Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peut être le double & le triple de celui de la fabrication des marchandises de main-d’œuvre.

IV. Les riçhejfes des cu.tivateurs font naître les richessesde la culture. Le produit du travail de la. culture peut être nul ou presque nul pour l’état, quand le cultivateur ne peut pasYaire-ks frais, d’une bonne culture. Un homme pauvre, qui ne tire de la rerre par son travail que des denrées de peu de :valeur, comme des pommes de terre, du bled noir, des châtaignes, & qui s’en nourrit, qui n’achete rien, &qui ne vend rien, ne travaille que pour lui scul : il vit dans la misère ; lui 8c la terre qu’il cultive rie rapportent rien à l’état. Tel est I effet de l’indigenCe dans les provinces, où il n’y a -pasde laboureur en état d’employer les paysans, & où ces paysans trop pauvres ne peuvent sc procurer par eux-mêmes que de mau- •vais alimens 8ï de mauvais vêtemens. Ainsi l’emploi des hommes à la culture peut être infructueux dans un royaume où ils.ii’ont pas ks richesses nécessaires pour préparer la terre & porter de riches moissons ; mais ks revenus des bkns fonds sont toujours assurés dans un royaume bien peuplé de riches laboureurs. V. Les travaux de l’industrie contribuent a l’augmentation des reyenus des biens fonds , & les revenus des biens fonds soutiennent les travaux.. J ne nation, qui par la fertilité de son sol, & par la difficulté des transports, auroit annuellement une surabondance de denrées qu’elle ne pourroit vendre à ses voisins, & qui pourroit kUr vendre des marchandises de main-d’oeuvre faciles à transporter, auroir intérêt d’attirér chez elle beaucoup de fabricans 8c d’artisans, qui consomméroient ks denrées du pays, qui vendroient leurs ouvrages à l’étranger, 8c qui augmenteraient les richesses de la nation par kurs gains & par kur consommation. ,

Mais alors cet arrangement n’est pas facile,

parce que ks fabricans 8c artisans ne se rassemblent dans urt pays qu’à proportion des revenus actuels de la nation ; c’est-à-dire , à proportion qu’il, y a des propriétaires ou des marchands qui peuvent acheter leurs ouvrages à-peu-près aussi cher qu’ils les vendroient ailleurs, 8c qui leur en procureraient k débit à mesure -qu’ils les fabriqueroient ; ce qui n’est guère possible chez une nation qui n’a pas elle-même k débit de ses deniées, & ou la non valeur de ces’mêmes denrées fie produit pas actuellement assez de revenu pour établir dés manufactures 8c des travaux de maind’oeuvre. Un tel projet nepeut s’exécuter que fort lentement. Plusieurs" nations qui l’ont tèntéont même éprouvé l’impoflîbilité d’y réussir. C’est le scul Cascependant où le gouvernement pourroit s’occuper utilement des progrès de l’industrie dans un royaume fertile. Car lorsque le Commerce du cru est facile & libre-.les travaux de maind’oeuvre font toujours assurés infailliblement par : ks revenus des,biens fonds.

VI. Uné nation qui à un grand commerce de denrées de son crû, peut toujours entretenir, du moins pour elle , uu grand commerce de marchandises de main-d’oeuvre. Car elle peut toujours payer à proportion des revenus de ses biens fonds les ouvriers qui fabriquentks ouvrages de main-d’oeuvre dont elle a besoin... Ainsi le commerce d’ouvrages d’industrie appar- tient aussi sûrement à cette nation que le commerce des denrées de son crû. VII. Une nation qui a peu de commerce de denrées de son crû, & qui est réduite pour subsister, a un commerce d’industrie , eft dans un état précaire & incertain. Car son commerce peut lui être enlevé par d’autres nations.rivales-, qui sc"livreraient avec plus de succès à ce même commerce.

D’ailleurs, cette nation est toujours tributaire 8c dépendante de celles qui vendent les matières de premier besoin. Elk est,réduite à une économie ^ rigoureuse , parce qu’elle n’a point de revenu à dépenser, 8c qu’elle nepeut étendre 8c soutenir

son trafic,

son industrie & sa navigation que par . J’épargne

aufieu que celles qui ont des biens

fonds augmentent leurs revenus par kur con- sommation. VIII. Un grand commerce intérieur de marchan- . dises de main-d’oeuvre , ne peut J’ubsifter^ que par les revenus des biens fonds. II faut examiner dans un royaume Ja proportion du commerce extérieur 8c du commerce intérieur d’ouvrages d’industrie ; car st Je commerce intérieur dé marchandises de main-d’oeuvre étoit par exemple de trois millions 8c le commerce extérieur d’un million -,les trois quarts de tout ce commerce de marchandises de main-d’oeuvre feroient payés par ks revenus des ; biens fonds de la nation, puisque l’étranger" n’en payerait qu’un quart/ , Dans ce cas, ks revenus des biens fonds feroient la principale richesse du royaume. Alors le principal objet du gouvernement seroit de veiller à l’entretien & à, l’accroissement des revenus des biens fonds. Les moyens consistent dans la liberté du commerce , 8c dans la conservation des richesses des cultivateurs. Sans ces conditions, les revenus, la population & les produits de l’industrie s’a- réantissent. L’agriculture produit deux sortes de richesses ; savoir, k produit annuel des revenus des propriétaires, & "la restitution des frais dé-la cul- turel .,• _ ’ Les revenus doivent être dépensés pour être distribués annuellement à tous les citoyens, & pour subvenir aux subsides de l’état.

Les richesses employées aux frais de la culture, doivent être réservées aux cultivateurs & être exemptes de toutes impositions ; car si on les enleve, on détruit l’agriculture, on supprime les