Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/288

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cèdent ou accompagnent chaque année la production & la récolte ; qu’elles la préparent & l’occasionnent immédiatement. En effet elles sont indispensables dans toute exploitation, & sur-tout dans celle de terres, & c’est pourquoi l’épithète de dépenses productives leur convient à merveille. Les avances qu’un proprétaire fait chaque année pour payer son jardinier & ses manœuvres, pour lui fournir des graines, des plants, des engrais, sont productives des fleurs & des légumes qui croissent dans son parterre & dans son potager. Celles que fait chaque année un fermier pour entretenir son berger & son troupeau, sont productives de la laine qu’il tire de ses moutons : enfin la dépense qu’on fait en salaires d’hommes, pour réparer la clôture, balayer, rigoler, arroser les prés, est en quelque sorte productive de l’herbe qu’ils portent & du foin qu’on y recueille ; d’où nous pouvons conclure que les avances annuelles, ou la troisième espèce de dépenses de la culture sont également nécessaires à la production, & par conséquent productives ; qu’elles sont les préliminaires indispensables de la récolte & les causes préparatoires les plus immédiates de la production totale.

Toutes ces dépenses de la culture ou avances produftives sont. un prêt fait àJa terre par le propriétaire 8c le cultivateur, dans le dessein 8c la juste espérance de s’en faire pâyer l’intérêt avec profit. Sans ce motif 8c fans cet espoir légitime , il n’y auroit ni champs ni récoltes. On cultive lá terré, parce qu’on fait qu’elle rendra, nonfeulement les grains qu’on lui a confiés , mais parce qu’on ne doute pas qu’elle n’accorde un surcroît de production, suffisant pour indemniser le prêteur ; & Ja terre n’est point ingrate. L’ex- Ìiérience’ sait voir que cette mère nourrice est ibéraledans des proportions réglées» qu’elle rend peu à qui lui donne peu ; mais qu’elle augmente fa libéralité dans une progression surprenante, à mesurequ’on a soin d’augmenter les avances qu’on fait pour elle. Plus ces avances ; sont fortes, plus les intérêts qu’elle payé font considérables. Les profits qu’elle donne ne sont jamais plus grands que lorsqu’on n’a rien épargné pour la cultiver. Si la terre ne répondoit pas avec usure à nos travaux 8c à nos avances, la seconde génération deshommes n’eût jamais été plus nombreuse que la première ; cár où s’arrête la subsistance, là se borne la population. C’est une erreur des citadins’ dé croire "qu’il rie faut que dés bras pour rendrela-terreproductiveiPouravoirdegrandsprOduits -,11 faut avoir "de fortes avances. Pour faire r «e terres incultes, un empire fertile 8c puissant, il sauts occuper, des richesses 8c ~non des mariages,

car ceux-ci seront’toujours une conséquencenaturelle

des autres : un pays riche est toujours tien peuplé. ’ " ; Ce font les avances foncières, qui font le titre primordial du propriétaire , au moyen duquel il I vend son domaine ou il Pafferme, & en per* çoit les revenus fans contestation ; ce sont les avances primitives & annuel/es qui assignent au cultivateur une part fur ces revenus , dans la propoition de ses avances ,• car il est juste 8c nécessaire que celui - çi tire également une juste rétribution, ou, si l’on veut, un intérêt proportionné à ces dépenses. On apprécie 8c on calcule ces dernières avancess 8c l’intérêt qu’elles doivent rendre, comme nous le verrons dans un moment ; quant* à l’entretien foncier , qui dépend de la solidiré des premiers établissemens , des cas fortuits, 8cc.il ne se calcule pas.

Entretien, réparations & renovation des avances primitives.

Les : outils 8c les machines de toute espèce , grands 8c petits, qui forment là première por^ tion des avances primitives ou de premier établissement , se consomment par Pusage ; il faut de temps en temps renouveller les bêchés , les charrues, les charretes 8c les autres outils aratefcres ; il faut même une fuite habituelle de réparations, 8c d’ailleurs il arrive toujours dés.accidens & des pertes imprévues.

Dans les grandes entreprises de culture , dans les fortes exploitations de bois 8c autres semblables, travaux, il sc fait une dépense assez forte pour le rétablissement périodique des premiers, instrumens , qui forment les avances primitives. Les animaux de toute espèce exigent un pareil entretien. De même qu’on est obligé de renoua veller de temps en temps à la ville les voitures 8ç les chevaux, tout de même à la campagne un fermier est obligé de renouveller ses charrues, ses charretes , ses tombereaux , ses boeufs ou ses chevaux de labour. Nos meubles ne durent pas toujours, 8c ceux de la ferme, dë : la vacherie j de í’étabíe, duparc à moutons s’usent aussi ; les cuves, les pressoirs 8c les échalas fur-tout ont grand besoin de rénovation. Les dangers 8c lës accidens sont bien plus.fréquens 8c plus coûteux à la campagne.

Pour prendre un point fixe dans une matière ’où les diversités naturelles 8c accidentelles sont si grandes. Oh a estimé qu’il falloit consacrer àpeu-près chaque annéè un dixième du prix principal , à l’entretien 8c à la réparation des avancesprimitives ; c’est à-dire, que si on suppose dans ùnè grande 8c belle ferme pour trente mille livres dépareilles avancesprimitives, il faut supposer alors que le fermier doit en retirer, pour.l’intérêt de son argent 8c pour l’entretien de son attelier , , trois mille livres , en compensant lesânhées les unes par les autres du fort au foiblë, & les accidens ou cas fortuits avec les événemens ordinaires ; que l’entretien, les réparations, les renovations successives, naturelles ou accidentelles