Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/330

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par-tout. Nous nous bornerons à parler de la conquête qu’en a fait la compagnie.

Cette révolution prodigieuse, qui a influé d’une manière si sensible, & fur la destinée des habitans de cette partie de PAsie , 8c fur le commerce que Tes nations européennes font dans çes cìirriats, a-t-ellé été Peffet & le. résultat d’une suite de combinaisons politiques ? Est-ce encore unde ces événemehs dont la prudence ait droit de s’ennorgueiîlir ?

Non, le hasard seul en a.décidé ; & 

les circonstances qui ont ouvert aux anglois cette carrière de gloire & de puissance, loin de leur promettre ks succès qu’ils ont eu, scmbloient au " contraire leur annoncer les revers les plus funestes. . -. ’ . Depuis quelque temps il s’étoit introduit, dans, ces contrées-, un usage pernicieux. Tout gouverneur !

de quelque établissement européen se permettoit 

de donner asyle aux naturels du pays-, "qui craignoient des, vexations ou des châtimens.. Lés sommes souvent très-considérables qu’il recevoit pour prix de fa protection,-lui faifoient fermer les yeux fur le danger auquel il exposoit ks intérêts de ses commettans. Un des principaux officiers du Beúgale , qui connoissoit cette ressource y se réfugia chez Jes anglois à Cakuta ,ppur se soustraire aux peines que ses infidélités avoient méritées ; il fut accueilli. Le souba offensé, cpm-

me’il devoit Pêtre, se mit à la tête de son ar^

niée, attaqua la place & s’en empara. II fit -jett’er la garnison dans un cachot étroit, óù elk fut étouffée en douze hêurès ; il n’en resta que vingt trois hommes. Cès malheureux offrirent de grandes sommes à la garde qui étoit à- la porte de leur prison,îpour qu’on fît avertir le prince de leur situation. Leurs cris> kurs gémissemehs Papprenoient au peuple qui en étoit touché ; mais personne ne vouloir aller parler au despote. II DORT , disoit-oh aux- anglois mourans ; & : il n’y avoit pas peut-être un seul homme dans le Bengale qui pensât que, pDur sauver la vie à cent cinquante infortunés’, il fallût ôter-un moment de sommeil au tyran. " L’amiral Watson , qui étoit arrivé depuis peu dans l’Inde aveç une escadre ,& le colonel Clivé qui s’éfoit si fort distingué dans la guerre du Carnate, ne tardèrent pas à venger lëur nation. , Ils ramassèrent les anglois dispersés 8c fugitifs ; ils remontèrent le Gange, dans le mois de décembre 1756 , reprirent Câlcuta , s’emparèrêht de plusieurs autres places, &yremportèrent enfin une victoire cómpktte fur k’ souba.

!, Un succès si étendu ,8c si rapide devient en 

quelque sorte inconcevable, lorsqu’on pense que c’étoit avec un corps de cinq cens hommes que les anglois Iûttoknt ainsi contre toutes ks forces du Bengale > mais, s’ils durent !en partie leurs avantages à la supériorité de kur discipliné 8c à rascendant marqué que lés .européens ont dans ks combats fur ks nations indiennes, ils fúrèsnt i^eon. pol’it.. fy fiptçmatiqu ?. Tom. I. encore servis plus utilement par l’ambition des chefs,-par la cupidité des ministres, &’ par la ’ nature d’un gouvernement qui n’a d’autres ressorts que l’intérêt du moment & la crainte.’ C’est du concours de ces diverses ! circonstances, qu’ils surent profiter dans cette première entreprise, 8z dans toutes celles qui la suivirent. Le souba étoit détesté de ses peuples, comme le sont presque toujours ks despotes ; ses principaux officiers vendoient kur crédit aux..anglois ; il fut trahi à la tête de son armée, dont la plus grande partie refusa de combattre ; & il tomba lui-même au pouvoir de ses ennemis, qui le firent étrangler en prison.

Ils disposèrent dé Ja soubabie en faveur de Jaffier-Alikan, chef de la conspiration. II céda à ; lá compagnie quelques provinces, &illuiaccorda tóus ks privilèges, toutes k*s exemptions,, toutes les faveurs auxquelles elle pouvoit prétendre. Mais bientôt las du .joug .-qu’il s’étoit imposé, il chercha sourdement les moyens de s’en affranchir. Ses desseins surent pénétrés, &il fut arrêté au milieu de fa propre capitale. . Kossim-Alikan, son gendre, fut proclamé â ’ fa place. II . avoit acheté cette usurpation par des sommes immenses ; mais il n’en, jouit pas longtemps. Impatient du joug, comme l’avoit été son prédécesseur, il sc montra indocile 8c refusa de recevoir la loi. Aussi-tôt la guerre se rallume., Cè mfme Jaffier-Alikan, que les anglois tenòient prisonnier, est proclamé de nouveau souba du Bengale 1 ; oh" marche contre Kossim-Alikan ; on parvient à corrompre ses généraux, il est trahi 8c entièrement défait : trop heureux, en perdant ses états, de sauver ks immenses richesses qu’il avoit accumulées. Au milieu de cette révolution, Kossim-Alikan ne perdit pas Pefpoir de la vengeance. Il alla porter son ressentiment 8c ses trésors chez k nabab de Bénarès, premier visir de l’empire Mogol. Ce nabab, & tous les princes Voisins se réunirent contre Pennemi commun :. mais c«  n’étoit plus à une poignée dxuropéèns, venue de la côte de Cofomandel, qu’ils avoient à faire ; ^ c’étoit "à toutes les forces du Bengale que ks anglois tenòient sous kur puissance. Fiers de kurs succès Ì ils n attendirent point qu’on vint ks attaquer ; ils marchèrent les premiers au-deyant ! de ;’ cette ligué formidable, & ils marchèrent avec la confiance que kur inspirait Clive, ce général dontJ.eJipmsembloit être devenu k garant dela’ victoire Cependant CJive ne voulut rien hasarder. Une partie de k campagne sc passa ën négociations :

mais enfin ks richesses que les anglois avoient déjà-tirées du Bengale, servirent à leur assurer encore de nouvejks conquêtes^ Lès chefs dç l’armée-indienne furent corrompus, & lorsque íe nabab de Bénarès voulut- engager une action, il fut entraîné par la fuite des siens, sans même avoir pu combattre.