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gne dans la Suabe. Voyez le Dictionnaire de Géographie.

BORNÉO, isle d’Asie. Voyez le Dictionnaire Géographique.

BOUCHER, s. m. On appelle ainsi celui qui tue les gros animaux, qui les prépare, les habille, les dépèce, & qui en vend la chair pour la bouche, c’est-à-dire, pour servir à la subsistance journalière du public.

BOUCHERIE, s. f. Est le lieu où le boucher vend sa marchandise : il se dit aussi de son commerce & de sa profession.

La chair dès animaux qu’on appelle viandei en italien vivanda, parce-qu’elle sert à Tentretien de la vie, est une nourriture plus substantielle que celle qu’on tire des végétaux, & comme telle est employée Concurremment 8c souvent de. préférence par ceux qui sont en. état de la payer. Les peuples du midi/qui, habitant un climat ,fort chaud, ont la fibre naturellement relâchée 8c sent pat-là même fort sobres, font peu d’usage de la viande ; d’un autre côté , les ramilles 8c les sociétés pauvres n’en consomment guère, parce qu’elle est un aliment trop cher pour eux ; mais les peuples riches, 8c ceux du nord fur-tout, en font un fréquent usage 8c une grande consommation.

La boucherie, c’est-à-dire, le commerce de la viande, n’a pu prendre naissance que dans la société déjà fort accrue , riche en troupeaux 8c en produits ; elle ne s’est bien étendue que dans les pays froids, où Tabondance des pâturages rend lés grands troupeaux communs, & où Thomme consomme beaucoup de nourriture fur un sol ingrat. En effet, la profession de ceux qui tuent la viande pour, la revendre en détail, ne pouvoit être exercée que dans des temps 8c dans les lieux où le débit 8c la consommation de .la viande étoient en quelque sorte nécessités, par la facilité de s’en pourvoir 8c par la fréquence des besoins. Le métier de boucher s’établit donc comme les autres à la fuite des besoins de la société, 8c se perpétua par -les facultés d’en payer la marchandise & les salaires.

La boucherie a ses motifs ; elle a ses règles & ses procédés fondés en conséquence. Le boucher saigne les animaux qu’il tue , 8c en fait couler tout le sang, non-seulement parce que la chair en est plus belle, mais plus faine 8c plus facile à conserver : l’extravasion du sang dans la viande lui donneroit une couleur désagréable & la corromprait très-vite. C’est sans doute pour toutes ces raisons que le législateur des Juifs qui habitoient un pays très^chàud , leur défendit expressément , démanger des animaux étouffés ou qui seroient morts dans leur sang , 8c déclara dansce cas ces animaux immondes.

Il ne paroît pas que les anciens peuples, même lóng-teirms après lá guerre de Tróye , eussent «ne pròfeffion d’hommes particulièrement destinés à l’emploi de tuer lés animaux 8c d’en vendre la chair, puisqu’on voit.au contraire. dans Moyse, dans Homère , dans Hérodote même : les patriarches, les héros, les prêtres occupés i souvent à tuer, à couper 8c à faire cuire eux-mêmes les viandes. Cette fonction que nos moeurs nous font paroître dégoûtante, rare alors, 8c réscrvée aux personnages éminents comme importante, né présentoir rien de rebutant. Lès Grecs

connurent assez tard la boucherie. Elle fut établie

à Rome, peu de temps après fa fondation ; 8c l’on distingua ensuite dans cette capitale du monde deux corps ou collèges dé bouchers, distingués en suarii 8c en boarii, qui jouirent du privilège exelusif de tuer les animaux 8c d’en vendre la chair : coutume qui passa ensuite aux peuples qui s’établirent fur les débris de Tempire Romain, & qui contraire à la liberté naturelle des propriétés , n’a pu causer que beaucoup de préjudice aux campagnes dans tous les pays où elle s’est.per-Fétuée. Nous ne dirons rien ici des boucheries de aris, corporées fur.celles de Rome, si ce n’est que ces corporations ne font que gêner le commerce , nuire àla nourriture des bestiaux -, 8c rendre la viande plus chère.

Quoique Thomme soit doté par, la nature d’organes propres à faire nourriture 8c pâture de presque tout ce qui a vie ou végétation, il ne paroît pas qu’il soit carnivore par essence : Thomme a naturellement horreur du sang.

Les peuples pasteurs, ,8c par conséquent nomades par nécessité, vécurent d’abord du produit de leurs rroupeaux, c’est-à-dire du lait qu’ils en tiroient. II paroît que pour s’accoutumer à ruer ; quelques betes 8c à les itìanger, leurs premières victimes furent dévouées aux autels. Lés immoler étoit un sacrifice plutôt qu’un acte de propriété.’ Ils sacrifioient aux Dieux, ce qu’ils avoient de plus précieux , la vie des animaux qui étoient leur . richesse, & dont les produits-faisoiént leur nourriture. Les premiers repas qu’ils firent de la chair de ces animaux, furent’ainsi consacrés par cetteoffrande & par l’aveu du ciel.

Les peuples chasseurs, armés d’abord par lanécessité & pour T utilité- ; mais tige des peuplés’ féroces, tuèrent pour atteindre , & vécurent de leur proie, parce qu’il faut vivre.. Delà résulta laguerre , la barbarie 8c ses excès affreux. Heureux encore que la nature ait résisté dans ses derniers rêtranchefnéns , 8c que le crime de s’entre-dévòrér n’ait eu lieu chez les plus brutaux que pour les prisonniers de guerre.

L’agriculture fut ordonnée à l’homme & à tout homme par la nature de ses besoins ; & les principes de l’ordre naturel nous font voir que dans la société, depuis le premier jusqu’au dernier, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, l’homme qui ne prend aucune part à l’agriculture, soit directement par son travail, soit indirectement par sa consommation, & par un travail auxiliaire du