Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/242

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une cité qu’il destinoit à être la capitale de son empire, Mahomet ordonna à tous ceux qui suivroient sa loi, de se rendire une fois dans leur vie à la Mecque, sous peine de mourir en réprouvés. Ce précepte étoit accompagné d’un autre,’qui doit faire sentir que là superstitipn seule ne se guídoit paS ; il exigea que chaque pé^ lerin, de quelque pays qu’il fût, achetât 8c fît bénir cinq pièces de coton, pour servir de suaire, tant à lui qu’à tous ceux de fa famille, que des raisons auraient empêché de faire ce saint voyage. Cette politique devoit faire de l’Arable le centre d’un grand commerce , lorsque le nombre - des pèlerins s’élevoit à plusieurs millions. Le zèle s’est si fort rallenti, fur-tout à la côte d’Afrique ;, dans Tlndostan 8c en Perse , à proportion dé J’éloigriement où ces pays font de la Mecque, qu’on n’y en voit pas plus de cent cinquante mille. Ce font des. turcs ppur la plupart ; ils emportent sept cent cinquante mille pièces de toile de dix aunes de long çhacuné , fans compter- 7 ce que plusieurs d’entr’eux achetent pour revendre.. • Ils font invités à ces spéculations par Tavantage qu’ils ont, en traversant Je désert, de n’être pas écrasés par les douanes Sc les vexations qui rendent ruineuses" les-échelles de Suez Sc de Bassora. L’argênt de ces pèlerins, celui de la flotte, celui que les arabes ont tiré de la vente de leur café, va se perdre dans les Indes. Les vaisseaux de Surate, du Malabar, de Coramandel, du. Bengale, en empprtent tousses ans pour six millions de roupies, 8c pour environ le huitième de cette / somme en marchandises- Dans le partage que les nations commerçantes de l’Europe font de ces, richesses, les anglois sont parvenus à s’en approprier la portion la plus considérable.

ARBITRAIRE, adj. mot qui vient du latin arbitrium, volonté ; pris sous une acception générale ; il se dit de ce qui n’est déterminé ni limiré [>ar aucune loi : on Temploie aussi pour signifier e pouvoir despotique exercé tyranniquemént par un souverain, un ministre, un juge , 8cc. L’arbitraire, pris strictement dáns le premier sens, est un être de raison ; car qu’y a-t -il dans le monde qui ne soit pas soumis à-.quelque loi ? Nul ne peut exercer l’arbitraire même en fa personne ; il sent 8c pense tout autrement jèUne que’ vieux, sain que malade, Sc d’un jour Sc d’une heure à l’autre, selon, qu’il est à jeun pu qu’il a trop dîné : il est gouverné par une loi physique, plus forte que lui , 8c qui détermine fa ; propre volonté. L’arbitraire, dans le sens d’une volonté tyrannique qui veut être loi , ne convient pas plus póur foi que pour les autres, Car U ne faurpit passer la borne des possibles. Pourrais je, par exemple, marcher fur la tête quand je le .voudrais ì La raison 1des choses s’étend fur tout ; elle S’oppose à l’arbitraire, 8c je fuis obligé de me soumettre à la raison dé .mes organes. 8c de mes. (Scan, polit. & diplomatique. Tom. I . facultés, ou d’être un fou, qui commencera, en s’y refusant, à se détruire lui-même. Certainement je ne pourrais fur lés autres ce que je ne puis fur moi ; Scquand je ferois même la raison personifiée, mon opinion devrpit être sentie, else.devroit être entendue chez les’autres, Sc elle ne fauroit l’être que par leurs organes Scpar leurs facultés. Si donc j’ai besoin des autres, ma raison doit être d’acCord avéc la leur, 8c sentie par eux, sans quoi ils ne Tentendront pas.-A proprement parler, nulle volonté n’est arbitraire ; nulle existence arbitraire, nulle société arbitraire, nulle autorité arbitraire ; il faut y renoncer. Qu’est-ce donc qu’on entend par un pouvoir arbitraire ? C’est le_pouVoir qui ordonne, qui décide 8c qui opère sans le consentement :de ceux sur lesquels il agit ; ce qui équivaut à dire t qu’il intercepte toute Taction.de l’obéissance j Sc sc réduit à la seiile force du pouvoir coarctif. L’arbitraire que notre- aveugle foiblesse Sc l’opinion reçue-dès l’enfance nous font prendre ppur le.plus haut point du pouvoir, n’en est ainsi que la diminution graduelle Sc Tanéantissement. La belle’ tête ! f ? je puis la faire couper, disoit un tyran ivre d’orgueil Sc de folie ; en effet c’est un beau privilège que de pouvoir faire couper la’tête de son voisin fans entendre raison ; cependant il scroít plus utile, je crois, de le faire agir^ppur notre service, 8c dès-lors il fauty-re- : nonçér. Mais, me dira ce fou, si je peux dis- . pjíser de fa vie , je peux donc plus facilement éneore disposer de ses travaux Sc des facultés de

fá personne,

Sc il est ainsi entièrement à mes ordres. Oh ! point du tout ; il faut être privé de raison pour imaginer que qui que ce soit se meuve Sc travaille dans la feule vue de nous servir ; chacun agit pour son propre service, C’est Tordre de la nature ; Sc T enthousiasme même, qui peut enfanter des prodiges.de dévouement, n’est qu’une exaltation de cet amour-propre, premier mobile de notre existence,,8c qui est inséparable de nous. Or, le fou qui croit faire le mal fans en rendre compte, parce que.(-semblable à un enfant qui du haut d’un toît jette une tuile fur les passans ) il a surpris ceux qui n’étoientpas fur : leurs gardes, 8c fait tomber ses coups furies adulateurs assidus &Cserviles du despotisme ; le tyras. insensé aliène par cela même la volonté’ de tous les autres ; il cesse de régner ; il quitte le sceptre pour porter le glaive, Sc pour exercer lé pouvòn ?

d’un .bourreau.

Mais les hommes, dit-on, ne sont menés quepar la crainte Sc par Tefpérance : changez Tordre de ces mobiles ,8c dites, parl’efpérance Sc par la ’crainte. En effet, Thomme , scion la nature3 ne vit que pour espérer ; il ne craint qu’à pro- . portion de ce qu’il espère ; il n’agit que par Tefpérance

la crainte le fera fuir,

mais’ par un ’ mouvement subit Sc précipité, qui ne peut avoir de fuite ni d’effets avantageux. Encore s’il n’est