thuya, &c. dont la tige verticale s’élève comme une pyramide conique , très-alongée. La différence de longueur dans le diamètre du tronc, mesuré à différents hauteurs, s’explique par l’examen de la coupe transverfale , qui offre un plus grand nombre de zones concentriques à la base du végétal qu’à son sommet : d’où il faut con- clure que les couches ne s’étendent pas également dans toute la longueur de la tige. En effet , fi l’on coupe un tronc verticalement en suivant l’axe de l’arbre, on remarque à la su- perficie de chaque plan formé par la section , que les lignes des couches s’inclinent les unes vers les autres , & forment des angles dont le sommet regarde le ciel. Ces angles font placés les uns dans les autres, de telle forte que l’extrémité de leurs côtés repose fur la racine, & que leurs fom- mets , qui aboutissent à l’axe de l’arbre , font d’autant plus élevés, que les angles font plus ex- térieurs. Il est évident, d’après cela, que chaque couche représente un cône , & que tous les cônes font , de même que les angles , placés les uns dans les autres. Pour concevoir maintenant par quels moyens la tige s’élève, il faut examiner comment se produisent ces cônes concentriques. Revenons donc fur nos pas , & considérons de nou- veau l’arbre à l’époque de la germination. Le premier feuillet du liber , formé entre l’étui tubulaire & le tissu herbacé , s’étend : -puis la base de la petite tige jusqu’à son sommet, qui est surmonté d’un bouton. Ce bouton s’épanouit & s’alonge ; la couche du liber s’alonge également, & se change en un cône ligneux. Arrivée à ce point de développement, elle cesse de croître ; mais la couche nouvellement formée , qui revêt toute fa superficie, & qui par conséquent a déjà la même hauteur qu’elle , produit un second bou- ton , & ne tarde pas à s’élever avec lui. Cette cou- che , transformée à son tour en cône ligneux, est bientôt recouverte & dépassée par uns troisième couche. Une quatrième surmonte celle-ci, & sert Hhh