Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/314

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souverains & des peuples est la source de cette instabilité.

Une égale aversion pour les travaux champêtres & pour les arts sédentaires a fait de ces peuplés des pirates- D’abord ils sc contentoient "de ravager ks plaines :vastes & fécondes de l’Espagne ; ils surprenoient dáns kurs lits les" habitans paresseux des riches campagnes de Valence, de Grenade, d’Andalousie, & les emménoient esclaves/ Dédaignant dans la fuite le butin qu’ils faifoient fur des terres qu’ils avoient autrefois . cultivées , ils "construisirent de gros vaisseaux :8c insultèrent kpavillpn de toutes ks nations. Cette . marine, qui s’est élevée successivement jusqu’à former de petites escadres, s’accroît tous ; les ans pari’avïdité d’un grand nombre de chrétiens, qui fournissent aux barbaresques ks matériaux de leurs armemens, qui s’intéressent dans leurs courses, qui osent même quelquefois’diriger kurs opéra- : tíons. Déjà-çes pirates ont réduit les plus grandes puissances de l’Europe ,à l’avilissement de kur . faire déspréscns annuels, qui, sous quelque nom qu’on ks déguise , sont un vrai tribut. Charles-Quint, qui toujours occupé à troublet le siècle où il Vécut, lavoit cependant quelquefois, par cette prévoyance qui/rachète les défauts d’un esprit inquiet, pénétrer dáns l’avenir, ’.entrevit ce que les barbaresques pourraient un jour devenir. Désignant d’entrer dans aucune ! espèce de négociation avec eux, il forma k généreux projet de les .détruire. La rivalité de FrançoisJ le fit échouer ; &/l’histpire ne loué aucun prince d’avoir repris depuis í’idée d’une entrè-’ prise-si glorieuse : l’éxécution en seroit pourtant . facile. ... . ! -’-.... Les peuples qui habitent la Barbarie gémissent fous un joug qu’ils font impatiens de rompre. Le tyran de Maroc se joué insolemment de la liberté .. fc.dela.vie de scs sujets. Ce despote , bourreau ’ dans toutélà rigueur du-terme, expose tous les jours, aux murs de son palais oujde fa capitale, Jes têtes innocentes oùjcriminelks qu’il nVpàs .’frémi d’abattre de son prap_re bras. Alger,, Tunis, Trippli, quoiqu’à l’abri d’une semblable férocité , - rie laissent pas de traîner des chaînes tfès’-peiàntes, Efclayes de quinze ou vingt mille , . .turcs ramassésdans la boue" de J’Empire ottoman, r ils font de cent manières différentes lá victime dey /cette audacieuse soldatesque. Leur constitution qui les partageoit en plusieurs tribus , dont les .intérêts étoient opposés , fui ! cause de cet asser- . vissement, ,& depuis elle a perpétué kur sujétion. . .. Le,gouvernement, attentif à.-la fermentation de xes sociétés particulières , ne cesse d’irriter, leur ; mésintelligence , & fait naître de temps en temps . entr’elles de nouveaux sujets de division. Il a re-. ! cours à cette politique , .quand il veut détourner Je mécontentement de la nation par cks.querelks . intestines. C’est alors qu’il soulève, contre la, peuplade qu’il a.aigrie, uhe peuplade voisine qu’il ÇHicon.polit, fy diplomatique. Torn.J. fait toujours triompher par les secours dont il" la renforce. Une autorité qui porte fur une base auslì mobile, hë peut avoir jette des racines bien profondes j rien ne seroit plus aisé que de la renverser. . Nul secours étranger ne retarderait d’un instant sa chute. La seule puissance qu’on pourrait soupçonner d’en désirer la conservation, "l’érhpire ottoman n’est pas assez content du vain titre de protecteur qu’on lui accorde pour y prendre un vif intérêt. 11 lui scróit inutilement inspiré par ks déférences que ks circonstances arracheraient vraisemblablement à ces brigands. D’âilkurs de- puis dsux siècles, la Porte n’a point de mariné, 8c fa milice sc. précipite vers k même anéantissement. - - " Mais à quel peuple est-il réservé de briser ces épouyentaìls qui glacent d’effroi nos navigateurs ? Aucune nation’ne peut le tenter seule ; & si elle l’osoit, peut-être là jalousie de toutes les autres y mettrait- elle des obstacles secrets. Ce . doit donc être l’ouvrage d’une ligue universelle. II faut que toutes les puissances maritimes concourent à l’éxécution d’un dessein qui ks intéresse toutes également. Ces états, que tout invite à s’allier, à s’aimer, à le défendre / doivent être fatigués des- malheurs qu’ils se causent réciproquement. Qu’après s’être si souvent unis pour leur destruction mutuelle, ils prennent les armes ppur leur conservation ; la guerre âura été du , moins une fois utile & juste.- . On ose présumer qu’elle ne seroit pas longue, si elle étoit conduite -avec l’intelligehce & l’harfnonie convenables^ Chaque membre de la confédération, attaquant dans’k même temps l’enhemi qu’il auroit à réduire, n’éprouveroit qu’une foible résistance. Qui fait même s’il eh trouverait aucune. Les barbaresques, mis tout-à-coup hors d’état de défense, -abandonneraient sà-s doute à lëur fatale destinée dés maîtres & dés gouvernement dont ; ils h’oht encore senti que "suppression.Pëut-être Japlus noble-, la plus grande des entreprises, coûteroii-èlle moins de sang 8c "de trésors à l’Europe.-, que ’la moindre des que- " relies dónt elk est continuellement déchirée. On ne fera pas aux politiques qui formeraient ce plan, l’injure de soupçonner qu’ils’ borijeroient kur ambitiou à Combler des rades, à déjno’lir des forts, à. ravager dès’côtes. Des idées si étroites seraient trop au-dessous dés progrès de la raison humaine, Lës pays subjugués restes oient aux conquéíans, & chacun des, alliés ’.auroit des possessions proportionnées aux moyens qu’ils auraient fournis à la cause commune. Ces conquêtes, deviendraient d’autant plus sûres, que lé bonheur des vaincus en devroit être la fuite. Cé peuple depirapes., ces monstres de la-mer_, feroient changés’en hommes avec de bonries loix 8c dès exemples d’humanité. Élevés insensiblement jusqu’à nous par la communication de nos lumières,