Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/312

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cet article. On ajoutera ici quelques observations tiréesde Montesquieu. Les loix des barbares furent toutes personnelles. C’est un caractère-particulier de ces loix desbarbares , qu elles ne furent point attachées à un certain territoire

le franc

étoit jugé par la loi des francs ; l’alkmand par la loi des allemands ; le bourguiguon par la loi des bourguignons

le

romain par la loi romaine ; 8c , bien loin qu’onsonge át dans ces temps-là à rendre uniformes les loix des peuples conquérais, on ne pensa pas -même à se faire ;législateur du peuple vaincu. Je trouve Porigine de cela dans ks moeurs des peuples germains. Ces nations étoient partagées par des marais, des lacs 8c des forêts ; on voit jmême dans ; César (O. qu’elles aimoient à se séparer. ’ La frayeur qu’elles eurent des romains, fit qu’elles se réunirent ; chaque homme, dans cès . nations mêlées, dut être jugé par les usages 8c les coutumesde fa propre nation. Tous ces peuples /dans leur particulier,étoient libres 8c indépendans ; 8c, quand ils furent mêlés , Pindépendance resta encore : la patrie étoit commune j & la république particulière ; le territoire étoit le même , 8c les nations diverses. L’esprit des loix personnelles étoit donc chez ces peuples, avant qu’ils partissent de chez eux, 8c ils Je portèrent dáns leurs conquêtes. On trouve cet. usage établi dans ks formules (2) deMarculfe, dans kj codes dès loix des barbares, fur-tout dans la loi des ripuairès (3), dáns les (4) décrets des rois-de la première race, d’où dérivèrent les capitulaires qu’on fit là-dessus dans la seconde (j). Les en’fàns (6) suivoient la loi dey leur père, les femmes (7) celle de lëur marïj/lëis veuves (8) revenoiènt à kùrloi, ks/affranchîs%) avoient celle de leur patron. Cé n’est pas tout : chacun pouvoit prendre la loi qu’il vouloit ; la constitution deLothaire I (10) exigea que ce chójx fût rendu public. ," : ’.'Les terres du partage des barbares ne paypient point de tributs. Des peuples simples, pauvres^ libres, guerriers, pasteurs, qui viVoient fans industrie 8c nevtenoient à leurs terres que par des cases dejonc, suivoient des chefs pour faire du butin , 8c non pas pour payer ou lever des tributs (11). L’art de la rhaltôte est toujours inventé après coup, 8c lorsque les hommes commencent à jouir de la félicité des autres arts. Le tribut passager d’une cruche, de vin par. arpent, qui fut une des vexations de Chilpéric & de Frédégonde, ne concerna que ks.romains (12).’ En effet, ce nc furent pas les francs qui déchirèrent ks rôles de ces taxes, mais les ecclésiastiques , qui dans ces temps ià étoient tous ro-~ mains ^(13). Ge tribut affligea principalement ks habitans (-14) des villes. : or les villes étoient presque toutes habitées par des romains. Grégoire de Tours (15) dit qu’un certain juge fut obligé., après la mort de Chilpéric, de se réfugier dans une église, pour avoir-, sous k règne de" ce prince, assujéti à des tributs des francs qui, du temps de Childebert, étoient ingénus " : rnultos de francis qui, tempore Childeberti régis’," ingenùi sucrant, pûblico tributo fubegit. Les francs qui n’étoient point serfs ne paypient donc point dé "tfibutis. Iln’y a point de grammairien qui ne pâlisse, en vpvant comment ce passage a été interprété par M. l’abbé Dubos (16). II-remarque í[ue, dans ces temps-là, ks affranchis étoient aussi appelés ingénus : fur cela il interprête le mot latin ingenui’,, par ces mots ,. affranchis de tributs ; expression dont on peut sc servir dans la langue françoise -, comme on dit affranchis de. foins , affranchis, de peines ; mais dans la langue latine, ingenui à tris butis., libertini à tributis , manumiffi tributorum s feroient des expressions monstrueuses. " Parthe ni us j, dit Grégoire de Tours (17) , pensa être mis à mort par les francs, pour leur avoir imposé des tributs. M . l’abbé Dubos (18), pressé y(i){De Bello gallico , liv. VI. " ’-'. :’" -.-"/ "-.’" (2) Li/. I-, forai. S.- . .

V-’"

- <î)Chap. 31. - -’-.’ .’ ’-.-. - .. ;„’-'

(4) Celui de Clótaire de l’an ytfo, dans l’éditîon- des Çapitulaires-de B^Mze/ tom. 1

-, art, 4. ihd. in fine. (5) Capitulaires ajoutés" à la loi des ^lombards , liv. I, tit, zy , cbap, 71 ; liv. II , tit41,chap.7j&tu.jtí ; tlup,1&2.... _. y, .. _-’.. " . (fi) Ibid. liv. II, tir.’" y." - (7) Ibid,.liv ; II, tic. 7", chap’.'j.’ - . (8) Ibid. chip ; ». .... " ’

. .,

, (9) Ibid. liv. Jï, rit. 3J , chap. a.V . >." ’ _ (10) Dans.la loi, des lombards,liv, II , t’t.í7. (n) Voyt Grégoire de Tours , liv. II. "-- ! - ’ (12 ; Ibid. liv. V. .,-- : .-’ .>. "-...- "

X13) Cela -paroît par tome l’histoire ; de Grégoire de Tours",

le même Grégoire Seaianíe’. luti c«taîn_ ValftliacwS tomment il avoit pu parvenir à la clérïcature, lui qui étoit lombard d’origine. Grégoire de Tours ± liv. FIU. ._.-- (1+) Que conditiò’umverjisurbìbus ver GallïamconstiMtissummoperï estadhïbitá. Vie de S^udíoe, (IJ) Liv. VII. ..-. .’. _.(i(S) Etablissement-de la. monarchie -françoise, tpm. 3 , chap. I4>. pag.,fíí ;>. . - • ’ (17) liv. lii.cli/W/