Page:Encyclopédie méthodique - Commerce, T01.djvu/17

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vìij . VI SCOURS son iste déserte^our toute .compagnie qu’un malheureux esclave , afin" de’montrer lè premier principe des sociétés, dans la foiblessé qui sert & dans l’orgueuil qui domine ?

A la-place du serf opprimé , du maître tyrannique ; mettez un homme aimable, une compagne chérie, faites croître autour d’eux, une postérité nombreuse & raisonnable ; que Crusoë fidèle à l’instinct’ de la nature qui nous fait laboureurs , soit le chef d’une famille cultivatrice, vous n’imaginerez plus le roman de l’-humanité , vous, en écrirez l’histoire.

Doutez-vous qu’ils íorment une première, une intime société, ces tendres parens & ces enfants bien aimés qui les environnent ? Déja les premiersramaux se réunissent, déja les alliances multipliées ont donné letre à de qouyeauxrejettons.Pour quoi supposez-vous que les jeunes époyix vont se bannir au plutôt loin des auteurs de leur naissance 3 dont la tendresse bienfaisante protège leur foiblesse, instruit ieur ignorance $ç multiplie chaque jour leurs propriétés ?

Vous imaginez qu ils vont prends e la fuite & se perdre dans les déserts ; mais quels puissants motifs auroient-ils donc de renoncer aux lieux qui les ont vu naître, embellis par les foins de la famille & parles travaux de leur adolescence ? Vous les croyez donc tous aveugles fur leurs, propres intérêts , insensibles à ï’amitié fraternelle & dépouillés de toute pitié filiale ?

Pourquoi ne pas admettre qu’ils puissent vivre eri paix , croître 8c multiplier au sein même de la société qui leur a donné le jour ? A quoi bon les’disperser en idée,parmi les bois comme des bêtes fauves , pour les rassembler ensuite à l’aventure & leur dicter au gré de yos systèmes des pactes, arbitraires ?

Laissons auprès de Robinfon l’essein nombreux de ses arrières petits-fils, vqyons-les étendre leurs domaines , améliorer leurs cultures, perfectionner leur industrie • :bientôt Theureux Crusoë sera le fondateur d’un %rasteEmpire. Distinguez les tribus qui reconnoissent pour premières tiges les fils du patriarche, & vous aurez dest royaumes.

Dans ces sociétés qui ne composoient originairement qu’une seule famille, remarquez


avec soin comment les horames le partagent êritr’éux, les devoirs. & les travaux. Car" cçst cette diversité des fonctions, c’est elle précisément Sc uniquement qui fait l’essence même & le vrai principe constitutif des états policés,fans aiitrespactes ni conventions tacites ou formelles, Grande vérité fondamentale , probablement ignorée des anciens & peu développée par les modernes, quï mérite d’autant mieux d’être mise ici dans tout son jour , qu’elle renferme les vrais titres de la noblesse du Commerce & vraisemblablement les feules régies qui doivent le gouverner.

Qu’il nous soit donc permis- de creuser jusqu’aux premiers fondemens de cette utile théorie, qui n’ont point été suffisamment approfondis , même par les plus zèles panégyristes du Commerce, ni par les premiers défenseurs de fa liberté. Nous n’aurons pasbesoin d’une longue digression, trois principes clairs & frappans suffiront à ce dé veloppement.

i°. » Pourvoir le mieux possible à sa propre conservation , à son propre bien-P- êtie, pour éviter.la souffrance Scia mort 33 dont nous sommes fans cesse menacés 33 parla nature : «c’est le devoir des hommes. II est manifeste., universel, imprescriptible. C’est le premier, le seul fondement de tòute morale & de toute politique.

2.°, Pour que l’espèçe humaine remplisse le mieux possible ce devoir-naturel, deux conditions essentielles font. prescrites avec la plus suprême.évidence. 33La première exige 33 que nul mortel ìr’opçre sa.conservation 33 personnelle &. son bien-être particulier, 33 en détruisant celui d’un autre, « & c’est la loi de justice. La seconde veut qu’aucun ’ des humains ne se fassedu bien à lui-même , qu’en le partageant avec ses semblables & c’est Yordre, de bienfaisance.-Lecteur , qui que tu fois, qui ne trouverois pas ces deux vérités gravées dans ton coeur ; ce n’est pas à toi que je parle , c’est pour des. hommes que j’écris.

30. Quels sont les moyens naturels que peut employer notre intelligence pour ac- . c omplir ainsi de mieux en mieux ce premier devoir général Çç continuel ? Çe font nos

propriétés,