Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/228

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humide & plus friable se mêle avec les feuilles & les débris des plantes, il se forme une couche de terre plus épaisse que celle qu’on trouve sur des argiles grasses. Le tuf a aussi des propriétés suivant ses différentes qualités. Là où il est moins dur ,-moins compacte , moins poreux, de petites parties se détachent en forme de caissons toujours altérés, mais conservant une fraicheur utile aux plantes. C’est ce qu’on appelle en Amérique un fol de pierre-ponce. Par-tout où T argile 8c le tuf ne comportent pas ces modifications, le sol est stérile, aussi-tôt que la couche , fuite de la décomposition des plantes originaires, est détruite par la nécessité des sarclages qui exposent’ trop souvent les sels aux rayons du soleil. De-là vient que la culture qui exige le moins de sarclage , Sc dont la plante couvre de ses feuilles les sels végétaux , en perpétue la fécondité. Lorsque les européens abprdèrent aux Antilles, ils les trouvèrent couvertes de grands arbres , liés, pour ainsi dire, les uns autres par des plantes rampantes qui, s’élevant comme du Hère, embrasìoient toutes les branches-, 8c les dérobo’ient à la vue. Cette espèce parasite croissoit en telle abondance , qu’on ne pouvoit pénétrer " dans, les bois -fans la couper. On lui donna le nom de liane, analogue à fa flexibilité. Ces forêts , aussianciennes que le monde, avoient plusieurs générations d’arbres, qui, par une singulière prédilection de Ta nature-, étoient d’une grande élévation, très droits , fans excressence ni déféctuosités. La chute annuelle des feuilles., leur décomposition , la destruction des troncs pourris par le temps ’, formoient fur la surface de la terre un sédiment gras , qui, après Te défrichement , opérait une végétation prodigieuse_dans les nouvelles plantations qu’on fubstituoit à ces arbres. Les vallées, toujours fertilisées aux dépens des , montagnes, étoient remplies’de bois mous. Au pied de ces arbres çroissoient indistinctement les plantes que là terre libérale.produisoit pour la nourriture des naturels du pays. Celles d’un usage plus universel étoient le cauhcoulh, Tignáme, le choux caraïbe 8c la patate. Ç’étoient des espèces "de pommes de terre nées à la racine des plantes’qui rampoiént, mais forçoient tous les obstacles dpnt elles sembloient devoir être étouffées. -_’ -’"' . Outre les racines , les ifles offraient à leurs habitans des fruits extrêmement variés. On y tiOuvpit des oranges, des citrons, des limons, dés grenades. II y en avoit qui ne s’éloigneient pas absolument de nos pommes, dé nos poires, de •nos cerises, de nos abricots, Sc nous n’avons rien dans nos climats qui puisse nous donner Tidée de la plupart, des autres. Le plus utile étoit la banane ; elle.croissoit dans des lieux frais fur une flçche molle , spongieuse 8c haute d’environ sept pieds. Cette flèche périssoit avec son fruit j mais, avant qu’elle tombât, on voyoit sortir de fa souche un rejetton qui, un an après, périssoit à son tour , 8ç se régénérait successivement de la même manière. Les ifles n’avoient pas été traitées aussi favorablement en plantes potagères qu’en racines Sc en fruits. Le pourpier 8c le cresson formoient eu ce genre toute leur richesse. Les autres moyens de subsistance y étoient fort bornés. II n’y avoit point de volailles domestiques. Tous les quadrupèdes étoient bons à manger ; mais ils se.réduisoient à cinq espèces, dont la plus grosse ne furpassoit pas nos lapins.- Les oiseaux, plus brillans Sc moins variés que dans nos climats , n’avoient guères d’autre mérite que leur parure. SECTIONTROISIEME. Des avantages que les européensretirent des Antilles. Les eurp.péens surent à peine établis dans les Antilles, qu’ils songèrent à faire travailler la terre par des esclaves. Us condamnèrent d’abord à une espèce de servirudè les naturels du pays ; mais lorsque la race des sauvages fut diminuée, la difficulté de tirer d’Europe assez d’hommes libres pour {’exploitation, Sc fur-tout Tidée que les naturels, du, pays, ou des nègres pourraient seuls cultiver la terre sous ce climat très-chaud , firent qu’ils allèrent en Afrique acheter des esclaves. On tourna les premiers travaux de ces esclaves -vers les objets nécessaires pour la conservation de leur misérable existence. Excepté dans les ifles occupées par les espagnols, où les choses sont à-peu-près ce qu’elles étoient à Tarrivéedes européens dans le Nouveau-Monde, les provisions qui fuffisoient aux_sauvages, ont diminué à mesure qu’on a abattu les forêts pour former des cultures. II a fallu se procurer d’autres subsistances ; Sc les. principales ont été tirées du pays même des.nouveaux consommateurs ; tels sont les pois d’Angola, le manioc, la canne qui donne le sucre, 8cc. C’est principalement avec le sucre que íes ifles achetent tout ce qui Convient ou qui plaît à leurs colons. Elles tirent de l’Europe des farines, des viandes salées , des soieries , . des toiles., des quincailleries , tout ce qui est ’nécessaire à leur vêtement, à leur nourriture , à leur ameublement , à leur parure, , à leurs commodités ,

à leurs fantaisies même : leurs consommations

en tout genre sont prodigieuses , Sc doivent influer nécessairement fur les moeurs des habitans, la plupart assez riches pour se les permettre. On a calculé que les productions du grand Archipel de TAmérique j valent, rendues en Eu- , , Ddi