Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 1, T3.djvu/11

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proportion plus que ceux des autres animaux ; ce qui vient de ce qu’ils plient & courbent les unes sur les autres les portions dont ils sont composés : ajoutons que les pieds des insectes sont grêles, qu’ils paroissent d’une grosseur égale dans toute leur longueur, & qu’ils sont articulés latéralement avec le corps, au lieu d’être dirigés en avant comme dans les autres animaux ; enfin au lieu d’une base, large & applatie par la surface qui touche le sol, ils sont terminés par un ou deux crochets déliés, aigus, arqués ; toutes ces différences sont notables, faciles à saisir à la vue & propres à faire distinguer les insectes ; mais malgré leur nombre, malgré le caractère singulier qu’elles impriment aux animaux en qui on les remarque, en ne s’en tenant pas à l’apparence, en examinant de près les pieds des insectes on trouve qu’ils ne diffèrent au fond de ceux des autres animaux que par leur nombre, la position, la longueur des pièces dont ils font composés, & la manière dont les pièces sont relevées & couchées le long les unes des autres ; que le nombre de ces pièces, leur disposition respective, leurs différences entr’elles, leur articulation les unes avec les autres, leur usage sont les mêmes que dans les autres animaux ; en effet les extrémités ou les pieds des animaux sont composés de trois portions, la cuisse qui est la plus grosse, & qui s’articule avec le corps ; la jambe qui est la plus longue & qui est percée au milieu ; le pied, proprement dit, qui comprend le tarse & les doigts : le même nombre, la même disposition, les mêmes proportions entre les pièces ont lieu pour les pieds des insectes ; leur cuisse est plus grosse, plus courte, applatie, & déprimée sur les côtés comme dans les autres animaux ; leur jambe est la piece du pied la plus longue, elle est arrondie : leur pied, proprement dit, est divisé & les pièces longues, grêles dont il est formé répondent par leur division, leur longueur, leur forme aux doigts de la plupart des autres animaux ; mais ce qui est plus encore à remarquer, entre l’extrémité de la jambe des insectes & les crochets qui terminent leur pied, sont placées des pièces articulées, mobiles les unes sur les autres, flexibles d’arrière en avant & sur les côtés ; elles répondent au tarse ; & ce rapport a paru si exact à un des naturalistes qui a le mieux observé les insectes, à M. Geoffroy, qu’il a donné à la réunion de ces pièces le nom de tarse ; expression qu’on n’avoit pas avant lui appliquée aux insectes ; qu’il a compté le nombre des pièces & en a fait un des caractères principaux. Ainsi les pieds des insectes, qui au premier aspect paroissent si différents de ceux des autres animaux, qui, à cet égard sont si propres à les faire reconnoître, ont au fond la même conformation, & ce qu’on n’avoit pas lieu de soupçonner, ils se rapprochent plus par la conformation du tarse des extrémités de l’homme, de sa main & de son pied, que les extrémités de tous les autres animaux ; ce rapprochement & ce rapport bien importans nous expliquent, comme nous le développerons plus au long ailleurs, pourquoi les insectes ont plus d’adresse, exécutent plus de travaux & des travaux plus difficiles que les autres animaux.

Il y a peu de parties extérieures annexées au ventre, & par conséquent nous avons peu de remarques à faire à cet égard ; il suffira d’observer que dans certains insectes il est terminé ou par un filet plus ou moins long, comme dans les ichneumons, ou par un prolongement applati, droit ou courbe, en forme d’épée ou de coutelas, comme dans les sauterelles. Les femelles seules ont un pareil prolongement ; c’est un instrument tranchant & perforatif qui leur sert à ouvrir les substances propres, à recevoir leurs œufs & à les y déposer : ce prolongement contribue comme les autres traits à faire distinguer les insectes, dans lesquels on le remarque. Il est donc aisé de les reconnoître, comme nous venons de le voir par un examen détaillé, par la forme & l’ensemble de leur corps entier ; par la configuration des parties ou membres qui y sont annexées ; & comme il ne faut qu’un coup-d’œil pour saisir tous ces traits distinctifs, la simple inspection suffit pour qu’on distingue & qu’on reconnoisse les insectes en