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PRÉLIMINAIRE

la raison ont exercé leur despotisme dans tous les siècles. Il n’est pas besoin de descendre aux tems modernes pour en trouver d’insignes exemples : on sait que le philosophe Anaxagore fut accusé d’impiété, & condamné au bannissement, pour avoir dit que le soleil étoit une masse de matière enflammée : quelques auteurs ajoutent qu’il n’échappa au supplice que par le crédit de Periclès, son disciple & son ami.

Dès les premiers tems de l’Astronomie, on avoit cherché à distinguer les parties du ciel, en distribuant les étoiles par grouppes ou constellations. La connoissance de la petite ourse, où se trouve l’étoile polaire, est de toute ancienneté. C’étoit par elle que les Phéniciens dirigeoient leurs courses. Les Grecs étendirent & perfectionnèrent la division du ciel étoilé, tantôt en augmentant le nombre des constellations, tantôt en leur donnant des noms qui servoient à les reconnoître facilement. Ces noms étoient tirés de la mythologie, ou de la ressemblance, réelle ou supposée, des constellations avec certains animaux. Une imagination brillante & ingénieuse égayoit l’austérité & la sécheresse du sujet. Par exemple, les Pléyades que l’on nomme ainsi, à cause de leur multitude, étoient les filles d’Atlas & de la nymphe Pléyone : elles sont accompagnées de la constellation d’Orion, brillante par sa grandeur & sa lumière : de-là, on feignit qu’Orion étoit un géant qui poursuivoit les Pléyades, & qui vouloit attenter à leur honneur. Tout le Ciel des Grecs étoit plein d’allusions à des événemens fabuleux ou historiques.

On a beaucoup disputé entre les Savans, sur l’origine & la division du zodiaque. L’opinion la plus accréditée, est que les Grecs ont établi l’ordre & la nomenclature des constellations dont il est composé, vers le tems de Thalès.

Les cinq planètes, Saturne, Jupiter, Mars, Vénus & Mercure, ont été connues distinctivement, à-peu-près vers le même tems ; mais on n’a commencé à les observer avec une certaine précision, qu’environ 300 ans avant Jesus-Christ. Les anciens avoient aussi remarqué plusieurs comètes ; mais comme elles ne faisoient que de courtes apparitions, & que souvent elles étoient accompagnées de ces longues queues, ou traînées de lumière, qui épouvantaient les yeux & l’imagination, on ne les regardoit pas comme des astres, mais comme de simples météores, signes de la colère céleste, ou précurseurs de quelque grand événement. L’Astronomie des comètes est une science toute moderne. Séneque a eu cependant le mérite de sentir qu’elles pouvoient être des corps solides, semblables aux planètes, & qu’un jour on parviendroit à connoître leurs mouvemens.