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privilèges : Rome, ayant besoin de toutes ses forces contre Carthage, leur parut peu redoutable. Métellus mit tout en usage, afin de leur inspirer des sentimens pacifiques ; ils crurent qu’on les craignoit. Métellus, réduit à la triste nécessité de les combattre, les joignit dans la Locride, & remporta sur eux une victoire complette. Ctitolaüs perdit la vie ; Diéus, son collègue, rassembla les débris de son armée & arma les esclaves. Le consul Mummius, marcha contre lui ; les achéens furent taillés en pièces. Diéus, désespéré de sa défaite, s’enfuit avec précipitation à Mégalopolis sa patrie, & sa femme s’empoisonna, après avoir mis le feu à ſa maison. Les achéens, sans chef, se dispersèrent ; les habitans de Corinthe profitèrent de l’obscurité de la nuit pour sortir de leur ville, qui fut livrée au pillage : le farouche Mummius fit passer au fil de l’épée, les femmes & les enfans. Ce général, qui avoit l’austérité des premiers romains, étoit sans goût pour les arts, & tous les monumens qui embellissoient cette cité superbe, furent ensevelis sous ses débris avec la liberté de la Gréce ; il démantela toutes les villes qui s’étoient liguées. Le gouvernement populaire fut aboli ; chaque peuple conserva ses loix & son gouvernement ; mais Rome nommoit les magistrats. La Gréce, devenue province romaine, fut gouvernée par un préteur annuel ; elle porta le nom de province d’Achaïe.

AÇORES, isles que quelques géographes mettent au nombre des isles d’Afrique, mais plus ordinairement parmi celles de l’Amérique. Voyez le Dictionnaire géographique.

Les Açores sont au nombre de neuf, savoir : Tercère, Sainte-Marie, Saint-Michel, Saint-George, Graciosa, Fayal, Pico, Flores & Corvo. On les nomme quelquefois les isles Terceres, du nom de la principale : elles furent découvertes en 1449 ; Gonzalve Velez en prit possession au nom de la couronne de Portugal, à qui elles appartiennent. Ce navigateur leur donna le nom d’Açores, qui signifie épervier ou faucon, à cause de la grande quantité de ces oiseaux qu’il y trouva. De là vient qu’on les appelle aussi les isles des Faucons.

Elles sont très-favorables aux négocians qui veulent s’y établir, parce qu’elles se trouvent commodément situées pour la navigation des Indes Orientales & du Brésil. Quoique pleines de rochers, elles sont fertiles : on en tire des bleds, des vins, du bétail, sur-tout du pastel. Les hollandois en tirent aussi des patates, espèce particulière de pommes de terre ; elles donnent encore des citrons, des limons & des confitures, dont l’espèce nommée le fayal, sans doute parce qu’elle se fait dans l’isle de ce nom, est la plus estimée. On y envoie des toiles, de l’huile, du sel, des vins de Canarie & de Madère, des tafetas, des rubans, des droguets de soie, des draps, des futaines, des bas de soie, du riz, du papier, des chapeaux.

Les anglois qui, par leur activité industrieuse, ont fait passer entre leurs mains une grande partie du commerce des portugais, y portent des étoffes de laine, du fer, des harengs, des sardines, du beurre, du fromage, des viandes salées ; on leur donne en retour de la monnoie du Brésil, du sucre blanc, des moscovades, du bois de jacaranda, du cacao, du girofle, des oranges.

Nous avons dit que Tercere étoit la principale des Açores. Sa circonférence est de vingt-cinq à vingt-six lieues ; elle est presque par-tout hérissée de rochers escarpés, & de forts qui la rendent inaccessible. Le seul endroit où les vaisseaux trouvent un abri, est vis-à-vis de la ville capitale, appellée Angria, où il y a un port nommé la demi-lune d’Angria, à cause de sa figure. Les deux pointes de cette demi-lune sont formées par deux montagnes qui avancent dans la mer, & que l’on prendrait de loin pour deux petites isles : le terrein de Tercere est assez agréable & fertile ; il fournit de bons pâturages, & les bœufs y sont excellens. On y trouve aussi beaucoup de bois de charpente, & c’est en quoi consiste le plus grand négoce de l’isle, qui du reste est fort avantageuse au commerce, parce qu’elle sert de lieu de relâche aux vaisseaux, à qui elle fournit tous les rafraichissemens qu’ils peuvent desirer.

ACTE, s. m. Le Dictionnaire de Jurisprudence a envisagé ce mot sous tous les rapports qu’il peut avoir dans l’ordre judiciaire. Nous entendons ici par actes les déclarations, conventions ou stipulations faites par les puissances, en présence & par le ministère d’officiers publics, ou sans leur ministère & hors de leur présence.

En Angleterre, l’expédition des actes se fait de deux manières : l’expédition est dentelée, ou elle ne l’est pas.

L’expédition dentelée est celle dont le bord d’en haut, ou de l’un des côtés, est découpé par crans, & scellée du cachet de chacune des parties contractantes ; ainsi, en la rapprochant du morceau de papier ou de parchemin dont elle a été séparée, il est aisé de voir si elle est authentique, ou si elle a été contrefaite.

Actes publics, s. m. On donne le nom d’actes publics à tous les écrits qui concernent l’état, & que l’on garde dans les archives. Tels sont les capitulations, les traités, les décrets, recès, diplômes, chartres, &c. rien n’est plus important que la conservation de ces actes.

Quoique le mot acte, dans le sens diplomatique, soit un terme général que l’on confond souvent avec le terme de chartres ou chartes & diplômes, les chartes & diplômes semblent néanmoins désigner spécialement les anciens titres & les actes nouveaux : on donne quelquefois le nom d’instrumens aux uns & aux autres.