Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/382

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Quand l’empire romain fut démembré par les peuples du nord, les-francs qui soumirent les Gaules,les trouvèrent couvertes eri grande partie de vastes forêts, dont ils ne sentirent pas toute la valeur. L’abondance des bois en fit négliger la conservation, & établit à cet égard une opinion défavorable. On .faiíoit alors si peu de cas des bois & des forêts, qu’on ne les considéroit que relativement â la conservatipn du gibier, & que les premiers officiers forestiers nommés par nos rois, n’avoient dans leurs fonctions d’autre objet que les chasses.,On pensa enfin dans le treizième ; siècle, qu’une meilleure administration des bois ppuvoit augmenter les revenus .des domaines de la couronné & contribuer à Tutilité dëJa nation ; & Philippe le .-Bel eh conséquence créa des officiers pour Tadininistration des bois sous le nom de Maîtres des eaux & forêts. . Çet établisíement, qui subsiste encore, a reçu . depuis différentes modifications ; & ce n’est pas faute de ,réglemens"& de préposes à leur observance, que nPs bois diminuent, que nos forêts dépérissent. Nous n’entrerons pas ici dans le détail] desJoix promulguées à ce sujet : nous nous contenterons de dire d’après le,peu d’effet qu’elles ont produit, qu-elles n’étoient pas conçues,suivant le plan" de la nature. Uné entière négligence á-.pù nuire ai trefois à Tentretien des forêts, uné attenrion trop minutieuse & trop réglementaire peut leur êtréëhcore plus nuisible ;& si le monde gouvernant multiplie encore de nos jours ces loix en certains lieux , nous- pouvons remarquer que le monde ’ gouverné s’étudie à les éluder, à leur donner une explication,forcée, à les acheter ; que les hommes assëzgénéralement instruits, commencent à savoir que les bonnes loix se font comme d’elles-mêmes, K que celles qui ne se font pas de la sorte font presque toujours illusoires & vexatoires. Le gouvernement ou le régime peut & doit or-

donner le redressement des actes qui interceptent

I 8r ariihilent las propriété ;; mais quant à la manière jd’en user, de la conserver &,de J’améliorer ,.’ iï. ipéut & doit s’en. rapporter à Tintérêt même des,’ [propriétaires. Le tout "est "de le faire, naître & dé iîaccrpître : Hoc opus~, hiç.labor est.

De tous les fonds susceptibles de dégradation. . jpar Tempiétement & lés entreprises d’autrui, les. fois ont été les propriétés les plus sujettes aux at- tent-átspublics, chez les nations, qui dans leur origine n’avoient rie" moins que Tësprit agri- òle. Ces attentats furentpar-tout communs dans . Ì|s temps de barbarie ; les bois & les forêts s’offpient par-tout. Comme personne ne les avoit signés, "nul n’acquit d’abord un vrai titre de propreté fur le fonds ; mais reconnus dangereux, "Pïce qu’ils étoient le repaire des bêtes féroces & des brigands, ils purent appartenir à célui qui fût y maintenir Tordre &. la fureté,-d’abord à titré de sauvegarde , titre suffisant pour posséder , ríiais qui : n’est pas celui de la propriété foncière. Les premiers bois n’eurent donc qu’un maître & nph pas un propriétaire.

Comme tous les hommes & tous les travaux ont besoin de bois ,<quand c.e maître voulut pour compagnie d’autres voisins que les loups, il sue obligé d’accorder aux hommes qui voulurent s’approcher de-lui des usages qui lui coûtèrent pëud’a- •bord , attendu la non-valeur des bois qu’il faî-’ loit incendier quelquefois, pour défricher ; la . terre. ; delà tant d’usages mal" conçus,, mal réglés, ,, destructeurs.par essence , & dans lesquels la civilisation-a dû. trouver une infinité d’abus à réformer.-

Mais il est impossible dé fairé des loix gêné-, raies pour la manutention des fonds nécessaire^ rnent variée par-tout. Tout gouvernement, toute, autorité, ne peut avoir pour cela qu’un objet, qu’un point, la propriété ,.& qu’un seul moyen,-, Tintérêt du propriétaire. Ce qu’il y a donc à.faire sur les. bois comme fur toute autre production .,, c ?est de se rappeller & d’observer ce proverbe, , qui dit que cherté foisonne ,• Je bon prix appelle toujoursja denrée. Ayez, des débpuchés bien labres , dès propriétaires aisés, &ne forcez pas par des surcharges le peuple des campagnes de manger, comme-pn dit, son bled en herbe, c’est-à-dire de.tput couper, de tout effruiter pour payer ses impôts, & vous verrez les bois prisés ; & par" conséquent bien entretenus, bien conservés ,’. fie -c ultivés même : car la sueur de Thomme double les bois comme tout le reste.

Dans ce cas-là même pourtant, si l’on surcharge la consommation du bois 3 par des’droits onéreux„ pris fur l.e revenu du propriétaire comme tous : autres , il n’y aura plus de bois qúé pour les riches. Qui est-ce qui voúdroit de la riçhesse.Tabs la vanité ?

’La vanité prend le superflu ppur le héceC-’ faire 

jdès-lors la consommation, tourné en dégât,. & bientôt le fonds manqué.

Cependant le íóis aTav-antáge d’être le-prq duit ; des fonds les moins propres à toute autre production : ce quidans un grand territoire, est á’n objet bien considérable. II est d’àilleurs un moyen pré-- cieux de conserver les terfeins ardus, pendants, -& fur-tout celui des montagnes-, qui une fois défrichés, ne montrent bientôt plus que les ossemens de notre nourrice, les rochers.

C’est une pitié, c’est une désolation de voir à quel point le sein de cette bonne mère est négligé, meurtri, déchiré même par-tout dans notre Europe, & chez les nations les plus civilisées [1]. Les terreins s’écoulent des montagnes & des col-

  1. Le bois, qui étoit autrefois très-commun en France, maintenant suffit à peine aux usages indispensables, & nous sommes menacés pour l’avenir d’en manquer absolument ».