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à l’entretien de la vie & qui en sont les premiers moteurs ; le cœur & les poumons ne sont pas isolés dans les insectes comme dans les autres animaux, & concentrés dans la seule cavité de la poitrine ; ces mêmes organes, ou ceux qui les représentent, qui ont la même structure, les mêmes usages, s’étendent dans les insectes d’une extrémité du corps à l’autre, & pénétrent dans toutes les parties : cependant c’est dans la cavité du corcelet que les trachées, qui sont les poumons des insectes, sont plus nombreuses, plus amples, d’une texture plus forte ; c’est sur ses côtés que sont placées les plus grandes stigmates, qui sont les bouches par lesquelles les insectes respirent ; c’est dans la cavité du corcelet que le long artère qui fait les fonctions de cœur a plus d’ampleur, de consistance, des battemens plus forts. Il résulte de l’organisation qui vient d’être exposée, que les plaies de la poitrine sont d’un danger excessif pour le commun des animaux, qu’elles leur causent une mort instantanée quand elles sont considérables & plus ou moins prompte à proportion de leur intensité ; que pour les insectes, pour qui les plaies sont en général si peu dangereuses, celles du corcelet le sont plus que celles des autres parties ; que si elles sont considérables, elles ne les tuent pas, comme les autres animaux, à l’instant, mais en peu de temps, au lieu que les plaies faites aux autres parties intéressent très-peu leur vie & ne les en privent pas. C’est ce que savent très-bien ceux qui font des collections d’insectes, & qui, pour empêcher qu’ils ne se gâtent en cherchant à s’échapper, s’efforcent de leur donner une mort prompte en les blessant ; ils les percent au corcelet, ou ils le compriment, bien assurés qu’ils ne parviendroient pas également à leur but en attaquant toute autre partie.

Il y a donc rapport même dans les usages, entre la poitrine dans les grands animaux, & le corcelet dans les insectes, comme il y en a dans leur situation, leur forme & leur connexion avec les parties qui y font attachées.

La cavité du ventre est la plus ample dans les insectes comme dans les autres animaux ; il est la portion du corps la plus volumineuse ; il est plus souple & moins fortifié, ou il entre dans sa structure moins de parties solides, & celles qui en font partie ont moins de densité ; enfin, il contient les viscères qui servent à la digestion, les organes de la génération dans les femelles, une partie de ceux qui concourent à la même fonction dans les mâles ; il est situé au-dessous de la poitrine, & il termine le tronc en finissant par un prolongement qui forme la queue, ou un rétrécissement qui l’indique, qui en est un commencement ; au-dessous est une ouverture, simple dans les mâles, double dans les femelles, qui donne issue aux excréments & entrée à la partie du mâle.

Les insectes ressemblent aux autres animaux par plusieurs des traits qui viennent d’être détaillés : il y a donc de grands rapports, des rapports nombreux & essentiels entre le ventre ou abdomen dans les différens animaux & les insectes ; mais il y a des différences dans la forme, frappantes à la vue, qui en imposent, qui rendent les rapports nuls à l’aspect, & qui contribuent en grande partie à la singularité de la figure des insectes.

Nous savons déjà que le ventre est continu avec la poitrine dans les animaux ; que ces deux cavités ne sont pas distinctes à l’œil ; elles le sont d’une manière frappantes dans tous les insectes, & dans un grand nombre le ventre ne tient à la poitrine que par un filet très-long & très-délié. Le ventre est arrondi en général dans les différens animaux, & il l’est sur-tout en dessus, & en avant ou en dessous ; il est au contraire applati en dessus & en dessous dans la plupart des insectes, & circulaire seulement sur les côtés. Dans ceux en qui il n’a pas cette forme, qui est la plus ordinaire, il ne se rapproche pas, il s’éloigne au contraire davantage de celle du ventre des autres animaux ; ainsi dans certains insectes, comme les guêpes, il est pyriforme ; dans d’autres, comme les arrai-