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une membrane sèche, velue, adhérente. Dans les autres insectes la bouche est remplacée par une trompe courte, grosse, charnue, dans les uns ; longue, déliée, membraneuse dans les autres ; semblable dans quelques-uns au bec des oiseaux ; & enfin la bouche manque dans quelques insectes, non dans tous leurs états, mais dans le dernier, qui est celui de leur perfection, & à sa place on apperçoit seulement une légère dépression.

En vain chercheroit-on sur la tête des insectes quelque partie qui ait du rapport avec celles qui servent dans les autres animaux à la perception des sons. Il ne me reste donc qu’à parler de quelques parties qui se trouvent sur la tête de différents animaux & sur celle des insectes. Les plus remarquables sont les cornes & le bois de certains quadrupèdes ; quelques insectes portent sur le sommet de la tête une appendice ou épine, qui par sa forme, par sa consistance même, se rapproche des cornes des quadrupèdes, & en particulier de celle du rhinocéros ; d’autres ont à côté de la tête des parties ramifiées qui ressemblent au bois du cerf ; mais ordinairement les appendices qui ont cette ressemblance, tiennent par leur base au corcelet & non à la tête, à laquelle on a coutume cependant de les rapporter quand on n’examine les choses que superficiellement ; je ne parle point des protubérances, des aspérités, des excroissances de différente forme que l’on voit sur certains insectes, & dont on rapporte le plus souvent l’origine à la tête, quoique ces parties dépendent du corcelet ; elles n’ont point de rapport avec les parties qu’on voit sur la tête des autres animaux, & elles ne peuvent que contribuer à donner aux insectes une forme bizarre & singulière ; mais les appendices qui ressemblent, ou aux cornes ou au bois des quadrupèdes, loin de rappeller les idées de ces grands animaux, observés dans d’aussi petits que le sont les insectes, sont une des causes qui les font distinguer.

Nous venons d’observer ou des parties, ou des appendices qui se trouvent sur la tête des différens animaux & sur celle des insectes ; mais il existe sur la leur une partie qu’ils ont seuls, & qui ne manque à aucun, au moins dans leur dernier état ou celui de perfection. Ce sont les antennes ; c’est le nom qu’on donne à deux filets mobiles, plus ou moins longs, plus ou moins gros ou déliés, situés un de chaque côté de la tête, & en dessus.

Ces filets ont une forme différente dans divers insectes. Je n’entrerai pas ici dans tous les détails dont ce sujet est susceptible ; je me contenterai d’observer que les antennes ressemblent tantôt à un long fil simple, tantôt à un fil composé de nœuds dans toute sa longueur ; que les unes sont droites, les autres coudées ; qu’il y en a de chargées dans toute leur longueur sur les côtés, de dentelures ou longs poils, & que celles-là ressemblent à un peigne ou une plume ; que les unes se terminent en pointe, les autres par un renflement, qu’on nomme masse ; mais quelle que soit la forme des antennes, comme on ne voit sur la tête des autres animaux aucune partie qui y ressemble, elles ne contribuent pas peu à faire remarquer les insectes & à rendre leur forme particuliere.

Plusieurs insectes ont autour de la bouche des appendices conformées comme les antennes : on les nomme par cette raison antennules ; on voit autour de la bouche de certains poissons des appendices à-peu-près semblables, mais les autres animaux n’en ont pas ; au reste, les antennules sont trop peu apparentes, elles manquent à trop d’insectes pour qu’on puisse les compter au nombre des parties qu’on remarque & qui frappent au simple aspect.

Les différences sensibles à la vue, entre les yeux des insectes & ceux des autres animaux, la petitesse de leur bouche, sa forme dans un très-grand nombre, la différence des lèvres dans ceux qui en ont, les antennes sur-tout, ces parties que les insectes ont seuls & qui ne manquent à aucun ; les appendices semblables aux cornes ou au bois des quadrupèdes, sont donc autant de causes dépendantes des parties annexées à la tête,