Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tion. Étoit-ce en effet sur la police de Rome & d’Athènes que nous devions régler la nôtre, après que le temps nous avoit dévoilé les vices de celle-ci ? & devons-nous suivre les faux principes & les vues erronnées du gouvernement républicain ?

Dans les républiques , c’est-à-dire, dans les sociétés qui entreprennent d’exercer en commun , les droits 8c les devoirs de ra souveraineté, Tautorité seeoncentre nécessairement dansles villes, puisque c’est la résidence du commun. Selon Tordre d’idées 8c d’opinions qu’établit ce genre de gouvernement, personne n’y est réputé propriétaire de Tautorité ; nul n’en est que le mandataire , ce qui fait une grande différence pour le refpect-Sc la force d’habitude. - . Là où Tordonnateur n’est que magistrat Sc ou le public est souverain , cet être métaphysique fie public) est composé d’une multitude de têtes , Sc chacune d’elles s’attribue extérieurement mie portion de Ja souveraineté plus ou moins impor- , tante scion ses idées ; un exemple, quoique pris dans le genre comique, peut mieux faire sentir cette vérité.

Quand Arlequin consent à devenir père de famille, c’est à condiripn qu’il mettra le premier la main au plat. Telle- est à-peu-près la prétention de tout membre de la démocratie de ville. Du pain 8c des spectacles, {panes &cireenfes}) ’ difoient les romains qui furent 8c feront toujours les plus fameux des démocrates. Aussi , lorsque ce peuple civilisé pour la guerre, 8c belliqueux pour la politique parvint à se croire le maître du monde connu , il fallut que les bleds de la Sicile, ensuite ceux de TÈgypte Sc de TAfrique, vinssent nourrir à bas prix , Sc souvent en distributions gratuites, ce peuple séditieux qui se regardoit comme le souverain de tous les peuples de la terre, Sc qui n’étoit pourtant que le jouet de Tintrigue Sc de Tambition de ses citoyens, 8 : Tefclave volPntaire de fa prapre oisiveté. Cependant ces bas prix oU ces distributipnsgratuites des grains , qui paraissoient-être le fruit de la sollicitude des questeurs ou de la munificence desédiles, n’étoient réellement que le produit de la rapine Sc dé la dévastation des plus belles provinces. Cet abus, "terrible par scs suites, entraîna l.a ruine de la république Sç.celle de Tempire de Rome.--En effet, quand Tempire affaissé fous son propre poids fut obligé de reconnoître des .souverains, qui ne purent être que tyrans , attendu quela souveraineté légitimé a fa base fur les campagnes , ces empereurs, pour se soustraire au joug de la populace , furent obligés de là livrer à celui de la soldaresque Sc de le subir eux-mê- „ m.es ; tel fut Sc tel fera toujours le sort de tout despotisme , d’être nécessairement esclave de la IJopulace" ou des soldats , d’errer ensuite en aveugle à travers le dédale ! de Tintrigue , Sc de se consumer en vains efforts pour trouver f dans fa politique, les moyens de contenir ou de balancer ces^deux pouvoirs monstrueux. . Les nations modernes :, qui se croient si supérieures aux anciennes dans la science du gouvernement , suivent quelquefois néanmoins d’une manière bien servile les erreurs politiques de celles-ci ; Sc ce qui devrait bien étonner, si Ton ne favoit ce que peuvent fur Thomme l’opinion Sc k routine , c’est que les mauvais effets passés 8c présens de cette pernicieuse imitation ne les retiennent point. La gloire attachée au nom romain couvre à des yeux prévenus, toutes les taches de l’histoire de Rome, 8c-Ton est encore flatté de faire ce- qu’elle a fait, parce qu elle Tafait, 8c qu’on ne pense pas trouver un plus excellent modèle. Rome établit Tufáge des approvisionnemens publics ; on ne peut-"faillir en l’imitant. ( De ce modèle d’antique république Sc d’abus républicains ,- font ainsi dérivés tous lés- approvisionnementspublics : -, dont la protection Scie maintien deviennent importans aux yeux des gouvernemens , en raison de ce que ceux-ci tournent plus ou moins vers. T’arbitraire ; car les princes vains^, inappliqués 8c-, volontaires, font flattés par l’arbitraire qu’ils, prennent pour la souveraineté , quoique , _ dans le souverain légitime , ce

ne soit, pour ainsi dire, que mutinerie d’enfant

Sc qu’assujettissement de fa part aux impulsions de Tintrigue 8c des passions qui Tentourent. Un . prince mûr 8c réfléchi, qui s’occupe assiduèment

des affaires de son état, se trouve au contraire

1ffrt heureux de n’avoir qu’à faire observer des règles connues Sc respectées de tout le monde ,., Sc de se donner en quelque sorte pour lieutenans de l’opinion universelle & la terreur de ceux qui se dérobent à Tordre. II ne pose pas le bien public fur Te détriment de la propriété particulière -, 8c il n’â garde de blesser la liberté naturelle de ses sujets, sous le spécieux prétexte de pourvoir à leurs besoins 8c à leur sûreté. . Quand on commence à montrer à un souverain légitime la populace Sc* ses-émeutes comme fort à craindre y qu’il se tienne pour averti qu’on le présente au peuple comme ayant deux cènts mille-hommes pour se faire obéir. On le con^ duit ainsi , 8c on J’entraîne vers le malheureux état des despotes d’Asie/qui :, dans les détails-, ne surent jamais se soumettre à des loix fixespour ; en faire en grand. T appui de leur trône , ,5c qui fans cesse, entre la crainte des séditions populaires 8c celle des murmures 8c des àtten^ tats de la soldatesque, éprouvent à chaque instant des inquiétudes mortelles. Et qu’on ne dise pas que les empereurs romains n’ont été si souvent la’ victime des soldats que par Tinstabilité dé la succession au trône , & qu’il n’y avoit point alors dèfamille régnante ; il n’en est point au monde de si respectée par l’opinion. populaire Sc par le préjugé.natiorraT&í Ee% " -