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AVERTISSEMENT.


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Le jeu, dans sa véritable acception, indique un délassement de l'esprit ou un exercice du corps, & non un travail fatigant, & une tension des facultés intellectuelles, encore moins un trafic & une lutte d'intérêt, d'avarice & de cupidité. On conçoit bien comment des amis s'assemblent pour s'exciter à la gaîté ; mais comment des hommes & des femmes, unis par les liens les plus sacrés de l'amitié, se font-ils une habitude coupable de se livrer à la passion d'un commerce ruineux, où le plus heureux & souvent le plus adroit cherche à ravir la fortune de son ami, de son parent, & à réduire au désespoir une famille qui devient la victime innocente d'un joueur impitoyable.

Nous nous félicitons dans cette seconde Partie, qui comprend les Jeux Familiers ou les petits jeux & Exercices de société de n'avoir point à tracer les règles insidieuses d'une industrie perfide, ni à calculer les chances d'un hasard dangereux. Nous devons seulement indiquer à la jeunesse brillante & à la pure amitié les moyens de se délasser à la campagne & à la ville sans réveiller les passions ni servir le vice ; mais, au contraire, en faisant quelquefois adopter l'instruction à la faveur du divertissement.

Notre travail se réduit donc à passer en revue ce qu'on appelle les Jeux familiers, où l'on rit & l'on se divertit franchement, sans retour de peine & de chagrin. Ils sont la condamnation de ce que le monde nomme les grands & nobles jeux dans lesquels on perd si tristement son tems, & le plus souvent sa fortune, & dont le dernier résultat est le repentir & la misere.

Ces petits jeux de societé, tous futiles qu'ils paroissent ou qu'on veuille les qualifier, ont fait les délices de nos pères & des sociétés recommandables par leur rang & leur· dignité. Quand on veut jouer & prendre du