Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/200

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avoir bien examiné son sujet, la regardoit comme une chose chimérique (1).

Arrington, dans son Océana, a aussi examiné quel étoit le plus haut point de liberté où la constitution d’un état peut -être portée ; mais òn peut dire de lui qu’il n’a cherché cette liberté qu’après l’avoir mécqnnue, 8c qu’il a bâti Chalçédoine, ayant le rivage de Bisance devantles yeux. —.’ .- . Au reste, tous les esprits, raisonnables seront •dé l’ávis de Montesquieu. « Je ne prétends point » pat là ravaler lés autres gouvernemens, ni dire » que cette liberté politique extrême doive mortiv-f ìer ceux qui n’en ont qu’une modérée. Comment dirois-je cela ,. moi qui crois que 1excès » même de la raison, n’est pas toujours déíîrable , 8c que les hommes s’accommodent prés- " que toujours ; mieux des milieux que des extré- . »,mités".. -

La constitution angloise n est pas propre aux autres contrées, par une raison qu’il n’a pas indiquée. Si YAngleterre faisoit partie du continent, sa constitution ne subsisterait plus , 8c peut-être ne-se scroit-elle jamais établie. II seroit à désirer qu’elle s’établît parmi les autres liations de TEurope ; mais, dans l’état actuel des choses, ce projetfe trouve impossible. Les Etats-unis viennent de rétablir avec bien des modifications : on verra un jour si elle peut se maintenir ailleurs que dans une ifle. . »rLa liberté invoquée de toutes parts, dit -M. de Lolme,. mais peu faite :, ce me semble , » pour les sociétés composees d’êtres aussi ímparfaitsquel’homme, se montra autrefois aux peu- " pies ingénieux qui habitoientle midi de l’Europe. » Ils se trompèrent toujours dans la forme de leur " culte ; cherchant à porter par-tout leur domination j ils ne se trompèrent pas moins dans » l’esprit de ce même* culte : 8c quoiqu’ils lui » aient long-temps adressé leurs voeux, elle ne » fut guères pour eux que la déesse inconnue. ’ ;» Exclue de ces lieux qu’elle avoit semblé préférer , . poussée jusqu’aux extrémités de notre » monde occidental, chassée même du continent’j elle s’est réfugiée dans la mer atlan- » tique : c’est-là qu’à labri des commotions étran- » gères, elle a développé Ja forme du gouver-

  • nement qui lui convenoit, 8c il lui a fallu six

«siècles pour achever son ouvrage. ,.

» Elle y règne fur un peuple d’autant plus digne

» de Ja posséder, qu’il cherche à étendre son » empire, 8c porte par-tout l’égalité Sc lindust’rie. » Environnée, pour me servir des expressions de » Charnberlayne (i) , d’un fossé profond qui est » l’océan, entourée d’ouvrages extérieurs, qui »"sont 1ses vaisseaux, 8c défendue par le courage " de ses matelots , elle conserve ce secret im- " portant _au genre humain , cé feu sacré qu’il » est si difficile d’allumer , 8c qu’on ne retrou- » yeroit peut-être plus, s’il s’éteignoit. Du haut » de cette citadelle, flottafite au milieu des eaux , » elle montre aux hommes le’principe qui doit » les unir ; 8c, ce qui n’est pas moins essentiel, " la forme d’association qui paroît offrir le plus » d’avantages- 8c le moins d’inconvéniens. Lors- » que le philosophe réfléchit aux causes puissantes » qui mènent presque tous les peuples au despotisme ; lorsqu’il considère que les hommes, » en se réunissant pour leur bonheur, ne trou- .» vent ordinairement que l’esclavage 8c la misère " dans cetté réunion , le spectacle de YAngleterre » lili cáuíè du moins un instant de plaisir «. SBCTION XIIe. Des abus du gouvernement anglois. Les hommes abusent de tout ; 8c sans rh’arrêter ici fur cette vérité, je renvoie à l’arricle ABUS. Parmi les abus que je vais indiquer, il en est quelques-uns qui paraissent aux hommes, les plus versés dans les matières politiques, inséparables de la constitution d’Angleterre ; il y en a d’autres qui sont inhérens à la nature humaine ; 8c enfin, il y en a qu’il est facile de réformer. Des abus qui paraissent inhérens à la constitution . ^’Angleterre. i°. La corruption d’une partie de la chambre des communes se trouve dans ce cas. « La portion de puissance , dit M. Hume , dont « la chambre des communes sc trouve revêtue 3 = ?est si grande, que cette chambre est maitresse » absolue de toutes les autres.parties du gouvërnement. Le pouvoir législatif du prince n’est pas » une barrière suffisante pour la contenir ; car „ ’.= quoique le roi ait la négative pour lá sanction » de toutes les loix , cè~privilège est en esset reconnu pour être si peu important, que tout ce qui " est arrêté par les deux chambres est toujours fur " de passer comme une loi. Lè consentement du » roi n’est presque autre chose qu’une pure fprmalité. Le principal poids de la couronne eft » dans le pouvoir exécutif : mais outre que le pouvoir exécutif dans tout gouvernement est tou- . » jours subordonné au pouvoir législatif, l’exercice de cette puissance -demande une dépense » immense,^ les communes se sont attribué, à ==elles-mêmes , le seul pouvoir de disposer de » l’argênt. Combien donc ne seroit - il pas facile « à cette chambre de dépouiller la couronne de " tous ses privilèges l’un après l’autre, en rendanç (i) Cunctas nariones & urbes , populus aut prières, aut finguli , regunt. Délecta ex his & constituta reipublicsferm» laudari. facilius quàm evenire ; vel, à evenit, haud diuturna elîè.potest. «  ( i ) State os great Britain. .- '