Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/35

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qués, ou qui étoient suspects ; on les assainira en les exposant au soleil sous un bocal de verre.

Si l’on n’a remarqué dans la collection que de légères traces d’insectes destructeurs pendant l’automne & l’hiver, comme les larves consomment peu pendant ces deux saisons, on peut différer d’exposer les câdres au soleil jusqu’au printems suivant ; mais si, dans les saisons que nous venons d’indiquer, le nombre des individus rend leurs dégâts à craindre ; si en reconnoît les traces des Dermestes, qui sont plus grands, qui consomment par un tems plus frais, il ne faut pas attendre le printems, mais recourir à une chaleur artificielle, soit en plaçant les câdres dans un four, soit à plat sur la tablette d’un poële, soit verticalement devant le feu d’une cheminée : dans ces différens cas, pour ne pas porter trop loin la chaleur, ou ne pas la laisser trop au-dessous de ce qu’elle doit être, il faut placer au milieu des câdres un thermomètre, porter & entretenir la chaleur de quarante-cinq à cinquante degrés ; la conserver à ce point trois à quatre heures.

Voici quelques légers inconvéniens qui résultent de la méthode que je viens de décrire. 1o. La chaleur, de quelque façon qu’on l’excite, élève dans les câdres une vapeur qui se condense & se résout en gouttes d’eau par le frais où les câdres repassent ensuite. 2o. Les insectes qui ont reçu la mort roulent dans les câdres quand on les remue, ils tombent sur le fond ou le rebord inférieur, & ils salissent la collection. 3o. La vive action des rayons solaires ternit les couleurs, mais bien peu & d’une manière insensible, si on n’y a pas recours souvent. 4o. Les insectes qui ne sont que collés se détachent quelquefois. Il résulte de ces inconvenients, qu’après l’opération il faut ouvrir les câdres, les nettoyer & réparer les désordres légers qui peuvent avoir lieu. Mais que sont ces inconvéniens en comparaison de l’avantage de purger la collection en une seule fois, & d’en assurer la conservation pour toujours, si on a, après les réparations nécessaires, fermé les câdres promptement & exactement. Quant à l’action du soleil, comme il suffit d’y exposer une fois la collection, il n’y a rien à en redouter, ou trop peu pour ne pas profiter des avantages qu’elle procure.

Si l’on s’est servi de la cire pour couvrir le fond des câdres ou des boîtes, on ne peut recourir à la chaleur ; alors il faut, si les insectes sont piqués, les transporter sur un autre fond qui permette d’en faire usage, ou s’ils sont collés, il faut ouvrir les câdres, les placer sur le fond d’une boîte proportionnée à leur volume & à leur grandeur, allumer dans cette boîte de la fleur de soufre en assez grande quantité, pour que la vapeur qui s’élevera remplisse toute la boîte qu’on aura eû soin de fermer ; ouvrir trois heures après la boîte au grand air, & retirer les câdres. Cette opération aura fait périr tous les insectes parvenus à leur dernier état & toutes les larves, mais sans avoir eu d’action sur les œufs & les chrysalides. Il faudra donc avoir soin de n’employer le soufre contre les espèces qui ont un tems fixe pour leur génération que dans celui où les œufs sont éclos, où il n’y a pas encore de chrysalides, & où toute l’espèce réside en des larves que la vapeur du soufre fait périr. Ces espèces sont les Teignes, les Anthrennes, les Bruches, & le tems d’en exterminer la race les mois de novembre & de décembre. Mais par rapport aux Dermestes, comme ils ont plusieurs générations en un an, & peut-être les Pinces, les Mittes, par la même raison, on ne peut les détruire en une fois. Il faut recommencer l’opération quand de nouveaux insectes sont sortis de l’état où on ne les a pas tués ; si on les observe & on les poursuit de près, deux ou trois fumigations suffisent pour extirper la race.

J’ai dit, en commençant cet article, que les insectes exposés à l’humidité, étoient gâtés par cette production qu’on nomme moisissure, qui croît sur leurs différentes par-