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passage d’Hérodote, où il est dit que les Ioniens Asiatiques, tant ceux des îles que ceux du continent, étoient une nation pélasgique, qui fut connue ensuite sous le nom d’Ioniens.

M. Gibert, sur ce passage d’Hérodoie, dit que les Ioniens-Athéniens, qui étoient Pélasges d’origine, ne sortirent jamais de leur pays : mais que les Doriens-Lacédémoniens, qui étoient Hellènes, ont été fort errans. Selon lui, les Athéniens, nation pélasgique, devinrent Ioniens en prenant Ion pour chef de leur république.

M. Fréret s’occupa à prouver que les habitans de la Lydie, de la Carie, de la Mysie ; que les Phrygiens, les Pisidiens & les Arméniens même, étoient originairement une même nation avec les Pélasges ou Grecs Européens : il en donne la preuve par le rapport des langues de tous ces peuples, malgré leurs différentes dialectes. M. de Gébelin croit trouver dans Moyse, le vrai système de l’origine primitive des Grecs. Il fait voir que Moyse, traçant la généalogie des enfans de Noé, dit que Japhet ou Japet, un des fils de Noé, eut sept fils ; que le quatrième s’appeloit Ion, & que celui-ci fut père d’Elisa, Tharsis ou Thrasis, Ketim & Dodanim. Cet Ion doit avoir été le père des Grecs, & il faut chercher chez les Grecs quatre nations formées par ses quatre fils.

M. de Gébelin dit que la Pélasgie embrassant tout le terrein qui est entre le Danube & la mer du Péloponnèse, que c’est-là qu’il faut trouver le partage des quatre fils d’Ion. La Thrace montre que c’est où s’établit Tharsis ou Thrasis ; Ketim est le pays des Gètes, au nord de la Macédoine & la Macédoine elle-même ; Dodanim est la contrée entre la Macédoine & le Péloponnèse, habitée par les Doriens, selon les Grecs eux-mêmes ; Elisa désignera les habitans du Péloponnèse. M. de Gébelin dit qu’un accord aussi parfait entre les quatre grandes divisions de la Pélasgie & les quatre fils d’Ion, en démontre la vérité, & que Moyse avoit d’excellens mémoires sur ce pays & sur sa population.

M. de Gébelin dit que l’histoire de Deucalion est la base de la chronologie & de l’histoire grecque. Ce Deucalion est remarquable par son déluge, son arche, & par sa qualité de père des Grecs ou Hellènes. Toutes les circonstances que l’on rapporte de Noé & de Deucalion, portent à croire que c’est le même personnage, puisque ce que l’on dit d’eux, est arrivé à la même époque.

M. de Gébelin dit aussi que la fable des Argonautes & leur voyage en Colchide, est une copie de la navigation de Noé. Par la Colchide, on entendoit l’arche dans laquelle se sauva Noé & sa famille. Ce mot, en grec, devint le vaisseau Argos. M. de Gébelin trouve encore Noé dans la mythologie grecque sous le nom de Phryxus ou l’homme sauvé, & lié avec le nom de la Colchide. Phryxus ou Noé est obligé de se sauver dans la Colchide, épithète de l’arche.


Dans la généalogie de Deucalion par les Grecs, ils ont cherché à donner une idée de ses descendans, chefs de leur nation, & jusqu’à la quatrième génération ; ils en ont conduit la généalogie comme Moyse, au moins jusqu’à la quatrième génération. Dans Moyse, Noé est père de Japhet, & celui d’Ion qui a quatre fils. Chez les Grecs, Deucalion est le père d’Hellen, & celui-ci a trois fils. M. de Gébelin dit que les Grecs ont distingué mal-à-propos Hellen, dont le nom signifie père des Grecs, d’Ion, père des Ioniens, & que c’est un seul & même personnage.

Puisque Deucalion fut père des Hellènes, & que de lui descendirent toutes les nations pélasgiques ; puisqu’Hellen est le même qu’Ion, on ne pourra, selon M. de Gébelin, dire que les Hellènes & les Pélasges fussent des nations différentes, & que celles-ci furent exterminées par celles-là. Il ajoute que ces noms désignèrent le même peuple, ou partie du même peuple, mais sous des aspects différens.

M. de Gébelin dit que les Pélasges furent les seuls possesseurs de toute la contrée qui s’étendoit des rives du Danube jusqu’à la mer du Péloponnèse, qu’ils peuplèrent la Thrace, la Gétie, la Macédoine, l’Illyrie, l’Epire, la Thessalie, la Phocide, l’Attique, le Péloponnèse ; qu’ils envoyèrent des colonies au loin, dans l’île de Crète, dans l’Etrurie, dans l’Italie méridionale. Que d’autres traversèrent le Danube, & portèrent au-delà les noms des Daces & des Gètes.

La Grèce étoit en cet état, selon M. de Gébelin, lorsque quelques colonies étrangères arrivèrent successivement sur ses côtes : Cécrops à Athènes, Danaüs à Argos, Cadmus en Béotie : on les a crus Egyptiens ; mais ils venoient d’une contrée voisine de l’Egypte, de la Phénicie ; Il ajoute que jamais les Egyptiens n’envoyèrent de colonie hors de chez eux.

Les Israélites vénoient d’arriver dans le pays des Cananéens ; ils en chassoîent les habitans de toutes parts : la plus grande partie dut se réfugier chez les Phéniciens, qui, maîtres de la mer, se débarrassèrent de cette population surabondante, par le moyen de leurs vaisseaux.

Les conquêtes de ces étrangers, sur-tout les colonies qui deseendoient continuellement du nord pour se rapprocher du midi, durent effrayer les habitans de la portion de la Grèce qui étoit entre la Macédoine & le Péloponnèse, aussi ils s’unirent par une étroite confédération, & ceux qui entrèrent dans cette alliance se distinguèrent du reste des Pélasges par le nom d’Hellènes, qui se communiqua aux habitans du Péloponnèse, lorsque les Doriens-Héraclides en eurent fait la conquête. M. de Gébelin ajoute que, dès ce moment, le nom d’Hellènes devint celui des Grecs, & qu’il ne fut plus question de celui de Pélasges, qui parurent avoir été exterminés par les Hellènes. Quant au nom d’Hellènes, M. de Gébelin dit