Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/417

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quelques bienséances. Il écrivit aux portugais les plus distingués, pour les exhorter à faire les efforts généreux qu’exigeoient les circonstances : ils y étoient disposés. L’intérêt personnel, le zèle pour la patrie, le desir de réprimer la joie de leurs maîtres : tout concouroit à redoubler leur activité. Ceux qui avoient de l’argent le prodiguèrent ; d’autres levèrent des troupes. Tous vouloient servir. En trois mois, on arma vingt-six vaisseaux. Ils partirent au commencement de 1626, avec ceux que la lenteur & la politique de l’Espagne avoient fait trop long-temps attendre.

L’archevêqUe de San-Salvador, Michel Téxeira leur avoit préparé un succès facile.. Ce prélat guerrier, - à la tête de quinze cens hommes avoit d’abord arrêté les progrès de T ennemi, íl T avoit insulté, harcelé, battu, poussé, enfermé 8c bloqué dans la place. : Les hollandois réduits par la faim, Tennui 8c la misère , forcèrent leur gouverneur de se rendre aux troupes que la flotte avoit débarquées en arrivant : ils furent tous portés en Europe. "

Les succès que la Compagnie avoit fur mer, la

dédommagèrent de Cette perte. Ses vaisseaux ne rentraient jamais dans les ports, que triorhphans 8c chargés dés dépouilles des portugais 8c dés espagnols. Elle. jettoit un éclat qui causoit de Tombrageaux puissances même les plus intéressées à la prospérité des hollandois. L’océan étoit couvert de ses flottes. Ses amiraux cherchoieniy, par des exploits utiles , à conserver fa confiance. Les officiers subalternes vouloient s’élever, en secondant la valeur 8c Tintelligence de leurs chefs. L’ardeur du soldat 8c du matelot étoit sans exemple : rien ne rebutoit ces hommes fermes 8c intrépides. Les fatigues de la mer, les maladies -, les combats multipliés : tout scmbloit les aguérir 8c redoubler leur émulation. La compagnie entretenoit ce sentiment utile par de fréquentes récompenses. Outre la paye qu’on leur, donnpit, : elle leur permettoit un commerce particulier. Cette faveur les encourageoit 8c en multiplioit le nombre. Leur fortune se trouvant liée , par un arrangement fi sage, avec celle du corps qui lés emplóyoit , ils vouloient être toujours en action. Jamais ils ne rendpient leurs vaisseaux ; jamais ils ne manquoient d’attaquer les vaisseaux, ennemis avec Tintelligence, Taudace 8cTacharnement qui assurent la victoire.-En treize ans de temps la compagnie arma huit cens navires, dont. lx dépensemontoit à.90,0.00,000 ; 1.Ils en prirent cinq censquarante-cinqàTennemi, qui, :ave.c les mar^ ’chandises dont ils étoient chargés, furent vendus

  • 8o, 000,000 liv> Aussi te dividende ne fut-il

jamaisau-dessousde vingt pour cent, 8c s’élevat-il souvent a cinquante. Cette prospérité quinavoit d’autre base que la- guerre, mit la compagnie en état d’attaquer de nouveau le Brésil.) - ’< Son amiral Henri, Louk, arriva au commencement de 1630, ! avec cjuaraiwersix vaisseaux de j i guerre sur la côte de Fernambuc, une. des plus Ì grandes provinces du pays, 8c alors la mieux for-

tifiéeï U la soumit après avoir livré plusieurs com-
bats sanglans, dont il sortit toujours victorieux.

Les troupes qu’il ávoit laissées en partant, subjuguèrent dans les années 1633 -, 1634 8c KÍ35 les contrées limitrophes. C étoit la partie la plus cultivée du Brésil, celle qui par conséquent offroit le plus de denrées. Ces richesses, qui avoient quitté la route de Lisbonne pour prendre celle ; d’Amsteream , enflamment la compagnie : elle décide la conquête du . Brésil entier , 8c charge Maurice de Nassau de cette entreprise. Ce général arrive à sa destination dans lès premiers jours de 1637 ; il trouve de la discipline dans les soldats, de Texpérience dans les chefs, de la volonté dans tous les coeurs, 8c il se met en campagne. On lui oppose successivement Alburquerque , Bau- jola, Louis Rocca de Borgia , 8c le brésilien Cameron, Tidole des siens,passionné pour les portugais, brave, actif-, rusé,àquiilnemanqua pour être bon général que d’avoir appris la guerre sous de bons maîtres. Ces différens chefs se donnent de grands mouvemens- pour couvrir les possessions dont on leur avoit confié la défense ; leurs efforts sont inutiles. Les,hollandois achèvent de -soumettre toutes les’ côtes , qui s’étendent depuis San -Salvador. jusqu’à. TA mazoi ìe. Depuis que les portugais avoient subi le joug espagnol, ils n’avoient plus connu le bonheur. Philippe II-, prince avare, cruel, despote , 8c dissimulé, avoit cherché à dégrader leur caractère ; ^mais en couvrant de prétextes honorables les moyens qui} employoit pour les avilir. Son fils , rrop fidèle -à ses maximes, persuadé qu’il valoit mieux régner sur un état ruiné que de voir dépendre la soumission dé ses habitans de leur bonne volonté , les avoit laissé dépouiller d’une foute de conquêtes , qui leur avoient valu tant de trésors,.. de gloire & "de puissance, achelés par des ruisseaux de sang. Le successeur de ce foiblé prince , plus foibie encore que son père, attaqua à découvert 8c avec mépris leur administration ,. leurs privilèges , leurs moeurs , tout ce qu’ils avoient ."de plus cher*, A Tiustigatipn d’Qlivarez, il Vouloit les pousser à la révolte , pour acquérir le droit de les dépouiller.

Ces outrages multipliés réunirent les esprits, que l’Espagne avoit travaillé à diviser. Une conspiration, préparée pendant trois ans avec un secret incroyable, éclata le 3 décembre 1640. Philippe IV fut ignominieusement proscrit, & le duc de Bragance placé sur le trône de ses pères. L’exemple de la capitale entraîna le reste du royaume, & tout ce qui restoit des établissemens formés en Asie, en Afrique & en Amérique dans des temps heureux. Un si grand changement ne coûta de sang que celui de Michel Vascon-