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n’avoit que 21 900 hommes d’infanterie & 4 100 de cavalerie, non compris les garnisons qui se montoient à 2 700 hommes. Le roi Frédéric I entretint 30 000 hommes, & le roi Frédéric-Guillaume transmit à son successeur une armée de 60 000 hommes très-bien disciplinée. Ce nombre a augmenté considérablement sous le règne actuel, puisqu’en 1753 l’armée étoit de 146 257 hommes, dont la solde coûtoit en temps de paix dix millions 932 960 écus, outre les frais d’habillemens, ceux de remonte, ceux de logement, & ceux d’engagemens ; la dépense effective pour l’état militaire pouvoit alors être évaluée à 14 millions d’écus. Au moment ou on écrit ceci, la Prusse a plus de 200 000 hommes sur pied. Tout le monde connoît la discipline, l’adresse & la force de cette armée qui est toujours complette & toujours prête à entrer en campagne. Ce qui facilite la levée des recrues, c’est que tous les pays qui composent le royaume de Prusse & l’électorat de Brandebourg, sont divisés en cantons ou districts, dans lesquels tels régimens & même telles compagnies sont obligées de se recruter ; & que les régimens sont en garnison ou en quartier dans les districts qui leur sont assignés, ou dans les environs. La majeure partie cependant des recrues qui se font en temps de paix, vient de l’étranger ; celles qui se font dans les districts désignés, reçoivent des congés de neuf à dix mois, & on leur permet d’exercer leurs métiers dans le lieu de leur demeure.


Section VIIe

Des manufactures du Brandebourg.

Les nombreuses & belles manufactures qui se trouvent dans la Marche de Brandebourg, doivent leur existence à la révocation de l’édit de Nantes, & à cette multitude d’ouvriers françois qui se sont réfugiés à Berlin & à Potsdam. On y fabrique des draps, des étoffes de laine de plusieurs espèces, des camelots, calemandes, étamines, flanelles, &c. ; des toiles de coton, des mouchoirs de col & de poche, des mouchoirs de soie, du velours, des tapisseries, des galons d’or & d’argent, du cuir, du tabac, du sucre, de la poudre, toutes sortes de marchandises d’acier & d’autres métaux, des armes, de grandes & belles glaces, de la porcelaine. On y prépare des terres propres à la peinture, de l’alun, du salpêtre, &c. On fabrique à Berlin des ouvrages précieux d’orfevrerie, de jouaillerie, d’émail & des instrumens de mathématique ; on connoît l’élégance & la beauté des carosses qu’on y fait. L’avantage qui résulte de tant d’arts & métiers, est immense ; non-seulement on ne paye plus à l’étranger ces sortes d’ouvrages, on en exporte même pour des sommes considérables. Ce commerce est favorisé par les fleuves & les canaux du pays ; il est favorisé encore par la banque royale établie en 1765, de laquelle dépendent celle de Breslaw, celle de Koenigsberg en Prusse, celle de Stettin & de Francfort sur l’Oder, & celles enfin de Magdebourg, Minden, Embden & Clèves.


Section VIIIe

Observations sur les titres, les privilèges, &c. de

la maison de Brandebourg.

Voici les titres du roi de Prusse, électeur de Brandebourg : Frédéric, roi de Prusse, margrave de Brandebourg, archi-chambellan & électeur du saint-Empire romain, duc souverain de Silésie, prince souverain d’Orange, Neuchâtel & Valangin, comte de Glatz, de Gueldres, de Magdebourg, Clèves, Juliers, Bergue, Stettin, Poméranie, des Cassubes & des Venedes, duc de Mecklenbourg & de Crossen, bourgrave de Nuremberg, prince de Halberstadt, Minden, Camin, Werden, Schwerin, Ratzebourg, de la Frize orientale & de Meurs, comte de Hohenzollern, de Ruppin, de la Marche, de Ravensberg, de Hoheinstein, de Mecklenbourg, de Lingen, de Buren & de Leerdam, seigneur de Ravenstein, des pays de Rostock, de Stargard, de Lavenbourg, de Butow, d’Arley & de Breda, &c.

On a parlé de ses armes à l’art. Armoiries.

L’électeur de Brandebourg a le septième rang parmi les électeurs en général, & le quatrième parmi les séculiers. On a parlé de ses fonctions à l’article Allemagne. Il est archi-chambellan du saint-Empire romain. Le prince de Hohenzollern est son chambellan particulier. Son contingent est de 60 cavaliers & de 277 hommes d’infanterie, ou de 1 828 florins en argent. Il ne paye rien pour les évêchés de Brandebourg, de Havelberg & de Lebus. Sa taxe pour l’entretien de la chambre est de 811 rixdales 58 &-demie kr. Il a cinq voix dans le collège des Princes de l’Empire.

La maison de Brandebourg est divisée en deux branches, l’Électorale & celle de Franconie ; la dernière est sous-divisée en deux lignes, celle de Bareith & celle d’Anspach.

L’électeur de Brandebourg jouit du droit de ne pas appeller, & du droit de péage, en vertu d’un privilège particulier, accordé par l’empereur Frédéric III en 1456. Ce privilège illimité a causé de grandes altercations parmi les autres électeurs & princes de l’Empire.

L’électeur de Brandebourg est protecteur de l’ordre de Malthe dans ses états, & des biens que cet ordre posséde dans les états protestans d’Allemagne. Il nomme le grand-prieur de Sonnebourg, que les allemands appellent le grand maître de la Marche de Brandebourg.

Il jouit du droit des premières prières dans toutes les collégiales de ses états. Il peut disposer